Désormais, l’exhibition du tambour en dehors des cérémonies officielles exige une autorisation et un paiement de 500 mille Fbu. Au grand désespoir des tambourinaires.
Dans le décret présidentiel de ce 20 octobre portant réglementation de l’exploitation du tambour au niveau national et international, il est stipulé que « toute exhibition du tambour en dehors des cérémonies officielles requiert l’autorisation du ministre de la Culture. »
L’autorisation du ministre est également exigée pour les cérémonies de mariage, dot ou toute autre festivité de caractère social. L’organisateur verse une redevance de 500 mille Fbu au trésor public par exhibition.
La mesure interdit de surcroît aux personnes de sexe féminin de battre le tambour.
Ce n’est pas tout. Toute sortie d’une troupe de tambourinaires à l’étranger exige l’autorisation du ministre de la Culture. Le promoteur de la sortie verse une redevance au trésor public de 500 mille Fbu par jour. Cela à compter du lendemain du jour d’arrivée au pays de destination jusqu’à la veille du jour de retour.
La troupe qui exhibe le tambour sans autorisation paie une amende de 1 millions de Fbu et subit la suspension d’exhibition de 6 mois.
Le spleen des tambourinaires
Dieudonné, tambourinaire depuis plus de 10 ans, a pu payer ses frais de scolarité du secondaire grâce à ce métier. Son club gagnait une somme de 300 mille à 500 mille Fbu à chaque prestation.
Mais avec ce décret, tous ses espoirs sont perdus. « Qui se permettra de payer les 500 mille en plus du paiement de la troupe ? » D’après lui, les organisateurs des fêtes vont tout simplement se passer du tambour. Et les tambourinaires n’auront plus rien à faire.
« Quel est la valeur du tambour sans le tambourinaire ? », dénonce Achille, tambourinaire depuis 15 ans. Il assure que c’est une loi qui ne donne aucun rôle, aucune place ni valeur au tambourinaire. Ce dernier n’apparaît que dans les sanctions.
Il déplore une décision sans consultation des tambourinaires qui ne vivent, la plupart, que de ce métier. « Ce décret nous envoie tout simplement dans la rue. C’est une délinquance qui s’en suivra forcément. »
D’après ces jeunes tambourinaires, ce sont les clubs qui donnent la valeur au tambour. C’est grâce aux tambourinaires que le tambour existe. Avec ce décret, le tambour semble être réduit à un simple objet de commerce.
Une mesure aux antipodes de la Constitution
La Fédération nationale des associations engagées dans le domaine de l’enfance au Burundi (Fenadeb) parle d’une discrimination à l’égard des filles et femmes. C’est dans une note de plaidoyer pour la suspension du décret qu’elle l’affirme.
D’après Jacques Nshimirimana, président de la Fenadeb, cette mesure viole la Constitution du Burundi dans ses articles 13 et 22 : « Tous les Burundais sont égaux en dignité et en droit… Devant la loi, nul ne peut faire objet de discrimination du fait de son sexe. »
D’après cet activiste, ce décret est en contradiction avec la loi spécifique sur les violences basées sur le genre. Il n’intervient que pour enlever aux filles et aux femmes l’estime de soi. Il vient mettre en cause les progrès déjà enregistrés par le Burundi en matière de promotion des droits de l’homme.
La Fenadeb demande au gouvernement de prendre une mesure de suspension de l’application du décret en attendant sa révision.
Et ces burundaises qui chantent en traditionnel (imvyino) vont-elles bientot payer a OBR? Mon Dieu!!
Il y a comme une obsession sur tout ce qui se rapporte au ROI. Des exemples : le gouvernement s’était fixé comme objectif de rapatrier les restes du Roi Mwambutsa. Après une âpre bataille juridique, le Burundi a été débouté, le roi peut se reposer dans sa tombe à Genève. Et maintenant ce tambour, au départ véritable attribut du pouvoir royal : on le sortait et le battait uniquement pour le roi. Maintenant le tambour s’est démocratisé se libérant ainsi du pouvoir central. Et justement le décret veut le confiner aux manifestations officielles, devenant ainsi un objet à bien plaire pour les princes et payant pour le bas peuple. La prochaine étape sera de lancer des recherches pour retrouver Karyenda le tambour des tambours, le cœur même du pouvoir royal.
c’est un obsession sur tout ce qui se rapporte à la money .
ndimwo ndimwo
Celle-ci, je dois avouer qu’ils l’ont ratée, même si je n’ai pas encore lu le décret en question! Un tambour (qu’il soit burundais ou d’ailleurs), c’est un instrument de musique. Comme une guitare, un piano, un djembé, etc. On ne peut pas empêcher aux gens d’apprendre ou de jouer un instrument de musique! Peu importe où, peu importe les circonstances.
