La RTNB étant un instrument de souveraineté, le ministre en charge de la communication appelle à la nationalisation de ses programmes et souhaite que les émissions de cette institution soient de nature à honorer le pays, pouvait-on lire, dès mardi 16 juillet, sur le compte twitter de la radiotélévision nationale du Burundi. Propos tenus lors d’une réunion entre le ministre Frédéric Nahimana, le conseil de direction et les chefs de services de la RTNB.
« Nationalisation de ses programmes » ? Au-delà d’une formulation impropre, cette allusion confirme d’abord un état de fait. La RTNB couvre à l’envie l’action de l’exécutif à tous les échelons. Notamment celles du Primus inter pares et ses deux vice-présidents. Les deux têtes du législatif et l’ombudsman ne sont pas en reste.
Ensuite, elle annonce une intensification pouvant prendre plusieurs formes. Produire des programmes autour de la valorisation de la « burundité » pour « armer intellectuellement » la population face aux « séquelles du colonialisme » et son avatar moderne : le néoconialisme. En élaborer d’autres sur l’instruction civique en surfant sur la vague de la fierté nationale d’un événement inédit : l’autofinancement des prochaines élections. Mantra de la souveraineté oblige.
Le préalable du climat de confiance hypothéqué
« Les émissions de cette institution soient de nature à honorer le pays» ? C’est une litote pour signifier que la RTNB sera davantage la voix de son maître en cette période préélectorale. Refléter la position du gouvernement sous la houlette du parti au pouvoir, conter ses hauts faits et son bilan.
Avec un tel cahier de charges, la prise de fonction d’Eric Nshimirimana, ex-chef des Imbonerakure, à la tête de la RTNB prend tout son sens. La sagesse populaire confirme : on n’est jamais mieux servi que par soi-même.
Dans de telles conditions, un monitoring des élections sous la supervision de la communauté internationale, aux premiers rangs desquels l’UA, la CAE, n’est guère envisageable. De telles missions d’observation ne peuvent souffrir de servir de caution. La satisfaction aux standards internationaux pour des élections crédibles et transparentes est une condition sine qua non. En l’occurrence, la parité quant au libre accès aux médias d’Etat pour les partis politiques en lice pour les prochaines joutes électorales. Pour l’heure, un constat : le rapport à la contradiction et à la saine confrontation d’idées demeure problématique.