Dans le précédent numéro, Iwacu a brossé les portraits du président de la CVR, Mgr Jean Louis Nahimana, son vice-président, Mgr Bernard Ntahoturi et la secrétaire exécutive, Me Clotilde Niragira. Voici ceux des huit autres membres.
Clotilde Bizimana, la caméléon politique
Clotilde Bizimana, 50 ans, est conseiller à l’institution de l’Ombudsman depuis 2011. Cette licenciée en droit de l’université du Burundi a été membre du comité technique chargée de la préparation de la mise en place des mécanismes de justice transitionnelle au Burundi.
Sa licence passée, Clotilde Bizimana devient magistrate (parquet de la République près le Tribunal de Grande Instance en mairie de Bujumbura puis juge dans cette juridiction (1993-1996).
1996, elle occupe sa première haute fonction. Pendant une année, elle est à la primature comme conseillère principale chargée du bureau juridique. De là, elle rejoint la présidence de la République comme conseillère principale affectée au bureau de coordination des services de sécurité (1997-2002). Elle était en même temps, membre non permanent de la Cour constitutionnelle de 1998 à 2002.
Année 2002, la voilà au Sénat de Transition comme secrétaire générale dans le bureau. En 2005, elle restera à la Chambre haute du Parlement comme sénatrice et présidente de la commission permanente chargée des questions institutionnelles, judiciaires, des droits et libertés fondamentales (2008-2010).
« Ce que j’apprécie en Mme Bizimana est que quand elle est engagée pour une cause, elle y va à fond », témoigne l’ancien président Ntibantunganya.
Il lui reproche, cependant, son instabilité politique : ancienne frodebiste puis directrice de campagne d’Agathon Rwasa aux élections de 2010. Aujourd’hui, elle est au comité exécutif du FNL de Jacque Bigirimana.
Autre inquiétude : le premier mari de Mme Bizimana aurait été emporté par la crise de 1993. Une certaine opinion craint donc que Mme Bizimana siège à la CVR avec un esprit revenchard.
Mme Bizimana est mariée et mère de 4 enfants.
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Mgr Antoine-Pierre Madaraga, « un intime de Nkurunziza mais… »
Natif de la commune Muhanga (Kayanza), Mgr Antoine-Pierre Madaraga, 61 ans, est vicaire général du diocèse de Ngozi depuis 1989). Il est actuellement recteur du Petit Séminaire de Mureke (diocèse Ngozi, commune Ngozi). Il aura aussi été recteur du Petit Séminaire de Buta dans les années 80.
C’est un prêtre connecté aux réalités politiques. Entre 1992 et 1993, il était membre de la commission nationale chargée de la question de l’unité nationale. En 1993, il est président du groupe des observateurs indépendants lors des échéances électorales de 1993 au niveau national. Avec la mort du président Ndadaye, il sera secrétaire général de la Commission Justice et Paix de l’Eglise catholique du Burundi.
Des politiques et des membres de la société civile parlent de lui comme d’un ami intime du président de la République. Ils redoutent qu’il ne se comporte comme « un valet de Nkurunziza à la CVR ».
Le prélat dit entretenir de bonnes relations avec les politiques de tous bords. Il se présente aussi comme un prêtre « qui n’hésite pas à trinquer avec les paysans dans les petits bistrots. »
Une certaine opinion l’étiquette, cependant, comme « un Tutsi qui a vendu son âme au parti Cndd-Fdd». Mgr Madaraga s’en défend et fait remarquer qu’une autre opinion le présente comme un « extrémiste tutsi. »
Bien des gens présentent Mgr Madaraga comme un prêtre qui donne des conseils édifiants. C’est un prélat qui aide aussi les pauvres.
Signalons que depuis 1989, il est administrateur délégué et président du conseil d’administration de l’Hôpital de Kiremba. Depuis 1999, il est membre du conseil d’administration de l’Université de Ngozi.
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Sheikh Shaban Ali, « bras droit de l’ombudsman »
Sheikh Shaban Ali Djumaine est professeur de la langue arabe et iman supérieur de la Mosquée du Centre Culturel Islamique depuis 1985. Des sources concordantes au sein de la Communauté Islamique du Burundi (Comibu) affirment que sa candidature à la CVR aura été présentée tardivement sur instigation de l’ombudsman. Les musulmans du Burundi lui auraient préféré Yacub Nahayo, un fonctionnaire au ministère des Relations Extérieures, ancien ambassadeur à Dubai.
