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Une opposition taillée sur mesure pour le pouvoir ?

05/05/2013 Commentaires fermés sur Une opposition taillée sur mesure pour le pouvoir ?

Les députés ont voté à une très grande majorité le nouveau statut de l’opposition, dans l’hémicycle de Kigobe, le 10 octobre dernier. Pour l’opposition extraparlementaire, le pouvoir veut l’effacer, mais n’y parviendra pas.

<doc5572|right>Prévue pour commencer à 9h, la session parlementaire pour analyser et adopter le nouveau statut de l’opposition a commencé vers midi. Pourtant, ces honorables sont arrivés à l’heure, mais se sont d’abord consultés par groupes parlementaires avant de commencer les travaux. Dans l’hémicycle, quelques députés et une pléthore de journalistes. Entre ces derniers, on discute à bâtons rompus sur l’issue du vote et ses conséquences, et certaines sympathies étant facilement décelables. Mais tous sont d’accord que les parlementaires devraient se concerter plusieurs jours avant de telles sessions, pour gagner du temps.

Après l’arrivée du président de l’Assemblée Nationale, vers 11h50, et après avoir vérifié que le quorum était atteint, le ministre de l’Intérieur, en lisant l’exposé des motifs, a souligné l’importance d’une telle loi pour une réelle démocratie, dans un environnement politique calme. Le président de la commission qui a étudié le projet de loi, le député Aimé Nkurunziza du Cndd-Fdd, a ensuite présenté le rapport de la commission et ses propositions d’amendements, avant que ne suivent la série de questions des parlementaires.

Au ministre Edouard Nduwimana, les questions ont surtout porté sur l’ingérence de l’exécutif dans la gestion des partis politiques et l’exil de certains leaders politiques. M. Nduwimana a répondu que le gouvernement n’intervient dans les affaires des partis politiques que dans les limites de la loi et, quant aux leaders politiques qui sont à l’étranger, toujours égal à lui-même, il a indiqué que leur nombre est si insignifiant pour constituer un frein à la bonne marche de la démocratie. Il a, une fois de plus, conseillé aux politiciens de ne pas confondre les formations politiques et les individus.

<doc5571|left>Un climat politique sain …

Comme exemple du climat serein existant entre politiciens, M. Nduwimana a donné l’exemple des « adversaires politiques » qui vont partager un verre après s’être acharnes dessus mutuellement dans les débats médiatiques du weekend.

Vers 13h, les députés ont étudié les amendements pour adoption. Sur 35 articles du projet-loi, 30 ont été amendés et 10 amendements ont été rejetés. Après des débats animés, il a ainsi été décidé qu’il y aura un chef de l’opposition politique, englobant l’opposition parlementaire et extraparlementaire. Ce sera le président du parti d’opposition ayant obtenu le plus grand nombre de parlementaires. Sinon, et à titre exceptionnel pour le seul mandat 2010-2015, le chef de l’opposition est choisi par consensus parmi les présidents des partis non représentés au parlement. A défaut de consensus, le chef du parti ayant reçu le plus de suffrages aux élections communales porte ce titre. Sur 94 députés présents et 10 procuration, le statut de l’opposition a été voté à 102 voix pour, et 2 contre.

En l’occurrence, on peut en conclure qu’Emmanuel Miburo, président du FNL reconnu par le gouvernement, occupera ce poste. Le FNL ayant eu le plus de suffrages aux communales, après le Cndd-Fdd. Un Emmanuel Miburo qui déclare dorés et déjà se préparer pour ce poste.

« C’est un non événement »

Léonce Ngendakumana, président de l’ADC-Ikibiri, est sans équivoque : « Le ministre de l’Intérieur et l’Assemblée Nationale ne peuvent pas décider à notre place et nous imposer un chef. » D’après lui, Emmanuel Miburo pressenti par le pouvoir Cndd-Fdd pour être le président de l’opposition est lui-même conscient que cela n’est pas possible. Léonce Ngendakumana estime qu’il n’y a rien d’étonnant : « Le pouvoir vient de légitimer son opposition politique comme cela a été le cas pour la société civile et les médias. » Il estime, cependant, qu’il est temps que le pouvoir se ressaisisse pour agir en intellectuel. « Qui ne sait pas que Jacques Bigirimana et Emmanuel Miburo, soi-disant secrétaire général et président du FNL, roulent pour le pouvoir Cndd-Fdd, même si parfois ils montent au créneau pour se réclamer de l’opposition ? », demande Chauvineau Mugwengezo, porte-parole de la coalition Ikibiri. D’ailleurs, il constate qu’ils ont été nommés par décret présidentiel pour servir le pouvoir. Et de renchérir : « Si on va plus loin, ils sont aussi membres à part entière du gouvernement. »
Bref, pour l’ADC, ce projet de loi ne l’engage pas pour avoir été conçu dans l’absurdité totale, ne fût-ce que pour durer deux ans. Et à cette coalition de déclarer que sa lutte politique se poursuit : « On reste collé à la Constitution et à l’esprit de l’Accord d’Arusha.

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