<doc516|right>A l’annonce du verdict contre notre confrère, on était frappé par deux sentiments : la compassion d’abord. La prison à vie pour un jeune journaliste, papa de deux petites filles, une de deux ans et une autre née quand il était déjà incarcéré, c’est terrible. Difficile de rester indifférent.
La stupéfaction passée, on essaie de comprendre. Et tout s’éclaire, s’enchaîne. Un puzzle qui se met en place dès l’arrestation. En fait, on se rend compte que les jeux étaient faits depuis le début.
Hassan Ruvakuki n’a pas eu droit à un procès équitable. Baladé d’un tribunal à un autre, on l’a méprisé, dénié ses droits à la défense. Sa condamnation était décidée par avance.
Si les juges avaient toutes les preuves de la collusion du journaliste avec les terroristes pourquoi n’ont-ils pas instruit le procès de manière scrupuleuse ? Les journalistes nous sommes des citoyens comme les autres et, avec un procès équitable, régulier, les journalistes burundais nous nous serions inclinés.
Aujourd’hui, nous avons la conviction que ce n’est pas un verdict qui est tombé. C’est un message que l’on a envoyé à tous les professionnels des médias indépendants. Un message terrible: vous n’avez même pas droit à la justice ! C’est une épée de Damoclès qui pèse désormais sur tous les journalistes indépendants.
Il nous reste deux choix : se résigner ou résister. Se résigner, à la veille de la célébration du cinquantenaire de notre « indépendance », impossible. Il nous faut donc résister en continuant à faire simplement notre travail. Advienne que pourra. C’est peut-être le prix de l’indépendance…