Vendredi 22 novembre 2024

Économie

Une évolution en dents de scie

09/05/2023 Commentaires fermés sur Une évolution en dents de scie
Une évolution en dents de scie
Jean Albert Maniragomba : « D’ici une année, il n’y aura plus de problème d’électricité »

Depuis peu, la Regideso est en train d’installer des poteaux d’éclairage public sur certains grands axes de la voirie urbaine. Le revers de la médaille : des coupures répétitives voire absence de courant dans plusieurs parties du pays. En cause, une crise énergétique persistante.

La capitale politique observe ces derniers temps un éclairage sur certains grands axes. Un exemple frappant est celui du boulevard Mwezi Gisabo qui, il y’a sous peu, était éclairé par les phares des voitures qui passaient.

Maintenant elle est devenue une autoroute qui rassure même les piétons qui de temps en temps y font du jogging pendant la nuit ou rentrent paisiblement sans se soucier des actes nuisibles des bandits.

Mais loin de là, des coupures voire même de l’inaccessibilité au courant s’observe dans plusieurs coins du pays. « Je n’arrive plus à avoir de quoi payer le loyer de ce salon et celui de la maison. » se lamente un coiffeur d’un salon de coiffure dans un quartier du nord de la capitale Bujumbura.

Un client qui par malheur se pointe dans un salon situé dans les quartiers périphériques sans chapeau est obligé d’attendre une fois le courant partie avant la fin de sa coupe.

Un soudeur du même quartier quant à lui n’a plus de commandes comme il le faut. « Je n’ai plus de clients en suffisance, certains m’ont abandonné à cause de la lenteur, quand il y’a du courant en moins de trois jours j’arrivais à livrer la commande d’un portail. Mais avec les coupures, cela peut prendre jusqu’à 4 ou 5 jours, voire même une semaine. » se lamente ce soudeur.

L’inaccessibilité au courant s’observe dans plusieurs coins du pays. Selon la banque mondiale, seulement 11.7% de la population burundaise ont accès à l’électricité.

Que fait la Regideso pour palier tous ces problèmes ?

La direction de la Regideso tranquillise. « D’ici une année, il n’y aura plus de problème d’électricité », rassure Jean Albert Manigomba, directeur général de la Regideso.

Et d’énumérer les projets en cours et ceux qui sont en phase de finition. Il s’agit, selon lui, des travaux de Rusumo Falls qui vont bientôt être terminés. Des essaies à vide ont déjà été effectués. Et bientôt, ça va être le tour des essaies à charges et après on fera l’injection. « Le central produira à peu près 28MW », tient-il à préciser.

Dans la capitale économique notamment le quartier Rohero, ajoute-t-il, les installations souterraines qui datent des années 60 sont en train d’être réhabilitées et les études environnementales et sociales sont en cours. « Il y’a des câbles qui brulent parce que le réseau est très surchargé et les sections de ces câbles ne résistent plus à la charge », déplore-t-il.

Ce qui est des quartiers périphériques, fait savoir cette autorité, la Regideso a autorisé la population d’acheter elle-même des câbles et des poteaux dans les années passées parce qu’elle observait des ruptures de stocks mais la population a acheté des câbles de mauvaise qualité.

Maintenant avec la charge qui augmente, ces câbles brûlent d’où coupures répétitives mais on est en train de les remplacer, avant de promettre : « Avec ce projet de réhabilitation du projet de Bujumbura, la Regideso va remplacer tous les poteaux en bois avec des poteaux métallique. ». Et de préciser : « Les coupures d’à partir de 24h sont dues à la maintenance, la réhabilitation et l’adaptation parce que bientôt on va injecter 50MW et cette réhabilitation se fait pendant la nuit. »

« Les sources d’énergie nécessaires sont disponibles »

Accès à l’électricité (% de la population)

Selon M. Manigomba, la Regideso est en train de gérer des projets rassurant en termes d’énergie dans un avenir proche notamment les projets Jiji Murembwe et Rusumo Falls.

Selon lui, le retard que connaît Jiji Mulembwe est en train d’être géré. « L’entreprise évoque le problème de Covid 19 et la guerre entre Russie-Ukraine mais on est en train de mettre de la pression et d’ici l’année prochaine, le réseau sera injecté et ça va nous donner 50MW. Bref, d’ici une année, la production sera satisfaisante et il n’y aura plus de problème d’électricité. » rassure-t-il.

Il précise que le projet hydroélectrique Jiji Mulembwe (PHJIMU)consiste à construire deux nouvelles centrales hydroélectriques au fil de d’eau de capacité respectives de 32.5MW et 17MW en exploitant de manière optimale des hauteurs de chute de 434 mètres et 256 mètres, des lignes de transport et de distribution d’énergie et des postes associés. La centrale Jiji aura un réservoir de régulation journalière de 80 000 mètres cube pour un fonctionnement de plus ou moins 03heures.

Lancé le 23 Septembre 2020, tient-il à rassurer, les travaux dudit projet sont prévus d’être achevés en novembre 2023.
Toutefois, fait observer M. Manigomba, avec l’extraction du nickel qui demande à peu près 200MW ce que le Burundi ne peut pas avoir avec ses centrales, la Regideso a un autre projet Kamanyola-Bujumbura qui va connecter Ruzizi 3 avec le Burundi.

« Ruzizi 3 va connecter 3 pays dont le Burundi, la RDC et le Rwanda avec au total 246M. Le Burundi va avoir 76MW ce qui ne va pas suffire mais avec cette ligne d’interconnexion, le Burundi pourra acheter en RDC, ou encore avec la ligne de transport Burundi-Rwanda-Kenya-Ouganda-Ethiopie, le Burundi achètera en Ethiopie à la centrale de la Renaissance ou même en Tanzanie », souligne-t-il.

Quid des projets ?

D’après le plan national de développement du Burundi 2018-2027 sur un potentiel hydroélectrique évalué à 1700MW, seul 300MW sont techniquement et économiquement exploitables. La puissance électrique installée est actuellement proche de 50MW dont 32.9MW de production nationale d’origine hydraulique.

La consommation électrique est très faible et est inférieure à 30kWh/habitant/an, ce qui est en dessous de la moyenne africaine estimée à 150Kw/habitant/an. Le taux d’accès à l’électricité est évalué à 7% correspondant à 52.1% des ménages urbains à 2% des ménages ruraux.

Le développement du secteur présente beaucoup de potentialité mais se heurte à plusieurs défis : l’accroissement de l’offre énergétique ; la pression démographique ; la réhabilitation et la construction des infrastructures ; la maitrise des pertes énergétiques et des coûts de production ; la maitrise des coûts des produits pétroliers ; le renforcement des capacités du personnel du secteur énergétique ; la diversification des sources d’énergie ; l’entretien et la maintenance des équipements énergétiques ; l’utilisation rationnelle des sources d’énergie traditionnelles (le bois, le charbon de bois) et l’atténuation des perturbations climatiques.

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