Lundi 18 novembre 2024

Editorial

Un succès qui ne devrait pas griser Gitega

11/12/2020 Commentaires fermés sur Un succès qui ne devrait pas griser Gitega

Le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé de retirer le Burundi de son agenda. La nouvelle a été très bien accueillie par Gitega qui parle d’une « …décision noble, digne et salutaire que le Conseil de sécurité des Nations Unies vient de prendre en retirant le Burundi de son agenda politique ».

Par Léandre Sikuyavuga

Pour le gouvernement du Burundi, à travers cette mesure, les Nations Unies viennent de reconnaître que des avancées très significatives dans différents domaines ont été réalisées. Cette situation redore le blason du pays de Ntare Rushatsi.

Selon un spécialiste de la diplomatie, figurer dans l’agenda du Conseil de sécurité signifie notamment que la situation dans ce pays risque de menacer la paix dans le monde.

Mais cette « victoire » ne s’est pas offerte sur un plateau d’argent. Depuis 2016, la Commission d’enquête sur le Burundi du Conseil des droits de l’homme de l’ONU brosse un tableau sombre de la situation des droits humains.

Cet organe dénonce les violations massives dont des exécutions sommaires, des viols, des enlèvements, des disparitions, des tortures, des actes d’intimidation à l’encontre d’opposants politiques.

Gitega a toujours rejeté, parfois sur un ton peu diplomatique, ces rapports accablants, dénonçant un « complot » de certains pays étrangers. En guise d’exemple, en septembre 2018, un diplomate burundais a rejeté un « rapport biaisé, taillé sur mesure et politiquement orienté avec le seul but de déstabiliser le pays ».

Il a menacé de traduire devant la justice les auteurs pour diffamation et tentative de déstabilisation du Burundi. Tout en rappelant que la responsabilité pénale est individuelle. Ce qui a poussé la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, à réclamer au Burundi de « respecter les Nations unies et ses différents organes. » La bataille diplomatique a donc été dure, musclée.

Cependant, nos autorités ne devraient pas être grisées par ce succès. Une très grande vigilance pour mettre la main sur ceux qui continuent à violer les droits humains s’impose.

Puisqu’ils existent toujours. Le cas le plus emblématique est celui d’un couple de la colline Nyarurambi, commune Butaganzwa, province Ruyigi. Thomas Mperabanyanka et son épouse Nathalie Barengayabo ont été sauvagement assassinés, surpris dans leur sommeil.

Selon l’enquête menée par Iwacu, les habitants de la colline, encore sous le choc, sont en colère et s’insurgent contre l’administration et la police en place. « Personne n’a été arrêté pour raison d’enquête. Pourquoi la police ne veut pas faire des enquêtes ? Même l’administrateur communal n’est pas venu sur la colline».

Cette inertie et ce laxisme dénoncés par la population favorisent l’impunité, source d’autres violences. Nos autorités devraient sensibiliser, à tous les niveaux, sur la lutte contre l’impunité afin de contribuer à rétablir les valeurs communes de la société, d’affirmer la supériorité du bien sur le mal, de l’ordre sur le chaos. Par ricochet, cela épargnerait le pays des critiques des Nations Unies…

ONU

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