Sheikh Sadiki Kajandi (Comibu officiel) parle de Sheikh Shabani Ali comme d’un iman « doux et correct ». Sheik Haruna Nkunduwiga le présente comme « un homme intransigeant qui a torpillé l’entente entre les deux ailes de la Comibu ». Il aurait aussi défié le Conseil des sheikh en 2011. Ses détracteurs lui reprochent aussi le fait de parler « assez bien » le kirundi et le français. « C’est pour cette raison que le jour de l’élection, il ne s’est pas présenté devant les députés pour défendre sa candidature », affirment-ils. D’autres sources indiquent, cependant, qu’il était en mission en Egypte.
Ce licencié en littérature arabe de l’Université Islamique de Médine (Arabie Saoudite) n’a aucune activité politique à son actif. Il est né en 1960 en commune urbaine de Buyenzi. Il y a une année, ce père de quatre enfants a convolé avec une deuxième femme.
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L’insaisissable Père Désiré Yamuremye
Le jésuite Désiré Yamuremye, 41 ans, originaire de Kayanza, est depuis 2012 supérieur de la communauté jésuite du Centre Spirituel Emmaüs de Kiriri. Il est aussi délégué du Révérend Père de la région jésuite du Rwanda-Burundi au Burundi.
En 2012, il était membre du synode diocésain de l’Archidiocèse de Bujumbura comme membre du groupe qui traitait les questions de paix, justice, vérité et réconciliation.
Depuis mars 2013, il est secrétaire exécutif du groupe de réflexion des conférences des Eglises catholiques du Burundi, du Rwanda , de la RDC, de la Tanzanie, de l’Ouganda et du Kenya sur la problématique de la réconciliation, la justice et la paix dans les Grands Lacs.
Père Yamuremye est surtout connu comme analyste et chercheur sur des questions politiques. Pour cela, il est souvent l’invité des médias.
Depuis 2008, il est consultant de la commission des affaires sociales des Jésuites d’Afrique et du Madagascar sur la problématique de la gestion des résultats électoraux en Afrique, les cohabitations et la réconcialiation post-conflit (au Zimbabwe, Kenya et RDC).
En 2011, comme consultant, il a fait une étude comparative du Burundi et l’Afique du Sud sur les enjeux de la paix, la justice, le pardon et la réconcialiation dans les pays post-conflit. Il a fait des consultances notamment sur la problématique de la mémoire historique au Burundi (2012), sur la situation sociopolitique avant, pendant et après les massacres de 1972 au Burundi.
Père Yamuremye se définit comme un fervent ndadayiste. Mais une certaine opinion le présente comme la caisse résonnante du parti Cndd-Fdd. Mais, selon certaines sources à l’hémicycle de Kigobe, les observations de Père Yamuremye commenceraient à agacer les hommes au pouvoir.
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Libérate Nicayenzi, « éternelle représentante des Batwa »
Née à Kayokwe en province Mwaro en 1953, Libérate Nicayenzi est sénatrice depuis 2010. Elle est à la CVR comme représentante de l’ethnie Twa. Avant cette date, cette enseignante détentrice d’un diplôme d’instituteur D4 siégeait à la chambre basse du Parlement depuis 1998. Elle fut observatrice dans les négociations de l’Accord de paix d’Arusha.
Elle est présidente et représentante légale de « Unissons-nous pour la promotion des Batwa »(Uniproba). Bien qu’elle soit détentrice d’au moins cinq certificats, des Twa beaucoup plus formés commencent à contester l’éternelle représentation de Mme Nicayenzi. Son challenger à la CVR était le député Alfred Ahingejeje. Mais celui-ci retirera sa candidature quelques heures avant l’élection.
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Mgr Onesphore Nzigo, « un poids léger dans la CVR »
Né en 1951 en commune Gishubi (Gitega), Mgr Onesphore Nzigo est actuellement président du réseau national des pasteurs des Eglises chrétiennes au Burundi. Il a exercé de nombreuses hautes fonctions au sein de l’Eglise Méthodiste Libre, mais n’a aucune expérience politique.
Après son diplôme d’instituteur D4 obtenu à l’Ecole Moyenne Pédagogique de Kibimba en 1969, il est professeur à l’institut de théologie évangélique de Mweya jusqu’en 1977. Il sera aussi directeur-adjoint puis directeur de cet institut de 1981 à 1994.
M. Nzigo a fait des études dans des écoles de théologie au Kenya.
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Pascasie Nkinahamira, « une uproniste à sa place ? »
55 ans, cette native de la commune Rutana est actuellement conseillère chargée des questions juridiques et administratives à la première vice-présidence de la République. Elle occupe cette fonction après un passage de deux mois à la commission nationale des terres et autres biens.
