Une manifestation qui fait peur déjà … Avant sa tenue

L’ADC-Ikibiri persiste et signe. Elle organise une manifestation publique ce lundi 9 décembre. Le gouvernement lui adresse un rappel à l’ordre. Les corps de défense et de sécurité mettent en garde les manifestants.

Le 27 novembre dernier, après les discours d’ouverture de l’atelier d’évaluation de la feuille de route, Alexis Sinduhije a déclaré qu’il est temps que le pouvoir arrête de faire des promesses en l’air et passe aux actions. Sinon, «  nous allons demander au peuple que ce pays ne soit plus gouverné comme il est en train d’être gouverné. Nous sommes prêts à mourir et à aller en prison pour ça ! »

A la clôture de l’atelier, le président du MSD récidive: «  Notre manifestation est maintenue, nous continuons à l’organiser. J’en profite pour rappeler aux organisateurs de doubler d’efforts dans la mobilisation. Parce qu’on doit démontrer que le peuple peut s’exprimer d’une autre manière, et pas seulement au sein de l’hémicycle, à travers des parlementaires qui n’ont été élus que par 400 mille personnes. »
Samedi 30 novembre, depuis la commune Butaganzwa dans la province de Kayanza, lors des cérémonies d’ouverture de la permanence du parti MSD dans cette commune, Alexis Sinduhije déclare : « Si après une deuxième semaine le projet de révision de constitution n’a pas quitté l’Assemblée nationale, nous élirons domicile dans la rue, jusqu’à ce que ce soit fait. Et s’ils n’y font pas garde, nous les chasserons du pouvoir ! »

L’ADC-Ikibiri persiste et signe

Selon Léonce Ngendakumana, président de cette alliance, le vrai dialogue doit regrouper les partis politiques, le gouvernement, la société civile et les autres forces sociopolitiques du pays. Pourquoi la révision ? L’Adc-Ikibiri ne mâche pas les mots : « Le grand souci caché derrière la révision de la Constitution reste la volonté forcenée du président Nkurunziza de tenter un troisième mandat. »

D’après lui, il faut d’abord faire une évaluation de la mise en application de l’Accord d’Arusha pour la Paix et la réconciliation dont elle est née . Révoltant encore, poursuit-il, il est injuste que les acteurs politiques et le gouvernement dialoguent du projet du code électoral sans discuter de la révision de la loi fondamentale. Et d’énumérer les conséquences néfastes du projet de révision de la constitution. Notamment : « Il maintient la soumission de la justice au pouvoir exécutif, permet son ingérence dans le fonctionnement des partis politiques, dénie le droit de vote aux anciens présidents de la République, membres de droit du sénat. Il refuse au secteur juridique privé de se choisir des représentants au Conseil supérieur de la magistrature. Le conseil communal est réduit au rôle de l’assistant de l’administrateur. »

D’après lui, ce projet divise le parti Cndd-Fdd et ses satellites aux partis de l’opposition réunis au sein de l’Adc-Ikibiri. Ainsi, cette situation entretient la peur générale dans une période pré-électorale. Bref, se résume Léonce Ngendakumana, il est porteur de tous les dangers : « Suppression du système démocratique inclusif et de consensus, des mécanismes constitutionnels de protection des minorités politiques et ethniques. Il met aussi fin à l’alternance démocratique au pouvoir et porte atteinte à la laïcité de l’Etat ». Pour toutes ces raisons, l’ADC Ikibiri maintient sa position : lundi 9 décembre, ils vont manifester publiquement.