Jeudi 31 octobre 2024

Société

Une chasse aux chats dans la capitale économique

31/10/2024 0
Une chasse aux chats dans la capitale économique
La chasse aux chats devenue monnaie courante dans la capitale économique

Dans certains quartiers de la capitale économique Bujumbura, des enfants sillonnent les rues avec des chiens de chasse improvisés. D’autres ont même confectionné des pièges à chats. Plus d’un se posent alors la question sur le pourquoi de cette chasse. Les chats sont-ils devenus comestibles ?

Dans le quartier Mutakura de la zone urbaine de Cibitoke, plusieurs enfants qui ont entre 10 et 15 ans, avec des sacs sur leurs dos, circulent dans les rues, accompagnés de chiens. Ils surgissent à l’improviste et leurs chiens font peur à ceux qui les croisent.

Ils passent entre les parcelles et des fois ils courent dans tous les sens quand ils repèrent un chat. Ils ont des bâtons qu’ils utilisent pour assommer l’animal que leurs chiens de chasse attrapent et ils le mettent dans l’un des sacs qu’ils portent.

Ces enfants sont presque partout et semblent avoir le même âge. Dans le quartier INSS de la zone urbaine de Rohero, c’est le même scénario à part qu’ils circulent dans les ruelles sans donner l’impression qu’ils sont en train de chasser.

Un habitant du quartier Mutakura s’inquiète à propos de cette chasse et avoue avoir posé la question à ces enfants. « Nous les vendons boss », lui ont-ils répondu. Quand il a voulu en savoir plus, ils ont continué leur chemin. Ils étaient pressés.

Des pièges à chat

Dans la zone urbaine de Kamenge, en commune urbaine de Ntahangwa, un éleveur de pigeons a fait confectionner un piège à chat pour pouvoir empêcher ces derniers de tuer et de manger sa volaille. « Le piège en soi est sophistiqué parce qu’il peut même faire du mal à une personne s’il n’est pas posé délicatement. Mais, les chats attrapés sont vendus carrément », témoigne-t-il.

Un habitant de la zone urbaine de Gihosha raconte qu’il y a eu un moment où sa zone était victime d’une invasion de chats qui causaient des dommages dans des poulaillers. Il indique que son travailleur de maison a pris les choses en main et s’est rendu au marché de Kinama pour se procurer d’un piège à chat. « Cela doit être une affaire qu’il connaissait parce que, depuis qu’il a installé ce piège, il y a un homme bien habillé qui vient acheter les chats attrapés pour une somme allant de 15 000 à 20 000 BIF par chat. Je me dis que de toutes les façons ceux qui les achètent ne le font pas pour les élever ni pour les enterrer. Nous devrions surtout surveiller la provenance des viandes que nous mangeons aujourd’hui », interpelle-t-il.

Une jeune fille prénommée Macha du quartier Gisandema de la même zone déplore la disparition de ses chats d’une manière qui lui a semblé bizarre. « J’adore les chats depuis mon enfance. Avec la permission de mes parents, j’élevais quatre chats. Je leur donnais à manger moi-même jusqu’au jour où ils ont commencé à manquer à l’appel petit à petit. Ça faisait des années que je ne ratais pas la compagnie de ces petites bêtes. Mais maintenant, je me sens découragée par l’idée de penser à encore élever les chats pour les voleurs qui en tireront profit », raconte-t-elle triste.

Elle fait savoir que depuis qu’elle a entendu que des chats se vendent pour une finalité qui n’est pas encore connue, sa passion s’est progressivement effritée. Elle ne cache pas non plus le doute que certaines personnes qu’elle qualifie de mauvaise foi les mangent.

Kinama et Kamenge, un marché florissant

Les enfants chasseurs de chats, eux, disent qu’ils vendent les bêtes qu’ils attrapent dans la zone urbaine de Kamenge mais, ils refusent de donner plus de détails. « Je ne peux pas vous dire tous les détails. Mais, je sais que si j’arrive à attraper un chat, je rentre avec un billet de 2 000 BIF », raconte l’un des garçonnets. Ces jeunes garçons assurent que peu importe l’état dans lequel tu amènes le chat chez l’acheteur, les 2 000 BIF restent garantis.

Pendant que ces jeunes vendent à moins cher, un chasseur de chat qui utilise un piège à chat témoigne qu’il vend un chat à plus de 15 000 BIF. Il précise qu’il n’a pas à se déplacer puisque c’est l’acheteur qui vient vers lui. Tout ce qu’il sait, c’est que l’acheteur vient du quartier Kinama.

Quel est le sort des chats attrapés ?

Face à ce phénomène, les habitants eux se posent des questions suite au mystère qui l’entoure. Quel est par exemple le sort des chats attrapés ? Certains disent que certaines viandes suscitent des doutes quant à leur goût quand on les consomme. D’autres préfèrent aujourd’hui acheter la viande dans des endroits bien connus.

Un habitant de la zone urbaine de Bwiza qui a requis l’anonymat avoue que les chats sont maintenant sur le menu de la viande que les gens ont commencé à consommer dans la capitale économique sans le savoir. « La chasse aux chats a commencé depuis belle lurette. Les gens commencent à s’en inquiéter à cause de l’ampleur que ça prend. Certaines personnes mangent les chats. C’est connu. Ce n’est pas dans la culture burundaise. Mais, en cachette, ça se fait », insiste-t-il.

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