De 2001 à 2005, Mme Nkinahamira a été députée, présidente de la commission permanente chargée du rapatriement, de la réinsertion et de la réhabilitation des sinistrés. De 1998 à 2001, elle est députée, membre de la commission justice et droit de la personne humaine. En 2011, pendant seulement cinq mois, elle fut vice-présidente du comité technique chargé de la préparation et de la mise en place des mécanismes de justice de transition.
« Cela suffit-il pour dire que Mme Nkinahamira est l’uproniste qu’il faut à la CVR ? », demande Jean Baptiste Manwangari.
Mais il reconnaît que cette juriste de l’Université du Burundi (1980-1986) peut jouer un rôle déterminant dans la recherche de la vérité. En effet, de 1987 à1998, elle a été successivement secrétaire au parquet de Bujumbura, vice-présidente du tribunal de Grande Instance en mairie de Bujumbura et magistrate à la Cour d’Appel de Bujumbura.
Mme Nkinahamira est membre de plusieurs associations. Elle est membre du bureau exécutif de l’Uprona de Concilie Nibigira.
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Didace Kiganahe, un juriste chevronné « apolitique »
A 54 ans, Didace Kiganahe est actuellement avocat au bareau de Bujumbura, professeur de droit et consultant. De 2001 à 2012, il a occupé de hautes fonctions étatiques. D’abord comme ministre en charge de la Bonne Gouvernance et de la Privatisaation (201-2003). Ensuite comme ministre de la Justice et Garde des Sceaux (2003-2005). En 2005, il sera élu député et siégera à l’Assemblée nationale comme 2ème vice-président. Il sera aussi coordonnenateur du réseau des parlementaires de l’Afrique centrale de 2009 à 2012.
La CVR pourra compter sur M. Kiganahe, notamment pour ce qui est de l’élaboration des textes légaux. En effet, ce professeur de droit et avocat passe pour l’auteur de la Constitution de la République de 2005 en vigueur actuellement. Il a participé à l’élaboration de plusieurs lois : le Code électoral de 2005, la loi sur la Cour suprême, la loi sur l’organisation judiciaire, la loi sur la Cour des comptes, le code pénal de 2009 et le code de précédure pénale de 2013.
Depuis la Belgique, M. Kiganahe se reconnaissait dans le Frodebu. Mais en 2008, il sera un des architectes du Frodebu Nyakuri. Aujourd’hui, M.Kiganahe se dit apolitique. Il affirme avoir même présenté une lettre de démission à Jean Minani et au parti Frodebu Nyakuri. Mais des sources de l’hémicycle de Kigobe sont unanimes pour reconnaître que c’est Jean Minani et le parti Frodebu Nyakuri qui ont parainné la candidature de M. Kiganahe.
Signalons que M. Kiganahe est docteur en droit. Il est né en commune Mugongomanga. Avec la restructuration de cette commune en 1992, il est de la commune Mukike. Il est marié et père de trois enfants.
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>>> Réactions sur la CVR
Une Commission taillée sur mesure
Vital Nshimirimana, délégué général du Forsc, n’y va par quatre chemins : « Sauf le président de la commission, les autres commissaires ne rassurent pas quant à la suite des événements. » Et pour cause, explique-t-il, ils ont été élus dans le flou le plus total. « Nous avions demandé qu’on affiche la liste des 33 candidats afin que tout le monde ait le temps de s’exprimer sur leur compte, mais cela n’a pas été fait. »
L’autre grief porté par Vital Nshimirimana est la précipitation dans laquelle les 11 commissaires ont été élus. Selon lui, l’activité a été annoncée au public quelques heures seulement avant son début. Pour lui, cet empressement démontre que tout avait été joué d’avance.
Pire, confie le délégué général du Forsc, la présence de certaines figures dans la commission comme Clotilde Niragira ne rassure pas. « Elle était ministre de la Justice à l’époque des massacres de Muyinga et de la torture d’Alphonse-Marie Kadege, l’ancien Premier vice-président de la République. Comment voulez-vous qu’une pareille personnalité soit impartiale? » Pour lui, elle pouvait engager des poursuites judiciaires contre les tortionnaires de Kadege, mais elle ne l’a pas fait. De plus, les massacres de Muyinga n’ont jamais été élucidés. « Il est aberrant que ce soit cette personne qui soit nommée secrétaire général de la CVR et qui deviendra probablement le porte-parole de la commission. »
Hormis Clotilde Niragira, Vital Nshimirimana estime que la commission est composée de personnalités des anciens régimes sous lesquels des crimes graves ont été commis au Burundi. C’est pourquoi, soutient-il, il est difficile de croire en leur impartialité, neutralité, probité, qualités que devrait avoir chaque membre de la commission.
