« J’ai l’honneur de parler au nom d’un groupe de pays dont l’Iran, le Burundi, la Chine, la Corée du Nord, le Nicaragua, la Russie, la Syrie, le Sri Lanka, le Venezuela et mon propre pays, la Biélorussie. » C’est en ces termes que le représentant de la Biélorussie s’est adressé à la présidente du Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies lors de la 46e Session, pendant les débats généraux le 12 mars. La déclaration a suscité de vives réactions à la fois par son contenu et la composition des pays membres qui en sont « auteurs ».
Les États membres de l’Union Européenne et le Royaume-Uni ont été littéralement sous le feu des critiques concernant la détérioration des droits de l’Homme en leur sein. Ils sont accusés de tout et son contraire : « Nous sommes préoccupés par les informations crédibles faisant état de violations systémiques des droits de l’Homme, en particulier celles impliquant des discours et des crimes de haine, la glorification du nazisme, la discrimination raciale et ethnique, la violation des droits des migrants, des réfugiés et des enfants et des peuples autochtones non accompagnés, des enfants à caractère sexuel… »
Certes des violations des droits humains ont lieu dans les pays occidentaux. Ce n’est pas nouveau. Mais est-ce que vraiment la coalition de ces Etats, à la tête desquels se trouve la Biélorussie, ont des leçons à donner en matière de respect des droits humains ?
Une autre question qui se pose avec plus d’acuité est de savoir l’intérêt qu’a le Burundi à s’allier avec ces pays. « Que cherche-t-il là-bas ? ». Pour certains analystes, le pouvoir de Gitega devrait plutôt mettre à profit certaines avancées politiques qui pourraient « booster » le dialogue politique en cours avec l’Union Européenne. Je citerais, entre autres, le retrait du Burundi de l’agenda du Conseil de Sécurité des Nations Unies, la levée des sanctions contre le Burundi par l’Organisation Internationale de la Francophonie, l’évolution dynamique entre le Burundi et le système des Nations unies dans son ensemble. Par ailleurs, contrairement aux rapports précédents, le président de la Commission d’Enquête sur le Burundi, Doudou Diène, a présenté un rapport qui se teinte de quelques points positifs. Il a salué un discours du président de la République « au relent révolutionnaire » suivi de quelques actions dont la levée des sanctions contre certains médias, la grâce présidentielle pour des prisonniers, le retour des réfugiés, etc. Bref, les lignes bougent. Un peu.
Selon des analystes, au Conseil des droits de l’Homme, ce sont ces « avancées » que Gitega aurait dû mettre en exergue, à la place de cette alliance avec ces pays.
Il y a des manifestations en Biélorussie suite aux élections jugées frauduleuses. L’opposition exige le départ du président « élu » Loukachenko. Ces contestations sont suivies de répressions, emprisonnements et exil des opposants dont la plus célèbre en exil est Svetlana Tikhanovskaïa. C’est une situation similaire à celle du Burundi il y a quelques années, stade que nous avons largement dépassé et ne souhaitons pas y retourner. C’est par conséquent incompréhensible que le Burundi demande ou accepte que la Biélorussie lui serve de mégaphone.
Certes la gestion de la diplomatie internationale n’est pas aisée. Choisir ses alliés pourrait être guidé par « Tumariraniye iki ku neza ya benegihugu « .