Les déplacés de Gatumba, victimes des inondations récurrentes liées au phénomène d’El Niño, ont entamé une nouvelle vie au site de Gateri de la commune Buganda à Cibitoke. Des visages rayonnant, des cris de joie,… c’était l’enthousiasme lors de leur départ, ce mardi 3 décembre, du site de Matyazo dans Bujumbura rural.
C’était l’allégresse, des acclamations, le bonheur illuminant leurs visages quand ces déplacés de Gatumba installés depuis le mois de mai sur le site de Matyazo à Mubimbi suite aux inondations, ont vu des camions du HCR et des bus de l’Otraco venus les prendre pour une nouvelle destination : le site de Gateri.
« Après sept mois passés dans cet endroit horrible, ou le froid, l’isolement, la sorcellerie et la mort nous guettaient quotidiennement, grâce à Dieu, nous allons quitter ce site définitivement », s’est réjouie une femme, mère de trois enfants emballant ses affaires, prête pour le départ.
Matériel de couchage, ustensiles de cuisine, habits et meubles faisaient partie de leurs bagages. Cent ménages, soit 829 personnes figuraient sur la liste des départs.
Bien que les camions et les bus aient quitté Matyazo vers 17h 30, l’embarquement des personnes à bord de ces véhicules avait commencé vers 13h 30, sous la supervision Général de police Anicet Nibaruta, Directeur général de la Protection civile et président de la Plateforme nationale de prévention des risques et gestion des catastrophes ainsi que des partenaires nationaux et un représentant du ministère de la Solidarité nationale.
Dans son message, le Général de Police Anicet Nibaruta a expliqué que la relocalisation des déplacés de Gatumba est une mesure décidée par le conseil des ministres en avril dernier à la suite des inondations cycliques affectant Gatumba depuis 2015.
« Nous avons identifié 1762 ménages pour le premier lot à déplacer. Certains étaient réticents au départ, mais quand ils ont vu les assistances prévues, beaucoup se sont fait enregistrer. Nous avons également un deuxième lot de 462 ménages à relocaliser », a-t-il fait savoir.
Concernant le nouveau site, le Général de Police Anicet Nibaruta a souligné la nécessité des terres supplémentaires : « Le site de Gateri a une capacité d’accueil de 618 ménages, mais nous avons 102 ménages à relocaliser depuis Mubimbi. La direction générale de l’aménagement du territoire travaille à identifier d’autres terres domaniales pour permettre l’installation de tous les ménages ».
Des perspectives d’avenir pour une gestion durable des catastrophes
Le directeur de la Protection civile a également mentionné l’importance de mesures durables pour la gestion des risques de catastrophes. « Nous travaillons avec le ministère de l’Education nationale pour intégrer la réduction des risques de catastrophes dans les programmes scolaires, et avec des partenaires comme l’UE, le PNUD et la Banque mondiale pour mettre en œuvre l’outil PDNA (Post Disaster Needs Assessments), qui permet d’évaluer les pertes et les dégâts post-catastrophe, en outre, la ratification de la Convention de Kampala dédiée à la protection et à la recherche des solutions durables pour les déplacés internes, est essentielle », a-t-il tenu à préciser.
Selon Anicet Nibaruta, au vu de la situation, il y a nécessité de poursuivre ces efforts : « L’activité continue et nous appelons la Direction générale de l’aménagement à accélérer l’identification de nouveaux sites pour que nous puissions relocaliser les ménages affectés ».
Les premières phases de relocalisation des déplacés de Gatumba ont lieu les 27 et 29 novembre, où 203 personnes appartenant à 111 ménages étaient déjà installées dans le nouveau site de Gateri.
Les premiers témoignages de nouveaux arrivants
« Il y a énormément de différence entre Matyazo et notre nouveau site », s’exclame Jean-Marie Mpawenimana, l’un des premiers relocalisés. A Matyazo, relate-t-il, nous étions constamment sous diverses menaces : la foudre, le froid glacial, la faim, la mort. « Certains d’entre nous y ont perdu des êtres chers ».
Mais ici à Gateri, poursuit-il, nous sommes enfin en sécurité. « L’environnement est agréable, la rivière Rusizi est à proximité, idéale pour la pêche, l’eau potable et les écoles sont facilement accessibles et c’est un véritable renouveau pour nous ».
Malgré le répit offert par le site de Gateri, les déplacés de Gatumba continuent à faire face à quelques défis. « Bien que ce nouveau site soit un endroit agréable pour vivre, nous ressentons un besoin urgent d’avoir un hôpital à proximité et d’accéder à des terres cultivables, nous avons de nombreuses femmes enceintes et de jeunes enfants dans notre communauté, et nous souhaitons pouvoir accéder à des soins de santé rapidement en cas de besoin », a plaidé Abdoul, un nouveau locataire de ce site.
Signalons que les opérations de relocalisation de ces déplacés de Gatumba, victimes d’inondations récurrentes, vont se poursuivre dans les semaines à venir.
Triste ! Etre réfugié dans son Pays, déménager pour habiter sous une bâche et s’en réjouir. Où vas-t-on? Où va le Burundi? Entre temps, les gros ventres font collecter toutes les taxes et tous les impôts possibles, toutes cotisations et contributions possibles, volontaires et forcées, pour rouler dans des limousines…