Une CVR issue d’un processus biaisé
Charles Nditije, président du parti Uprona non reconnu par le ministère de l’Intérieur, dit ne pas attendre grand-chose de la CVR. Lors de la négociation de la mise en place de cette commission, explique-t-il, le parti au pouvoir a refusé d’intégrer le volet justice et a fait cavalier seul alors que le processus était tripartite au début. « C’est une façon de consacrer l’impunité des crimes de guerre, de génocide et contre l’humanité. » C’est pourquoi, renchérit-il, les députés upronistes étaient absents lors du vote des commissaires. Et d’ajouter qu’ils ne pouvaient pas voter pour des commissaires qui vont utiliser un instrument complètement désuet et inadapté. M. Nditije rappelle qu’on ne force pas le pardon. Quant à ceux qui pensent que l’Uprona aurait peur de la CVR, le président de ce parti soutient que s’il y a des Upronistes qui ont commis des crimes, ils doivent être identifiés et traduits devant la justice. Et de proposer aux 11 commissaires de demander l’amendement de la loi sur laquelle ils vont se référer.
Cher Iwacu, de plus en plus de jugements de valeur chez vous!!! « Une CVR qui ne rassure pas ». Qui ne rassure pas qui?Vous feriez mieux d’ajouter « tout le monde » pour avoir « Une CVR qui ne rassure pas tout le monde », puisqu’il y en a qui sont rassurés, dont moi même qui insiste pour que mon commentaire soit publié malgré vous. Désolé que nous n’avons pas de place dans votre papier biaisé. En effet, quand vous faites réagir Nditije et Shimirimana seulement, que cherchiez-vous? Pas à l’équilibre d’opinion en tout cas.
» Il aurait aussi défié le Conseil des sheikh en 2011. Ses détracteurs lui reprochent aussi le fait de parler « assez bien » le kirundi et le français. « C’est pour cette raison que le jour de l’élection, il ne s’est pas présenté devant les députés pour défendre sa candidature ».
Le Sheikh là,vous êtes sûr qu’il est burundais?
@king
« Le Sheikh là,vous êtes sûr qu’il est burundais? »
Etre burundais, cela se lit sur son visage?
Le petit esprit nous poursuit!!!
@Bakara. Toi-même,petit esprit! Tu ne sais pas lire entre les lignes ou pas ? J’ai dit ca parce on dit qu’il parle « ASSEZ bien le kirundi » et j’insiste sur le assez bien!
King tu es malade ou quoi? Pour toi être burundais c’est quoi? S’il n’était pas burundais pourquoi vous les sans-échecs ont tué son père en 1993 en pleine journée à Mutakura?? . Kandi wobawarimu ba sans-échecs.
Juste pour te dire que je le connais bien du fait d’avoir grandi avec lui et toute sa famille.
Je n’aime pas parler des gens que je ne connais pas alors je vais seulement parler de celui que je connais :Mgr Antoine-Pierre Madaraga.
Dans le texte on dit cela : » un valet de Nkurunziza à la CVR …(…)… Une certaine opinion l’étiquette, cependant, comme « un Tutsi qui a vendu son âme au parti Cndd-Fdd. Mgr Madaraga s’en défend et fait remarquer qu’une autre opinion le présente comme un « extrémiste tutsi. »
J’aimerai dire un grand a ses personnes qui l’ont décrits car tout ce qui a été dit est vrai! Totalement vrai. Etant un ami à lui, ceux qui disent que c’est un valet de Nkurunziza n’ont pas tort, c’est un bon ami à Nkurunziza, ayant même la photo de Nkurunziza chez lui. Sans oublier ses relations très étroites avec les services de renseignement burundais. Donc oui, il a bien vendu son âme aux DD.
Deux: Un extrémiste tutsi? Pas faux. Avant les années 2000 il faisait parti de ces gens qui ne supportent pas les Hutus. Il a même tenté de faire assassiner un ami Hutu lors de la crise de 93 ,que je connais bien mais dont je ne compte pas révéler le nom ici. Et si je n’utilise pas le conditionnel c’est bien parce que j’étais un témoin direct de tout ça. Alors aujourd’hui, soit il a changé, soit il fait semblant d’être proche des Hutu pour ses intérêts. Une chose est sûre, il a un frère Révérien qui est beaucoup plus extrémiste que lui, yigisha amacakubiri ahaciye hose. Son frère est une véritable catastrophe et un réel danger pour l’avenir du Burundi.
Je vais m’arrêter ici. Je ne fais pas du tout confiance à cette CVR. On ne peut pas être juge et parti dans un procès. Les autres personnes je ne les connais pas, mais cette présence de Madaraga au sein de cette même CVR me fait dire que c’est déjà perdu d’avance.
Je vous remercie