Certes, s’il y a une tradition à respecter ou à faire respecter, ce n’est pas la bonne manière de s’y prendre. Le Burundi gagnerait plus en visibilité et en réputation en diffusant les traditions et en les libéralisant. Comment veut-on que les autres apprennent la tradition burundaise si on restreint l’accès à son potentiel meilleur ambassadeur qu’est le tambour!
Il faut retourner sur les planches et réparer les choses avant que les dégâts ne deviennent plus dommageables!
Mon ami Gacece, ca gaffe vraiment dans nos rangs. Le bordel est maitre.
Je suis le président de la troupe fe tambouriaires de la Suède dénommée « Abahanzi » en sigle.
Nous organiserons une exhibition de danse ce week end à Oslo.
Question 1: Où pouvons nous payer la redevance?
Question 2: Est il possible de payer en Couronnes suédoises?
Merci
Mpebentwenge
@ Rurihose, nous avons la même situation ici à Kigali. Nous devons exhiber notre umurisho ce week-end au cours d’une cérémonie. J’invite notre ambassade à nous apporter la quittance d’impôt pour qu’on s’acquitte de cette obligation citoyenne ???
Nimwihorere. Avant qu’une année ne s’écoule, le gouvernement aura changé cette loi. Amongera nka niyo mazituvya. Les dirigeants espèrent renflouer les caisses de l’Etat avec le tambour… ils sont mal conseillés, tout simplement. Les banques commerciales pourront désormais disposer de devises étrangères. La précédente mesure a été du pain béni pour le Rwanda et le Congo. La politique économique ne s’improvise pas.
Dieu merci… le ridicule ne tue pas….sinon, il n’y aura pas assez de place au Mpanda pour tous ces DD!!!!!
Un autre problème qui n’est pas des moindres : il y a de petits groupes de tambourinaires qui évoluent à l’étranger et même dans les camps des réfugiés. Eh oui ces tambours sont sans frontières et sont endurants à toute épreuve. On a même vu des blancs qui jouent aux tambours; le décret ne les mentionne pas. Est-ce que les ambassades dans ces pays vont se transformer en agents du fisc ou OBR pour s’arroger le droit de percevoir des taxes en terres étrangères? Comment va-t-on appliquer des sanctions aux hors-la-loi?
Si j’avais été conseiller de ce Ministre ayant la culture dans ses attributions, je lui aurais plutôt proposé de vulgariser le Tambour et taxer plutôt les prestations des tambourinaires! Il faudra alors interdire les tutsi et les hutu qui ne faisaient pas parti des clans « tambourinaires » de ne plus battre le tambour! Il faudra lancer une commission rogatoire à travers le monde pour interdire de battre le tambour en dehors du territoire burundais! Parce que le risque est là, que des femmes residant à l’étranger « salissent » encore « nos tambours et notre culture ».
Quel gâchis et quelle absurdité!
vous pensez que c’est plus absurde que de bâtir autant de stades dans le pays le plus pauvre au monde?
Le monde évolue, les cultures aussi. Dans la tradition burundaise, il y avait beaucoup de choses interdites aux femmes. Juste quelques exemples : il était strictement interdit aux femmes de monter sur les toits. Voyez aujourd’hui, il y a des maçonnes, des charpentières qui grimpent plus que les hommes. Il a fallu beaucoup de temps pour que les femmes entrent dans l’armée et la police. Maintenant, personne ne s’étonne de les voir en tenue. Je pourrais citer beaucoup d’exemples pour conclure que ce décret présidentiel, en plus d’être misogyne, vient de donner un coût d’arrêt à la créativité.
Vous avez tout compris !!!
Que de récriminations !
Alors qu’il s’agit simplement de rétablir les prérogatives de la royauté – non, que dis-je – de la présidence. Tout le monde devrait acclamer cette heureuse résurgence de la tradition.
JerryCan, lui acclame – d’une main : il est zen.
J’espère qu’on ne va pas nous chanter que ce sont les tambourinaires Burundais qui ont demandé que cette loi soit promulguée comme on le prétexte pour la loi qui prévoit l’amendement de la constitution.
Je l’ai toujours ce gouvernement là est pire que celui de la corée du nord: après les Tutsi Il discrimine les femmes, bientôt il définira la taille et l’origine provinciale de ceux qui peuvent frapper le tambour. Jean d’ormesson disait un jour en substance c’est une Bonne chose de laisser la tradition guider les hommes mais c’est encore mieux de permettre que de nouvelles habitudes s’installent devenant ainsi une nouvelle tradition. La tradition doit cesser de rimer avec immobilisme
@Karanga ilia
Faux: c’est surtout les pauvres qui sont discriminés (les pauves!); d’autant plus que la pauvreté n’a ni éthnie ni tribu. Et vu que l’argent n’a pas de couleur….
En dehors de cela, on tombe d’accord sur la tradition…