Une crise financière contraint l’Assemblée législative de l’Afrique de l’Est (EALA) à suspendre ses activités pour le premier semestre de 2025. La décision a été prise le 6 février. Hélas, cette suspension législative semble récurrente dans cette institution censée promouvoir l’intégration régionale par la législation, la surveillance et la représentation au niveau de la Communauté d’Afrique de l’Est, l’EAC. La grave crise de trésorerie est due aux retards des contributions des États membres de l’EAC. À titre d’exemple, à la fin de 2022, le Soudan du Sud accusait une dette de plus de 22 millions de dollars en cotisations impayées. Je ne me limite que sur ce pays…
Les contributions irrégulières de la part des États membres affectent aussi d’autres activités essentielles. Comment couvrir tous les pays membres pour sensibiliser une population d’environ 300 millions sur l’intégration ? Seraient-elles également à l’origine de la réduction des plénières de l’EALA ? Une députée n’a pas mâché ses mots en décrivant la situation : « Nous ne tenons que quatre plénières par an. Une plénière dure 14 jours. Cela veut dire que nous ne travaillons que 56 jours par an. Pourtant, nous sommes payés pour toute l’année. Nous disons non, nous sommes là pour travailler ». Les États ayant des arriérés de paiement pourront-ils régulariser rapidement leur situation afin de permettre la reprise des activités ?
A contrario, certains analystes estiment que la situation risque de s’enliser. En effet, avec la guerre à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), il y a lieu de s’inquiéter sur l’avenir de l’EALA, et par ricochet de toute la Communauté d’Afrique de l’Est. De mémoire, alors que la situation n’était pas aussi tendue qu’aujourd’hui, les députés de la RDC se sont abstenus de participer à l’assemblée générale de l’EALA à Kigali, du 23 novembre au 7 décembre 2023.
La guerre met à genoux le développement non seulement de la RDC, mais également de toute l’EAC. Aucun essor économique n’est possible dans un environnement conflictuel. La situation sécuritaire précaire dans les provinces orientales a des répercussions directes sur les échanges commerciaux transfrontaliers. Le journal Iwacu vient de faire un reportage au marché très fréquentés par les Congolais, communément appelé Chez Sion. Les activités sont à l’arrêt, ou presque.
Au-delà des impacts directs sur le commerce, les divergences de vues entre les Etats membres de l’EAC sur la crise à l’Est de la RDC et l’évolution rapide de la situation sur le terrain ne sont pas de nature à pallier cette crise de trésorerie à l’EALA. D’après un analyste des relations entre Etats, les tensions diplomatiques qui se multiplient au sein de la Communauté, les accusations mutuelles de soutien aux groupes armés et d’ingérence dans les affaires intérieures compromettent des projets d’infrastructure communs essentiels à l’intégration économique.
La Communauté d’Afrique de l’Est dont dépend l’EALA est en danger. Chaque minute est cruciale. Mais tout n’est pas perdu, il y a encore à espérer. Comme le martèle le cardinal congolais Ambongo, le dialogue est le maître mot « même avec ceux que nous considérons comme nos ennemis ». Je fais mien l’avis de l’analyste : « La survie du projet d’intégration Est-Africaine dépendra de la capacité des Etats membres à transcender leurs différends pour privilégier leurs intérêts communs. »
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