Une appropriation du concept de résolution pacifique des conflits par les communautés à la base est en cours, depuis plusieurs mois, au Burundi.
Egide Nduwimana, jeune leader à Isare, évoque des pesanteurs socioculturelles en matière de conciliation au niveau communautaire : « On n’est pas pour supplanter les chefs collinaires, on est complémentaire. Nous avons notre contribution à donner pour la concorde sociale».
Yvette Niyonkuru, 20 ans, de la colline Mikoni, commune Bukinanyana en province Cibitoke, assure qu’elle aide dans la résolution pacifique des conflits, surtout chez les jeunes de son entourage. « Aujourd’hui, je n’ai plus peur de m’exprimer devant les gens».
Charlène Akimana, 19 ans, de la colline Campazi, commune Muruta en province Kayanza, dirige une quarantaine de personnes. «Je viens d’en hériter six autres. C’est une lourde tâche. Je vais essayer de l’accomplir avec brio».
Le sud du pays n’est pas en reste. De Kibago à Kayogoro en passant par Vugizo de la province Makamba, des jeunes leaders et leurs aînés sont formés en résolution pacifique des conflits.
Cette dissémination dudit concept provoque une lame de fond d’un changement des mentalités au moment où la courbe de l’intolérance politique, à la faveur de l’agrément du CNL, a connu une évolution ascendante, atteignant un pic en mars dernier.
Ces deux mondes ne sont pas deux droites parallèles ayant vocation à ne pas se rencontrer. Leurs logiques reposant sur des ressorts antagonistes les conduiront à se faire face, ici et là, sur les 27834 km2. Quid de leur rapport de force ?
Celles et ceux qui ont la résolution pacifique des conflits chevillée au corps ont pour rempart « la sagesse, l’humilité, la persévérance et l’abnégation ». Ces qualités leur permettront d’agir efficacement en situation d’interaction sociale avec leurs antithèses. En devenant des artisans patentés de la paix et de l’entente au niveau communautaire, ils affermiront leur leadership qui, le cas échéant, se transformera en forte capacité de mobilisation citoyenne.
Quant à ceux qui appartiennent à l’autre Burundi de 2019, leurs interactions avec les personnes du dehors se ramènent à la violence verbale, le terreau des conflits. Et ce, dans un contexte où des acteurs sociaux sont déjà engagés résolument dans l’édification d’un Burundi où prévaut non pas l’absence de la guerre mais la paix positive, un préalable à un Burundi qui réussit. Dans ces conditions, la mécanique de la peur s’enrayera pour ne plus produire l’effet escompté.
Le salut d’un monde où « la raison du plus fort est toujours la meilleure » passera par le remplaçant de son logiciel de fonctionnement actuel par celui de la culture de la contradiction. Tout système cherchant à se succéder à lui-même se doit d’absorber le choc des idées contradictoires pour mieux se retourner et retomber sur ses pattes.