« Douter, toujours douter ! » C’est le principe sacro-saint du journal Iwacu. Douter fort encore quand l’information émane des réseaux sociaux, ces canaux souvent anonymes. Voir de ses propres yeux, vérifier, confronter, recouper. Bref, les principes de base d’un bon journalisme que l’on pratique dans Iwacu. C’est ce qu’étaient allés faire nos collègues : Agnès Ndirubusa, Christine Kamikazi, Egide Harerimana, Térence Mpozezi à bord du véhicule conduit par Adolphe Masabarakiza.
Pour rappel, dès le petit matin de ce mardi 22 octobre, des audios, textos faisant état des affrontements entre les forces de la défense nationale et des groupes armés à Bubanza ont inondé la toile. Le gouverneur de cette province s’est même exprimé pour calmer la population : la situation est maîtrisée. Ne pouvant pas se fier aux seules informations de WhatsApp, Twitter et autre Facebook, les reporters d’Iwacu, armés de leurs stylos, enregistreurs et appareil photo, ont quitté les bureaux d’Iwacu vers 12 heures, pour tenter de revenir avec une information de terrain, vérifiée, utile au public. Ils pouvaient rester à Bujumbura, assis à la rédaction et relayer des infos non vérifiées. Leur attachement à la recherche de la vérité les a poussés, comme d’habitude, à se rendre dans ces zones de danger, sans en ignorer les risques.
Ils ont été arrêtés avant leur travail sur terrain et leur investigation interrompue s’est terminée au cachot du commissariat de Bubanza.
Pourquoi, qu’ont-ils fait ? Au moment où nous mettons sous presse, aucune charge ne pèse contre eux. Pourtant, c’est la troisième nuit qu’ils sont en garde à vue, leurs téléphones et matériel de travail confisqués.
La liberté d’information, le droit de la chercher, de la recevoir et de la communiquer, est un droit fondamental et inaliénable et un élément indispensable de la démocratie au Burundi. Un droit garanti par la Constitution.
Je dis merci à ceux qui, de près ou de loin, continuent à nous envoyer des messages de soutien. Je salue toutes les organisations qui demandent aux organes habilités leur libération immédiate et sans condition, car ils sont détenus arbitrairement. Je me joins à eux et espère qu’ils vont passer ce week-end chez eux.