<doc516|right>Ils ont chanté pour les différents régimes. Les paroles étaient convenues, lisses. Les chanteurs de l’« Orchestre national », « Amabano », étaient des fonctionnaires payés par l’Etat.
A cette époque, l’image du chanteur burundais est minable. C’est juste un griot. Payé pour faire le panégyrique des autorités. Quelques uns se sont révoltés. Ils ont payé cher leur écart vers l’indépendance : le talentueux David Nikiza, marginalisé, pauvre, au crépuscule de sa vie, trouvera le réconfort dans le gospel.
Malgré tout, parmi ces « fonctionnaires », un a su déjouer l’inspiration sur commande : le grand Canjo Amissi. Quelques-unes de ses chansons sont des véritables pièces d’anthologie, « Umugabo w’ukuri » (Le vrai homme), « Muvyeyi » (mère), « Hora ihorere » (Pleure pas ma belle). Mais le Burundi est ingrat. Surtout envers les artistes. Canjo Amissi et bien d’autres grands noms de la musique burundaise mourront dans la misère.
<doc5132|left>Puis, la démocratisation est passée par là. La guerre aussi. Mais l’heure de la « libéralisation » avait sonné. Fini donc les orchestres payés par l’Etat. Les chanteurs étaient livrés à eux-mêmes. Et les langues se sont déliées. La création pouvait s’exprimer. Enfin.
Aujourd’hui, au Burundi, nous avons un paysage musical riche. Des groupes traditionnels, modernes. Signe des temps ? Tout en se proclamant « apolitiques », nos musiciens sont de plus en plus engagés. Ils dénoncent la corruption, les injustices, les violations des droits de l’homme. Et c’est dans le rap, la « musique de révolte » par excellence et le reggae, cette « musique de combat », que s’exprime le ras-le-bol. Comme si la musique restait le dernier recours…
Entre les romances traditionnelles chantées par de gracieuses belles jeunes filles ondulantes et le reggae engagé de « Lion Story », pour notre plus grand bonheur, on a de la peine à choisir.