Après le fiasco des pourparlers d’Arusha, plus d’un se demandent que pourrait être la suite. L’incertitude politique fait grandir les inquiétudes. Une opinion ne semble plus croire aux solutions qui viendraient des chefs d’Etat de la Région, encore moins de la Communauté internationale. Elle semble fatiguée, déboussolée.
En effet, depuis trois ans, le dialogue inter burundais n’a marqué aucune évolution, du moins à l’extérieur. Dans son discours de clôture du 5ième round, le facilitateur, Benjamin W. Mkapa a signifié au public présent que sa mission était terminée, qu’il allait remettre les conclusions à ceux qui l’avaient mandaté à savoir les Chefs d’Etat de l’Afrique de l’Est (EAC). L’euphémisme « terminer la mission » cache ce véritable échec et les raisons sont à peine voilées.
Entre autres le manque de convergence des Chefs d’Etat de l’EAC. Des faits et gestes montrent à suffisance que la Tanzanie sympathise avec Bujumbura. Kigali est en désaccord avec la politique autrement qualifiée de Bujumbura.
L’Ouganda entretient une relation ambivalente avec le pouvoir de Bujumbura. L’ancien Ambassadeur du Kenya au Burundi, représentant du président Kenyan dans la facilitation inter burundaise est on ne peut plus pro Bujumbura.
Par ailleurs, la question du mandat n’est pas une particularité pour Bujumbura dans cette sous-région dont la plupart des dirigeants sont presque tous issus des rébellions. Il y en a qui sont au nième mandat !
Le sommet des Chefs d’Etat du 06 juillet 2015 à Dar-es-Salaam interdisait quiconque gagnerait les élections de ne pas changer la Constitution. Déjà, à ce moment -là, on était « en plein dialogue. » C’est ce même dialogue qui se poursuit en attendant les élections de 2020.
Pour cette opinion, dans les tout prochains jours, il ne faut rien attendre des chefs d’Etat de l’EAC. « Ils vont convaincre le maillon faible d’accepter les élections de 2020 comme ils ont encouragé celles de 2015. Ce même ton va se faire entendre du côté de l’Union Africaine et du côté de Monsieur Kafando. » Aide-toi, le ciel t’aidera, dit-on !
Devant une telle situation, des scénarios, malheureusement pessimistes, se dessinent suivant une certaine chronologie. Ainsi, pour cette opinion Bujumbura va continuer sa marche vers les élections de 2020. Il va débaucher un ou deux partis de l’opposition pour l’accompagner. Toute voix discordante sera réprimée. Retour en force des exécutions extrajudiciaires. Des prisonniers politiques ou d’opinion et des réfugiés vont s’accroître. Possibilité d’une résistance armée. Une guerre civile.
Toujours convaincu que seul le dialogue est vraiment un processus démocratique éminemment politique, j’ose espérer que l’on n’en arrivera pas là !