Mardi 24 décembre 2024

Économie

Un vol institutionnalisé ?

11/08/2016 7

Depuis plusieurs mois, les habitants des quartiers nord de la capitale sont contraints de payer tantôt 1000Fbu tantôt 500Fbu pour la sécurité. Une pratique qui se fait au grand jour, mais l’administration assure ne pas être au courant.

Les quittances distribuées portent le sceau de la commune de Ntahangwa
Les quittances distribuées portent le sceau de la commune de Ntahangwa

«Ce sont les démobilisés et les Imbonerakure qui collectent cet argent. Chaque mois, nous payons 1000Fbu pour la sécurité », confie un habitant du quartier Mirango, zone Kamenge en commune Ntahangwa. Selon les habitants de cette zone, chaque ménage doit payer cette somme. «On ne peut pas refuser. Quelquefois, ils nous tabassent quand on ne s’exécute pas.» D’après un autre habitant de Mirango, cet argent n’est pas versé sur un compte. «Ils se le partagent sur le champ.» Pour justifier cette collecte, on leur dit que c’est pour éradiquer le banditisme. «Parfois, ce sont eux-mêmes qui nous dépouillent de notre argent et téléphones portables.»

Cette collecte est aussi signalée dans la zone Kinama. Chaque ménage paie 500Fbu. Les habitants soulignent qu’ils sont contraints de payer cet argent depuis fin 2015. Là aussi, ce sont les Imbonerakure et les démobilisés qui sont pointés du doigt. «Si tu ne paies pas, tu te mets en danger. Ils te battent lorsque tu rentres la nuit », indique E.H, un habitant du quartier Muyinga. Les habitants assurent que ces Imbonerakure et démobilisés patrouillent avec des gourdins. «On raconte que certains ont même des armes, mais je ne les ai pas encore vues.»

L’administration n’est pas au courant

Parfois, les quittances qu’ils donnent ne portent pas de sceau. «En rentrant le soir, j’ai trouvé une quittance de 1000Fbu. Le groom m’a indiqué que c’est pour la sécurité », raconte un citoyen de Kinyankonge. Le lendemain, poursuit-il, un chef collinaire est venu recouvrer cet argent. «Je lui ai demandé à qui est destiné cet argent car la quittance ne portait pas de cachet. Il m’a répondu que je ne dois pas discuter car c’est un ordre de l’administration. J’ai payé.» Dans la foulée, cet administratif lui annonce que bientôt il y aura des hommes qui vont assurer la sécurité du quartier. «Nous attendons toujours ces hommes.»

Des questions taraudent alors les esprits des habitants. «Où va cet argent? Est-ce que la police n’est plus en mesure de nous protéger ? Même si nous devons collaborer à assurer notre sécurité, sommes-nous obligés de payer de l’argent? Pourquoi cette pratique ne se fait pas dans tous les quartiers? C’est seulement chez nous où règne l’insécurité ? Est-ce une mesure de l’administration?»

«La commune n’est pas au courant et n’a pas autorisé cela », répond l’administrateur de la commune Ntahangwa, Eddy Paul Hakizimana. Pourtant, les quittances qu’on donne aux habitants portent le sceau de la commune de Ntahangwa.

Forum des lecteurs d'Iwacu

7 réactions
  1. Fofo

    [Ndlr: Ce sont les démobilisés et les Imbonerakure qui collectent cet argent],
    J’ai peur quand les gens utilisent un langage de globalisation car bcp de criminels s’y réfugient! Personnellement, dans mon quartier, j’ai déjà fait arrêter deux personnes étaient entrain de menacer des gens en se surnomant je ne sais pas qui!. La 1ère je l’ai trouvé entrain de menacer des gens qui passaient en se surnommant « Agent de la documentation »! Moi-même, il m’a menacé quand j’ai essayé de demander ce qui s’était passé! Il faisait semblant d’appeler un soi-disant « général » qui n’existait que dans sa tête. Comme, de nature, je ne tolères pas les bêtises, je l’ai fait arrêter par la police. Après il a trouvé qu’il n’était qu’un petit garçon qui travaille dans un kiosque qu’il n’a aucun lien avec la documentation! La 2éme je l’ai trouvé entrain de menacer un homme et sa femme qui rentraient chez eux. Il se surnommait un « imbonerakure » intouchable mais quand je l’ai fait arrêter pas la police, on a trouvé qu’il était un « Mukarani » qui s’était drogué et qu’il n’était même pas membre du parti CNDD-FDD.
    Je pense qu’on devrait éviter de globaliser pour rendre coupables des innocents et couvrir inconsciemment les coupables. J’espère que vous êtes d’accord avec moi que tous les démobilisés et tous les imbonerakures sont au courant de cet acte! Alors quand on accusent les démobilisés/imbonerakures, les coupables trouvent refuge! Dénoncez plutôt ces bandits nominativement! Je suis sure qu’ils ne sont pas nombreux, c’est pourquoi la population devrait avoir courage pour les dénoncer publiquement! Voilà une façon d’éradiquer ce comportement anti-patriotique!

  2. Les mêmes habitants manifestent contre la venue de la police onusienne! Ils devraient comprendre que, quand ils disent que leurs forces de sécurité maîtrisent la sécurité, ils aident ceux qui les dépouillent!

  3. Theus Nahaga

    Il y a en qui nous disent que le régime actuel est un costume blanc. On reconaît si ou là une peitite tache noire. Mais pour le reste c’est la blancheur immaculée. Le probléme est que de petits point noirs en petits point noirs, la blancheur qu’on veut nous faire croire finit pas ne plus être invisible.

    • Relisez votre commentaire et dites-nous ce que vous voulez dire

      • Yves

        @Biragoye : le discours du pouvoir en place est que la criminalité et l’instabilité du Burundi sont le fait de l’opposition. Mais lorsque l’on additionne les éléments que l’on découvre à gauche et à droite, on se rend compte que les véritables criminels sont ceux qui sont au pouvoir et leurs agents sur le terrain. Vous y en avoir compris maintenant ?

  4. Karimu

    C’est une honte ! mais ou va le pauvre Burundi?

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Que la compétition politique soit ouverte

Il y a deux mois, Iwacu a réalisé une analyse de l’ambiance politique avant les élections de 2020 et celles à venir en 2025. Il apparaît que la voix de l’opposition est presque éteinte. Il n’y a vraiment pas de (…)

Online Users

Total 1 862 users online