Lundi 21 avril 2025

Économie

Une fixation des prix qui pose polémique

21/04/2025 0
Une fixation des prix qui pose polémique
Jean Noël Nkurunziza : « Les prix des produits vivriers sont fixés par la loi de l’offre et de la demande »

Le 27 mars 2025, le ministère du Commerce a publié une ordonnance portant fixation du barème des produits alimentaires constituant le panier ménager au Burundi. Mais sur le marché, les prix ne sont pas toujours respectés. La société civile s’exprime.

Certains membres de la société civile trouvent que l’ordonnance est une bonne chose même si son application reste difficile. Le 14 avril 2025, dans le prolongement de l’ordonnance, le ministère de l’Intérieur a envoyé une lettre à tous les gouverneurs de province et au maire de la ville de Bujumbura leur enjoignant de faire respecter les prix sur le marché selon ce qui est mentionné dans l’ordonnance.

Selon Jean Noël Nkurunziza, porte-parole de l’Association burundaise des consommateurs, Abuco, l’ordonnance est venue à point nommé. Il affirme que depuis une certaine période, les prix des denrées de première nécessité connaissent une flambée inquiétante, allant du simple au double pour quelques produits comme le riz, la viande, etc. « L’Abuco avait toujours demandé aux autorités d’analyser de près cette situation. Le chef de l’Etat a jugé bon qu’il faille y mettre de l’ordre. La montée des prix tendait á se généraliser. Il a alors demandé à la ministre du Commerce de réguler cela en fixant les prix plafonds. »

En outre, il rappelle que les prix des produits vivriers sont fixés par la loi de l’offre et de la demande avant d’indiquer que le Code de commerce permet au ministre du Commerce de fixer des prix plafonds lorsque la situation du marché est anormale.

« Cette ordonnance a été signée en ce sens mais, son application reste difficile notamment pour certains produits comme la patate douce et le manioc qui ne sont pas toujours vendus au kilo.» M. Nkurunziza appelle au respect strict de la loi tant qu’elle n’est pas encore modifiée.

Il souligne que pour que cette ordonnance soit efficace, des mesures d’accompagnement sont indispensables, notamment garantir la disponibilité des carburants. « Le transport des marchandises est fortement impacté par la pénurie des carburants. Ce qui complique l’approvisionnement et qui pourrait compromettre le respect des prix plafonds. »

Des réticences

Un membre de la société civile, expert en production agricole, trouve que cette ordonnance ministérielle est présentement inopportune. « Les services de l’Etat ne maîtrisent pas les coûts de production des produits vivriers. Ils ne peuvent pas donc fixer le prix de vente qui est connu par le producteur uniquement. », explique-t-il.

Il ajoute que le producteur doit faire des gymnastiques pour produire étant donné le coût élevé de la main d’œuvre et des intrants qui sont aussi élevés.

Il souligne aussi le fait que cette ordonnance ne sera pas tenue en considération par les différents acteurs du domaine. « Les producteurs peuvent vendre en deçà du prix plafonné ou en dessous en fonction de la demande et personne ne peut contrôler les négociations entre les acheteurs et les producteurs. On doit marchander et c’est une pratique courante qu’on ne peut pas négliger. »

Enfin, pour lui, il ne voit pas l’opportunité de l’ordonnance mais plutôt des défis. « Certains agents de l’administration les plus zélés peuvent infliger des amendes à des producteurs et acheteurs. Ce qui risque de déstabiliser la tranquillité sociale vue la tension élevée par rapport au coût de la vie actuellement. » Selon lui, un autre défi non négligeable est que certains peuvent se livrer à la fraude pour éviter de vendre officiellement au marché. Ce qui serait mauvais pour le pays.

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