Samedi 21 décembre 2024

Société

Une chasse aux chats dans la capitale économique

31/10/2024 9
Une chasse aux chats dans la capitale économique
La chasse aux chats devenue monnaie courante dans la capitale économique

Dans certains quartiers de la capitale économique Bujumbura, des enfants sillonnent les rues avec des chiens de chasse improvisés. D’autres ont même confectionné des pièges à chats. Plus d’un se posent alors la question sur le pourquoi de cette chasse. Les chats sont-ils devenus comestibles ?

Dans le quartier Mutakura de la zone urbaine de Cibitoke, plusieurs enfants qui ont entre 10 et 15 ans, avec des sacs sur leurs dos, circulent dans les rues, accompagnés de chiens. Ils surgissent à l’improviste et leurs chiens font peur à ceux qui les croisent.

Ils passent entre les parcelles et des fois ils courent dans tous les sens quand ils repèrent un chat. Ils ont des bâtons qu’ils utilisent pour assommer l’animal que leurs chiens de chasse attrapent et ils le mettent dans l’un des sacs qu’ils portent.

Ces enfants sont presque partout et semblent avoir le même âge. Dans le quartier INSS de la zone urbaine de Rohero, c’est le même scénario à part qu’ils circulent dans les ruelles sans donner l’impression qu’ils sont en train de chasser.

Un habitant du quartier Mutakura s’inquiète à propos de cette chasse et avoue avoir posé la question à ces enfants. « Nous les vendons boss », lui ont-ils répondu. Quand il a voulu en savoir plus, ils ont continué leur chemin. Ils étaient pressés.

Des pièges à chat

Dans la zone urbaine de Kamenge, en commune urbaine de Ntahangwa, un éleveur de pigeons a fait confectionner un piège à chat pour pouvoir empêcher ces derniers de tuer et de manger sa volaille. « Le piège en soi est sophistiqué parce qu’il peut même faire du mal à une personne s’il n’est pas posé délicatement. Mais, les chats attrapés sont vendus carrément », témoigne-t-il.

Un habitant de la zone urbaine de Gihosha raconte qu’il y a eu un moment où sa zone était victime d’une invasion de chats qui causaient des dommages dans des poulaillers. Il indique que son travailleur de maison a pris les choses en main et s’est rendu au marché de Kinama pour se procurer d’un piège à chat. « Cela doit être une affaire qu’il connaissait parce que, depuis qu’il a installé ce piège, il y a un homme bien habillé qui vient acheter les chats attrapés pour une somme allant de 15 000 à 20 000 BIF par chat. Je me dis que de toutes les façons ceux qui les achètent ne le font pas pour les élever ni pour les enterrer. Nous devrions surtout surveiller la provenance des viandes que nous mangeons aujourd’hui », interpelle-t-il.

Une jeune fille prénommée Macha du quartier Gisandema de la même zone déplore la disparition de ses chats d’une manière qui lui a semblé bizarre. « J’adore les chats depuis mon enfance. Avec la permission de mes parents, j’élevais quatre chats. Je leur donnais à manger moi-même jusqu’au jour où ils ont commencé à manquer à l’appel petit à petit. Ça faisait des années que je ne ratais pas la compagnie de ces petites bêtes. Mais maintenant, je me sens découragée par l’idée de penser à encore élever les chats pour les voleurs qui en tireront profit », raconte-t-elle triste.

Elle fait savoir que depuis qu’elle a entendu que des chats se vendent pour une finalité qui n’est pas encore connue, sa passion s’est progressivement effritée. Elle ne cache pas non plus le doute que certaines personnes qu’elle qualifie de mauvaise foi les mangent.

Kinama et Kamenge, un marché florissant

Les enfants chasseurs de chats, eux, disent qu’ils vendent les bêtes qu’ils attrapent dans la zone urbaine de Kamenge mais, ils refusent de donner plus de détails. « Je ne peux pas vous dire tous les détails. Mais, je sais que si j’arrive à attraper un chat, je rentre avec un billet de 2 000 BIF », raconte l’un des garçonnets. Ces jeunes garçons assurent que peu importe l’état dans lequel tu amènes le chat chez l’acheteur, les 2 000 BIF restent garantis.

