Colline Ruhororo, zone Nyarurambi province Karusi, une famille de plus de 50 membres a été expropriée vendredi 12 octobre par le Tribunal de Grande Instance (TGI) de Karusi et 7 maisons détruites. Vieilles, vieillards, femmes et enfants dorment à la belle étoile. La population de cette colline parle d’une justice de Karusi corrompue.
Air hagard, marchant en titubant, Elie Ntamikevyo 78 ans, a du mal à cacher sa colère et sa désolation. Avec une voix entrecoupée par des soupirs, il indique qu’il est aujourd’hui enterré vivant. « Depuis ma naissance je n’ai jamais vu une telle barbarie humaine. Des hommes et des femmes qui se disent de justice collaborent avec un malfrat qui vient de nulle part détruire mes champs et mes maisons et lui attribuent ma terre alors qu’il n’est pas de ma famille. » Devant sa maison complètement détruite, il affirme qu’il préfère être tué plutôt que de quitter sa terre et ses biens.
« Je n’ai pas encore beaucoup de temps à vivre et je ne quitterai pas ici vivant. » Sur cette colline de Ruhororo, toutes les maisons de la famille d’Elie Ntamikevyo ont été rasées. Au premier vu, seul un tracteur pouvait faire des dégâts de ce genre. Toitures défoncées, murs démolis, des champs de culture détruits ou piétinés.
Le ministère de la Justice à l’œuvre
Soutenue par toute la population de Shombo, la famille de Ntamikevyo déplore la manière dont les tribunaux de Karusi rendent justice. Pour cette population de Ruhororo, ils sont corrompus. Ils ne rendent plus la justice aux pauvres surtout dans les affaires foncières. Selon elle, les juges n’écoutent même pas les témoins ou les voisins qui sont sur terrain. « Il y a deux mois, nous sommes allés témoigner dans ce procès mais les juges n’ont pas voulu que l’on parle», relate un notable de Shombo.
« Il suffit d’avoir une vache pour corrompre les juges. Qu’il neige ou qu’il pleuve, tu gagneras », avance Joseph en faisant allusion à la sentence prononcée contre Elie Ntamikevyo. La population demande la mutation de ces juges.
Au moment où nous mettons sous presse, nous apprenons qu’une délégation du ministère de la Justice accompagnée par les autorités administratives de Karusi ont été sur le terrain ce mardi 16 octobre. Le ministère de tutelle aurait ordonné l’arrêt immédiat de l’exécution en attendant des enquêtes plus approfondies des autorités compétentes. En plus, l’administration aurait entrepris la construction des maisons détruites et permis à la famille de Ntamikevyo de cultiver ses champs.