Malgré le discours de la police et l’armée qui fait état d’une sécurité à plus de 90% sur tout le territoire burundais, 2016 a été caractérisé par des assassinats ciblés contre les hauts cadres civils et militaires, des arrestations abusives et des disparitions des opposants politiques.
Dès le 3 janvier, l’on observe une recrudescence à Bujumbura des agressions sexuelles et viols par des hommes armés, qu’ils soient en uniformes ou non. Ce phénomène touche surtout les quartiers contestataires où la plupart des hommes ont fui par peur d’être arrêtés. Les femmes se retrouvent donc seules et vulnérables. La plupart des victimes ne rapportent pas l’agression par honte ou par peur de représailles.
Le 6 janvier, Hervé Ladsous, chef des opérations de maintien de la paix adresse au Conseil de sécurité de l’ONU un mémo où il prévient que la situation sécuritaire se dégrade au Burundi, avec une hausse des assassinats et des disparitions.
Le 15 janvier, les Nations unies dénoncent l’existence de massacres ethniques, de charniers avec une centaine de cadavres et de viols collectifs commis par les forces de sécurité.
Le 9 février, les avocats du président Pierre Nkurunziza déposent une plainte contre X pour diffamation publique auprès du Tribunal de grande instance de Paris. En cause, la diffusion dans le journal de France 3 du 13 janvier 2016 d’une vidéo montrant des actes de mutilation.
Le 29 février, la première mission du Haut-Commissariat aux droits de l’Homme de l’ONU pour enquêter sur les nombreuses violations dans le pays arrive. Les violences, désormais armées, ont déjà fait plus de 400 morts et poussé plus de 240 000 personnes à quitter le pays.
Assassinats des hauts gradés de l’armée et de hauts cadres de l’Etat.
Le 22 mars, le lieutenant-colonel Darius Ikurakure est assassiné par balles. Il était régulièrement pointé du doigt dans la répression contre les opposants au troisième mandat du président Pierre Nkurunziza.
Le 21 avril, le lieutenant-colonel Emmanuel Buzubona, est assassiné alors qu’il était à l’arrière d’une moto en train de rentrer chez lui.
Le 25 avril, le Général Athanase Kararuza, conseiller à la première vice-présidence de la République et sa femme sont tués lors d’une attaque à la grenade et à la roquette alors qu’ils déposaient leur fille au lycée du Saint Esprit.
Le 13 juillet, l’Honorable Afsa Mossi, parlementaire de l’Assemblée législative de la Communauté de l’Afrique de l’Est, est assassinée devant son domicile en zone Gihosha, avenue Nyankoni par un commando. Kigali est pointé du doigt.
Le 28 novembre Willy Nyamitwe, le conseiller de la présidence burundaise pour la Communication échappe à une tentative d’assassinat. Son garde du corps est tué et un autre blessé. Willy Nyamitwe est blessé au bras. Ici également, Kigali est mis en cause.
Arrestations abusives
Depuis le début de cette année, les informations faisant état d’arrestations de plus en plus fréquentes des éléments tutsi de l’armée sont véhiculées par les organisations des droits de l’Homme. Le porte-parole de l’armée balaie du revers de la main ces accusations et parle d’un mensonge véhiculé par ceux qui veulent la division de l’armée pour leurs intérêts inavoués : « Ce corps constitue un obstacle à leur plan. Ils essayent de tout faire pour que ce corps se disloque. Ils ont commencé par la campagne « Bring back our soldiers ».
Des rapports accablants sur des arrestations et disparitions
La Ligue Iteka a publié comme à l’accoutumée des rapports le long de l’année où elle a recensé des cas de disparitions et enlèvements. A titre illustratif, sur les trois derniers mois, cette ligue a recensé272 arrestations et 16 disparitions pour le mois d’octobre, 295 arrestations et 39 disparitions pour le mois de novembre et enfin 246 arrestations et 16 disparitions depuis début décembre. Pour Anschaire Nikoyagize, président de la ligue Iteka, toutes ces personnes arrêtées sont accusées de participer à des bandes armées.
Pour Alain Guillaume Bunyoni, ministre de la Sécurité publique, ces chiffres sont farfelus car confectionnés à Kigali. Pire, ils visent à semer la confusion. Et de féliciter qu’au cours de cette année, la police a pu démanteler des foyers résiduels d’insurrection de 2015 en commune Mugamba avec comme résultats la reddition de 35 criminels terroristes insurgés, la saisie de 288 fusils de type divers, 364 grenades, 27.144 cartouches de type divers, des bombes pour mortier 60, des bombes pour roquettes etc.
Dissolution ….
On apprend par ailleurs que la Ligue Iteka a été définitivement radiée de la liste des ONG habilitées à travailler dans le pays.
Cette mesure représente une importante avancée vers une sécurité « assurée à 100% » et recontrera certainement l’approbation unanime et empressée de tous les observateurs au fait de la situation du Burundi.
Quant à moi, JerryCan …