La Commission Vérité et Réconciliation conduite par l’archevêque Desmond Tutu en Afrique du Sud, dans les années 1990, a marqué l’opinion, notamment avec les face-à-face entre les familles des victimes et leurs bourreaux. L’Afrique du Sud devint un modèle dans les processus de réconciliation. Auréolé de ce succès, Mandela s’invita même dans le conflit burundais. On connaît la suite. Mais le Burundi ne connaîtra sans doute jamais une CVR à la manière sud-africaine…
La CVR est un instrument extrajudiciaire, flexible selon les circonstances et les rapports de force. Aujourd’hui, le CNDD-FDD, en position de force, veut tailler une CVR à son goût. On se souviendra que le parti au pouvoir n’était pas partie prenante dans les négociations d’Arusha et, de ce fait, ne se sent pas très lié par les engagements pris par les parties burundaises.
La mise sur pied d’une Commission vérité n’est donc pas synonyme de succès. Tout dépend du mandat, de la méthodologie, des moyens offerts. D’après un spécialiste, « le fondement des Commissions vérité est de refuser ce choix entre la justice pénale et l’impunité qui peut alimenter l’envie de revanche. D’élaborer une troisième voie qui vise à dissocier l’amnésie et l’amnistie. »
Au Burundi, le choix semble s’être porté sur l’amnésie. Oublier tout. En prônant une sorte de « pardon global », en occultant le volet judiciaire dans la recherche de la vérité, on aboutira à une Commission vérité sans beaucoup … de vérité.