Depuis le 10 octobre 2017, le site d’Iwacu était inaccessible à partir du Burundi. Le forum d’Iwacu sur notre site, a été fermé suite à une décision du Conseil national de la communication (CNC) le 11 avril 2018. C’était un espace démocratique, très apprécié, car ouvert à toutes les opinions. Des critiques y étaient émises sur la marche du pays, l’action du gouvernement, l’opposition, la société civile, les médias… Bref, les citoyens avaient « un droit de regard » sur notre travail et celui des autorités.
Ce jeudi 11 février, j’ai été invité pour une rencontre avec les responsables du CNC. Au cours de cette réunion, l’organe de régulation des médias a indiqué qu’il allait voir les « services techniques compétents » pour que le site d’Iwacu « soit de nouveau accessible au Burundi». Agréable surprise. Mieux, à cette occasion, j’ai été informé qu’Iwacu est de nouveau « autorisé à ouvrir son forum sur son site ».
C’est une avancée dans la bonne direction et nous saluons la mesure. Toutefois, il sied de rappeler que l’accès à l’information n’est pas un privilège. C’est un droit, qui est par ailleurs garanti par la constitution. Iwacu n’avait jamais dévié par rapport à l’éthique et à la déontologie du métier. Le journal Iwacu a d’ailleurs payé un prix fort à la liberté d’information. Un collègue est toujours porté « disparu » depuis le 22 juillet 2016, des journalistes ont été emprisonnés…
Certes, il ne sert à rien de ressasser le passé ou polémiquer. Il nous faut avancer. Mais au-delà de la levée des restrictions imposées à Iwacu, j’invite les autorités à aller encore plus loin et (re)créer un environnement favorable au travail de tous les médias. Mais surtout, les autorités devraient intégrer qu’Iwacu n’est pas là pour encenser ou dénigrer. Certes, il est de notre devoir de saluer l’action gouvernementale, quand c’est mérité. Mais c’est aussi notre rôle de nous interroger, de douter, de dénoncer les travers de la politique, les violations des droits humains, la corruption, les détournements des deniers publics etc.
« Iwacu, les voix du Burundi », c’est notre devise. Iwacu est donc le porte-parole de toutes les voix. D’ailleurs, dans sa rencontre avec les médias le 28 janvier dernier, le chef de l’Etat a souligné « le rôle primordial des médias dans le développement du pays et la consolidation de la démocratie ». J’ose espère que la levée des mesures prises contre Iwacu est le début de la concrétisation de cet appel en faveur des médias lancé par le président de la République au CNC.
Espérons que la décision de ce 11 février signe véritablement le dégel et le début d’une nouvelle histoire « new era » pour tous les médias, pour qu’ils puissent enfin faire leur travail sans crainte et sans intimidation ni harcèlement…