Pendant que ces jeunes vendent à moins cher, un chasseur de chat qui utilise un piège à chat témoigne qu’il vend un chat à plus de 15 000 BIF. Il précise qu’il n’a pas à se déplacer puisque c’est l’acheteur qui vient vers lui. Tout ce qu’il sait, c’est que l’acheteur vient du quartier Kinama.

Quel est le sort des chats attrapés ?

Face à ce phénomène, les habitants eux se posent des questions suite au mystère qui l’entoure. Quel est par exemple le sort des chats attrapés ? Certains disent que certaines viandes suscitent des doutes quant à leur goût quand on les consomme. D’autres préfèrent aujourd’hui acheter la viande dans des endroits bien connus.

Un habitant de la zone urbaine de Bwiza qui a requis l’anonymat avoue que les chats sont maintenant sur le menu de la viande que les gens ont commencé à consommer dans la capitale économique sans le savoir. « La chasse aux chats a commencé depuis belle lurette. Les gens commencent à s’en inquiéter à cause de l’ampleur que ça prend. Certaines personnes mangent les chats. C’est connu. Ce n’est pas dans la culture burundaise. Mais, en cachette, ça se fait », insiste-t-il.

Forum des lecteurs d'Iwacu

9 réactions
  1. fe

    KURYA INTAMA
    KURYA ISWA
    ….
    Aho hambere gufungura intama n’iswa ntivyari ibisanzwe … Uno bimeze gute? Culture, Honte, etc.
    Abarundi banyanyagiye kw’isi hose, baharahura ubumenyi n’imico itandukanye. Ntaco vyica mama we.
    Munyamakuru,
    Muratubariza abatunzi b’inyabu nabo uko babangamiwe.

  2. Stan Siyomana

    1. Comme l’on est pas en periode de famine, les dirigeants burundais doivent stopper des comportements de la population qui demontrent un manque de dignite.
    2. Par exemple, pendant le siege de la ville de Leningrad en Union Sovietique, les gens devaient manger de la viande de chat pour survivre.
    « Le siège de Léningrad est le siège de près de 900 jours imposé à la ville de Léningrad par la Wehrmacht au cours de la Seconde Guerre mondiale.
    Commencé le 8 septembre 1941, le siège fut levé le 27 janvier 1944 par les Soviétiques, qui repoussèrent les Allemands malgré des pertes humaines colossales (1 800 000 victimes, dont près d’un million de civils)…
    La faim est particulièrement éprouvante pour les habitants assiégés, provoquant une déshumanisation et des actes peu communs. Lorsqu’il n’y a plus de viande, les chiens et les chats sont mangés dans un premier temps. Ce qui a d’ailleurs causé un grave problème de rongeurs, à la suite de la disparition des chats. Après la percée du blocus en janvier 1943, l’un des tout premiers trains transportait plusieurs wagons de chats pour alimenter la population.

    Fin 1942 la situation est tellement difficile que la population a recours au vol de chair humaine sur les cadavres gelés, déposés à même le sol dans les cimetières et dont les corps sont conservés par le froid extrême. On dénombrera 2 015 arrestations pour des faits de cannibalisme… »
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Si%C3%A8ge_de_L%C3%A9ningrad

  3. Stan Siyomana

    1. Ce n’est pas du tout dans les coutumes burundaises de manger de la viande de chat.
    2. Les dernieres annees au Burundi, l’on a essaye d’augmenter la production de viande de porc, viande de lapin, poissons dans les etangs et aujourd’hui n’est pas en etat de famine ou de guerre, donc il n’y a pas de raison pour que les gens commencent a se comporter de facon irrationelle.
    3. « Investi dès le 14 septembre 1870 par les Prussiens, le siège de Paris était inédit par l’importance de la population. L’intendance avait prévu des réserves de vivres très importantes : 447 000 quintaux de farine, 25 000 œufs, 150 000 moutons, 2 000 porcs… On a consommé assez rapidement toutes les réserves, surtout de viande. On a consommé les chevaux, les ânes, les chats (25 000 dit-on) puis enfin les chiens et même les rats…. »
    https://www.canalacademies.com/emissions/les-chroniques/histoire-et-gastronomie/les-experiences-gastronomiques-du-siege-de-paris-en-1870

