La mesure prise le 15 septembre 2021 par la mairie exigeant les grossistes de légumes et fruits ainsi que le parking des voitures de transport desservant Bubanza de quitter le marché dit Cotebu au profit de celui de Ngagara n’a pas plu tout le monde.
« Les grossistes des pastèques, oignons, amarantes et tomates au marché dit Cotebu ont jusqu’au 30 septembre pour déménager vers le marché de Ngagara. » Une déclaration faite par le maire de la ville de Bujumbura à travers son communiqué du 15 septembre.
La mesure concerne les transporteurs exerçant sur le parking des voitures de transports desservant la province de Bubanza. Les concernés estiment que la mesure risque de causer des pertes. « Ils ne veulent pas qu’on fasse des profits. Il n’y aura pas vraiment de clients à Ngagara », a réagi une grossiste de pastèque.
Elle déplore le fait que la mairie décide de les chasser dans un lieu qui est plus connu par les clients. Commerçante depuis les années 1990, elle dit qu’elle avait déjà essayé le marché de Ngagara sans succès. « C’est un marché que nous connaissons. Nous forcer d’y travailler est synonyme de nous pousser à renoncer au commerce », juge cette mère de 10 enfants.
Pour une autre jeune commerçante de 3 enfants interrogée, le marché de Ngagara n’aura même pas un parking qui pourra accueillir des voitures qui déchargent les légumes et fruits des grossistes. Elle a peur de perdre et devenir incapable de payer la somme d’argent emprunté dans son association une fois installée au marché de Ngagara. « A Ngagara, les clients ne viennent plus au-delà de 9 heures du matin ».
Victime de l’incendie qui a ravagé le marché centrale de Bujumbura en 2012, elle confie qu’elle y a essayé son commerce sans succès aussi. En plus, a-t-elle regretté, plus d’1 million de BIF a été perdu faute de clients.
Les transporteurs craignent la désorientation des passagers
Les grossistes de pastèques qui ont réagi à la décision du maire sont plus inquiets. « Le marché de Ngagara est cimenté alors que le plastique ne résiste pas au ciment, il les pousse à pourrir ».
Fabrice Havyarimana membre du comité d’une coopérative de grossistes de pastèques estime que le marché de Jabe était plus favorable. « Là, il y a du mouvement contrairement au marché de Ngagara ».
Ce grossiste de fruits trouve que certains de ces confrères risquent d’aller exercer dans des marchés privés comme Bujumbura City Market dit « Kwa Siyoni ». Il demande à la mairie de leur trouver un autre espace favorable et non cimenté.
Les transporteurs approchés au parking des voitures desservant Bubanza, estiment quant à eux que la mesure du maire de la ville causera une désorientation des clients dans les premiers mois. « Cela prendra au moins 3 mois pour que les clients s’habituent au nouveau parking », a commenté un jeune chauffeur.
Et un autre de renchérir : « C’est une marche en arrière pour nous. Notre parking est pavé alors qu’à Ngagara c’est encore terre battue ». Avec la saison pluvieuse qui approchent, ils pensent que le prochain parking sera moins praticable.
D’autres transporteurs interrogés sur place disent avoir de la peine pour les passagers. « Ils vont devoir payer une somme supplémentaire pour arriver à Ngagara. »
Sinon, observent-ils, les clients et les transporteurs finiront par s’habituer. Néanmoins ils demandent à la mairie de ne pas à chaque fois les exiger de déménager. « Cela nous déstabilise alors que nous payons beaucoup des taxes ».