Vendredi 22 novembre 2024

Editorial

Une journée à marquer d’une pierre noire

31/10/2019 Commentaires fermés sur Une journée à marquer d’une pierre noire

Le dixième jour d’incarcération des quatre reporters du Journal Iwacu et leur chauffeur, tous poursuivis pour «complicité d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat », n’a pas été de tout repos.

L’annonce de la remise à nos confrères des ordonnances de mise en détention préventive est tombée comme un couperet. On ne s’y attendait pas. Surtout pas après les assurances des avocats de nos confrères.

«Nous sommes confiants, si les juges s’en tiennent à dire le droit, rien que le droit, nos clients seront relaxés», s’était réjoui un des avocats à l’issue de la comparution de ces journalistes devant la Chambre de conseil du Tribunal de Grande Instance de Bubanza.

Puis vint la douche froide de ce jeudi après les 48 heures de délibérations ou, qui sait, de conciliabules, peut-être de tractations voire de pressions. Une chose est sûre et Dieu est témoin : Agnès Ndirubusa, Christine Kamikazi, Térence Mpozenzi et Adolphe Masabarakiza, leur chauffeur ont été arrêtés en plein exercice de leur métier.

Et c’était au chef-lieu de la commune Musigati, à quelques centaines de mètres du bureau de l’administrateur. Leur intention était d’ailleurs de passer le voir, décrocher une interview, avoir les témoignages de la population obligée de fuir les affrontements et chercher à avoir le bilan des Forces de sécurité. Iwacu voulait avoir les informations recueillies sur terrain, vérifier, recouper. Il y avait trop de messages alarmants sur les réseaux sociaux.

C’est ce que nous commande notre métier et c’est ce qu’aurait fait tout journaliste professionnel. Les journalistes qui sont partis à Musigati étaient tous volontaires.

Et l’équipe constituée n’est partie à Bubanza qu’après un tweet du Journal officiel, Le Renouveau, citant le gouverneur sur la réalité de cette attaque. Cette autorité rassurait les habitants de cette commune que malgré les quelques coups d’armes à feu entendus dans la localité, la sécurité était bonne dans toute la province, précisant que les Forces de l’ordre poursuivaient des malfaiteurs qui tentaient d’entrer dans la Kibira.

Aujourd’hui, avec cette détention de nos confrères, c’est cet élan professionnel qui est remis en question, cette volonté de faire du bon journalisme qui se retrouve hypothéquée.

Je voulais moi-même me porter candidat pour ce reportage, mais il y a eu un petit contretemps de dernière minute. Je ne suis pas « rouillé » du haut de mes 23 ans au service du droit à l’information garanti aux citoyens par la Constitution. J’ai même connu la prison pour des circonstances presque similaires. Je n’étais pas coupable. Nos confrères incarcérés sont innocents.

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