On s’attendait à une mise en garde, un avertissement, un message fort. L’administrateur de la commune Bwambarangwe a passé à tabac trois jeunes filles. L’une d’elle est toujours hospitalisée. Il les accuse d’empêcher les gens de payer les taxes communales. La population de Butegana, leur colline de résidence, parle plutôt des mobiles politiques : «Elles faisaient des répétitions de danse pour les cérémonies d’ouverture de la permanence du parti CNL. ». Dans tous les cas, il y a erreur de procédure.
Pour le premier cas, il y a des services habilités à traiter un tel dossier, à savoir la police et la justice. Si le deuxième cas s’avère vrai, cela démontrerait que l’intolérance politique arrive au paroxysme dans cette commune. En effet, une telle autorité doit se placer au-dessus des clivages politiques. Elle doit promouvoir la liberté et la dignité entre les personnes qu’elle dirige. Elle devrait promouvoir la cohésion dans sa commune. Ce qui s’est passé est un mauvais précédent, avec risque de provoquer un effet domino pour les autres communes. Attitude qu’il faut décourager à la veille des élections. L’administrateur devrait être ramené à l’ordre, recadré.
Ce qui n’est pas le cas, apparemment. Aucun message. Par contre, les responsables provinciaux essayent de mettre un bémol pour calmer le jeu, pour ne pas heurter, choquer. « L’administrateur a pris un bâton et a donné quelques coups. A cause de la colère, elle a été prise par une crise d’estomac», explique le président du parti Cndd-Fdd en province Kirundo. Pour le gouverneur de province, l’administrateur communal n’avait pas l’intention de faire du mal à ces filles, mais « c’était une manière de corriger un enfant. » Des réponses simples, simplistes. Une langue de bois. Du politiquement correct. Comme disent les politologues, si une idéologie ignore certaines réalités, la réalité finit par se venger.