«Pour qu’une loi soit bien respectée, il faut qu’elle soit très proche de la justice, des droits de l’Homme et des usagers. C’est une technique de législation », a rappelé Me Déo Ndikumana, commissaire à la commission nationale indépendante des droits de l’Homme (CNIDH), lors de la dernière émission Club de la presse. Un projet d’une loi révisée de la presse venait d’être adopté, la veille, au parlement, sur fond de controverses dans les milieux des professionnels des médias et des défenseurs de la liberté de la presse aussi bien au Burundi qu’à l’étranger. De l’avis de Me Ndikumana, « les conséquences d’une mauvaise loi, c’est la résistance du peuple à la respecter ». Il assure que « tout n’est pas perdu car les lois sont toujours discutables, sujettes à interprétation. Avant la promulgation, le président peut envoyer le projet à la Cour Constitutionnelle ou au parlement. » Et d’ajouter : « Dans l’hypothèse rouge ou noire, la Constitution n’autorise la saisine qu’au président de la République, aux présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, à l’ombudsman, et à l’initiative d’un quart des députés. » Il indique aussi que les journalistes ont le droit de recours. Vincent Nkeshimana, président de l’Association burundaise des radiodiffuseurs (ABR), en même temps directeur de la radio Insanganiro, quant à lui, a qualifié d’« injustes » les propos du sénateur Gélase Ndabirabe, qui a assimilé les journalistes aux politiciens lors du débat au sein de la chambre haute du parlement sur le même projet de loi controversé. « Après le parlement, on s’en remet au président de la République. Nous appelons aussi la population à constater que la loi est inapplicable. Ce n’est pas la loi du journaliste, c’est celle du citoyen qui a le droit d’être informé, de s’informer », a-t-il souligné. Pr Athanase Karayenga, consultant indépendant en communication, estime que «le défaut majeur de ce projet de loi est le refus de la protection des sources ». Fort d’une longue expérience du métier et des politiciens, M.Karayenga soutient que les politiciens adorent jouer avec les médias. A son sens, il faut arriver à l’apaisement le plus rapidement possible. « Nous allons vers des échéances très lourdes comme la mise en place de la commission sur la vérité et la réconciliation(CVR), les élections de 2015 », a-t-il souligné. Et de conclure : « Si les relations entre le gouvernement et les médias ne sont pas apaisées, il y aura des gros problèmes ».