  4. Anna

    quelle honte! En Occident on arrive pas à croire sue cela soit possible.
    pourquoi est ce que l’on éduque pas les enfants au respect et à l’amour des animaux.

    • Economiste

      Quand on produit des enfants donc des bouches sans limite alors que voulez vous que ces enfants mangent dans un pays pauvre?Bientôt ils auront des pièges à humain et devenir canibales au lieu de crêver la dalle.Réduire les naissances devient urgent!

    • Anonyme

      Le seul problème c’est manger chien et chat par pauvreté. Mais sinon…si c’est une culture, respect! Chaque Peuple sa culture. Il est des animaux que les Européens et d’autres peuples mangent mais que les Burundais ou autres peuples ne mangeraient jamais. C’est comme les escargots, les chenilles, certains « molusques de mer », etc. Mais la colonisation n’a pas pris fin, et elle va dans un sens… alors sûrement qu’ils finiront par copier le colon. Si, par le passé les Russes ont mangé le chat par pauvreté, où est level problème que les Burundais en mangent aujourd’hui?

      • Stan Siyomana

        @Anonyme
        Les russes de Leningrad vivaient dans une periode de siege de 900 jours.
        Aujourd’hui le Burundi n’est pas en periode de famine. Un jeune homme affame va lui-meme manger le chat, SEUL LE VAGABOND VA PARCOURIR LES QUARTIERS POUR ATTRAPER DES CHATS A VENDRE A UN CERTAIN BOUCHER OU UN CERTAIN RESTAURANT.

      • Stan Siyomana

        @Anonyme
        1. Vous ecrivez:« Mais la colonisation n’a pas pris fin, et elle va dans un sens… alors sûrement qu’ils finiront par copier le colon… »
        2. Mon commentaire
        a. Les colons n’ont rien avoir avec le nouveau comportement bizarre de nos jeunes vagabonds burundais. Je n’ai jamais vu nulle part ou l’on dit que le colon belge mangeait de la viande de chat au Burundi.
        b. Et puis certains de nos jeunes burundais ne savent meme pas qui a colonise le Burundi. Dernierement le plus grand Youtuber burundais, Burundian Traveller BI, est alle au Ghana et au Togo est a explique au monde entier qu’on parle le francais au Burundi parce que L’ON A ETE COLONISE PAR LA FRANCE.

    • Stan Siyomana

      @Anna
      Aujourd’hui dans la petite ville de Springfield, dans l’Etat d’Ohio (a l’est des Etats-Unis) des personnes malintentionnees repandent des rumeurs de Haitiens qui volent des chats pour les manger.
      « Un membre d’un groupe Facebook consacré à la criminalité à Springfield aurait fait part des propos d’un «ami de la fille de son voisin» qui aurait affirmé qu’un de ses voisins haïtiens aurait tenté de manger son chat.
      Un reportage datant de la fin du mois d’août sur une femme arrêtée pour avoir tué et mangé un chat a également circulé en ligne.
      Des commentateurs de droite ont utilisé ce reportage pour faussement accuser des immigrants haïtiens de s’être livrés à des activités similaires…
      La police de la Ville de Springfield a rapidement démenti la rumeur.
      «Il n’y a pas d’informations crédibles ou d’affirmations précises sur des animaux de compagnie maltraités, blessés ou abusés par la population immigrante», a-t-elle indiqué par voie de communiqué… »
      https://www.24heures.ca/2024/09/10/les-republicains-accusent-des-immigrants-haitiens-de-voler-des-chats-pour-les-manger-en-ohio

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