Le premier article de la Constitution stipule entre autres que le Burundi est une République démocratique. Cependant, si on n’y prend pas garde, nous risquons de vivre la face sombre de la démocratie. Le phénomène commence à prendre de l’ampleur. Certains jeunes affiliés au parti au pouvoir sont accusés de s’arroger le droit de faire des fouilles perquisitions, d’arrêter et de faire emprisonner d’autres appartenant à d’autres formations politiques.
Dans les récentes enquêtes menées par Iwacu, les victimes étaient pour la plupart du Congrès national pour la liberté, CNL. Une seule accusation : « tenir des réunions illégales.» Plus les jours avancent, plus cette intolérance politique gagne d’autres partis. Dans le Sud du pays, les représentants des partis Sahwanya Frodebu, Ranac, CNL, CNDD, dénoncent la même jeunesse qui « torpille, menace » leurs membres.
Pire : certains administratifs jettent l’huile sur le feu en entrant dans la danse.
La situation pourrait dégénérer. La jeunesse, surtout du CNL, jure ses grands dieux qu’elle ne se laissera pas toujours faire. « Ni vute ni kuvute », diraient les swahiliphones. Un risque de radicalisation, donc.
Pourtant, selon l’article 75 de la Constitution, le multipartisme est reconnu en République du Burundi. Le 62ème article rappelle que toute personne a le devoir de respecter ses compatriotes et de leur témoigner de la considération, sans discrimination aucune.
Dans l’histoire récente du Burundi, des jeunes zélés d’un parti unique, se sont arrogés le droit d’empiéter sur les prérogatives des autres institutions de l’Etat. On connaît le résultat.
Le Burundi doit être un Etat de droit. Nous ne sommes pas dans un État d’urgence. Un civil ne peut pas arrêter un autre, il y a des procédures légalement prévues, reconnues.
La démocratie est fondée sur l’acceptation et le respect d’autrui. La vie démocratique repose sur le droit d’être différent et l’acceptation, par tous, de cette différence. Ce qui signifie qu’il faut respecter les différents points de vue. Il faut alors que les décideurs politiques prennent des mesures utiles afin d’éviter que la situation ne se dégrade davantage. Encore faut-il que les décideurs en question aient la volonté de faire quelque chose, ce qui est une toute autre affaire.
De toutes les façons, c’est leur responsabilité de prévenir, de réagir, refuser le principe selon lequel «force fait loi».
A l’instar de Jacques Sémelin dans son œuvre Purifier et détruire, humblement, je lance une alerte précoce. Les Burundais, nous avons assez souffert à cause de la discrimination, la négation des uns par les autres, ne créons pas des « mal aimés ». La protection de tout Burundais est une impérieuse nécessité.
Les autorités doivent recourir à des mesures appropriées, y compris coercitives, pour ramener tout le monde à l’ordre. Surtout à ce moment où l’on s’achemine vers les élections, une période propice aux débordements.