Jusqu’en mai 2015, le Burundi était caractérisé par un grand pluralisme médiatique. A côté de la presse officielle, plusieurs radios privées et quelques journaux étaient actifs. « Pour s’informer, les Burundais avaient plusieurs choix », regrettent aujourd’hui de nombreux citoyens interrogés.
Le 14 mai, dans la foulée de la tentative de coup d’État, cinq stations de radio libres indépendantes, Bonesha, Isanganiro, Radio Publique Africaine (RPA), Rema FM et Radio-Télévision Renaissance ont été détruites lors d’attaques menées, selon les autorités, « par des personnes armées non identifiées. » Depuis, elles sont muettes.
D’après une enquête menée par le journal Iwacu, le rétrécissement de l’offre de l’information est flagrant. Les cinq radios diffusaient des journaux parlés trois fois par jour et dans les trois langues : le matin, à la mi-journée et la soirée ; soit une chute de 73 ,3% de l’offre générale d’information.
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Plus aucun journal parlé en Swahili
Une grande partie de la population burundaise est, depuis près de deux ans, privée d’accès à une information indépendante, équilibrée et diversifiée. Notre enquête montre ainsi qu’il n’y a pas de journaux parlés en swahili, alors qu’il y avait huit éditions par jour dans cette langue (22,8%).
Les consommateurs de l’offre d’information ne cachent pas leur peine. N.S., avocat estime qu’il est mal informé. « Je suis exposé aux rumeurs ». Abel, lui, estime qu’il n’a pas « où exprimer ses opinions ». Guillaume, rencontré devant une banque, dit qu’il a cessé d’écouter les journaux.
« Je suis les informations via les réseaux sociaux. Mais les confrontations des opinions dans les radios me manquent », raconte N.N.
E.M de Gisagara, province Cankuzo, ne fait plus confiance aux radios locales : « J’écoute la BBC pour compléter les informations », dit-elle.
Les médias détruits essaient de continuer leur travail en utilisant l’internet notamment. Les Burundais interrogés saluent l’initiative, mais rappellent que le taux d’accès à internet reste très faible. Moins de 6% de la population a accès au réseau.
Le 19 février 2016, la radio Isanganiro et la radio-télévision Rema FM ont signé un « acte d’engagement » avec le Conseil National de Communication, préalable à une reprise de leurs activités. Ce texte, très contraignant, a été très critiqué par les associations de défense de la liberté d’expression. Selon l’Union Burundaise des Journalistes, plus de 100 journalistes vivent en exil depuis mai 2015.
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