L’école n’est pas un incubateur d’une idéologie politique, mais un espace pour faire réfléchir, confronter les idées, fournir aux élèves les outils idoines pour faire face à la complexité du monde et du réel… Le système éducatif burundais laisse les apprenants dans l’impossibilité de construire une réflexion à force d’alimenter leur appétence au facile dans les limites de l’apprentissage du français niveau bac à sable, d’avoir l’opportunité d’entrer dans des sujets, de remettre en cause leurs opinions et préjugés et de mettre en perspective.
Ledit système fait fi de ce qui devrait rester quand on a tout oublié : l’esprit critique et la curiosité épistémique. Par un effet de vases communicants, apprendre des choses difficiles aiguise l’esprit critique, lequel cultive le désir de savoir en ouvrant de nouveaux champs de réflexion dans lesquels l’esprit critique s’exercera.
Une filière littéraire avec un bagage scientifique, et une filière scientifique étoffée par les lettres, la philosophie, l’histoire et la géographie, des préalables à la réalisation du thème de ces Etats Généraux de l’Education : « bâtir un système éducatif performant pour un meilleur avenir au Burundi. » Le dire précède l’agir… En aucun cas le premier terme n’est substituable au second ou n’a un pouvoir performatif – pensée magique -, à moins de revendiquer une nature divine.
Plus un individu est inculte, plus, sans filtre du raisonnement critique, il devient une éponge absorbant tous les obscurantismes (religieux, politique, etc.), fait l’objet de manipulations politiciennes. Hier, l’inculture relevait du choix, aujourd’hui, elle est programmée.
Cette réforme du système éducatif burundais déversera à une échelle industrielle des lauréats inemployables sur le marché du travail. A plus forte raison au niveau régional ou international, car dépourvus des outils intellectuels nécessaires pour lutter à armes égales dans une concurrence féroce. Une flambée des cas de banditisme est à craindre comme réponse au déclassement. Voire, ils auront recours à l’usage de la force à l’encontre de boucs-émissaires, avec son corollaire de xénophobie à mesure que l’intégration économique régionale progressera.
Un tel système éducatif rend l’accès au savoir de plus en plus difficile, élitiste, et risque de mener à l’abrutissement de tout un peuple… Il sera privé de sa capacité de penser, de juger et in fine d’agir.
Guibert Mbonimpa
« …A plus forte raison au niveau régional ou international, car dépourvus des outils intellectuels nécessaires pour lutter à armes égales dans une concurrence féroce… ».
Une concurrence féroce !!! Il y en a qui se croyait bien « intellectuels » chez nous et qui n’ont rien trouvé comme travail sous d’autres cieux ! Ceux qui y sont arrivés ont dû mettre leur « intellectualisme » à jour. Et ceux qui ont compris qu’il fallait militer pour retrouver du travail chez eux sont retournés et on les a vus à l’œuvre. Et on se plaint de la corruption ?