Et voilà ! Tout le monde le pressentait, l’opposition ne voulait pas y croire. Le premier point à l’ordre du jour du Conseil des ministres de ce mercredi 16 novembre est sans équivoque : « Note sur la mise en place de la Commission chargée d’étudier les amendements à la Constitution de la République du Burundi».
Sur quoi porteront ces amendements ? Là encore, il faut regarder du côté du contenu du rapport de la Commission nationale du dialogue inter-burundais , CNDI, rendu public le 24 août.
Entre autres points qui continuent à faire couler beaucoup d’encre et,de salive, ce souhait de « la grande majorité des participants » qui semble- t-il « veulent que le président de la République puisse exercer plus de deux mandats ». Mieux, toujours « la grande majorité des participants veulent également que la Constitution prime sur l’Accord d’Arusha».
Inquiétude et scepticisme. Pour le Cnared, la plateforme de l’opposition radicale, l’amendement de la Constitution
met fin, ipso facto, aux négociations inclusives sous la médiation de l’EAC. En effet, ce que veut cette «grande majorité des participants au dialogue» constitue le point de discorde entre le pouvoir et cette plateforme.
Par ailleurs, la Constitution donne deux possibilités de son amendement. Selon l’article 298, le Président de la République peut soumettre au référendum un projet d’amendement de la Constitution.
D’après l’article 300, le projet ou la proposition d’amendement de la Constitution est adopté à la majorité des quatre cinquièmes des membres qui composent l’Assemblée nationale et des deux tiers des membres du Sénat.
Le pouvoir peut opter pour la première option, un référendum. Dans le contexte actuel et « l’encadrement » de la population, le choix est clair. Le projet va donc passer sans encombre.
D’ailleurs, l’article 300 a laissé un mauvais précédent ! Il ne rassure pas. Alors ni le Cnared, ni la médiation, ni
la Communauté internationale, nul ne pourra mettre en cause «le verdict populaire». La majorité aura parlé. Le scénario était écrit d’avance.
God save our Country
Voilà les conséquences du boycott des élections à deux reprises successives par l’opposition Burundaise. Toujours parler en dehors du Parlement et du gouvernement aura preque pas d’effet.
Nous nous trouvons face à un homme décidé à tout faire pour que rien ne change, pour lui bien entendu. Pour cela, il ne respecte aucune règle. Malheureusement pour lui, car il existe d’autres hommes et femmes qui sont prêts à tout faire pour que tout change. On est déjà mal en point, ça finira très mal.
Mon cher Léandre,
Logiquement, Pierre Nkurunziza n’aurait pas besoin de réviser la constitution. Ni par référendum, ni par le vote du Parlement, Assemblée Nationale et Sénat réunis. Pourquoi ?
Parce que l’Accord d’Arusha et la constitution qui en était issue et qui était en vigueur avant le forcing du troisième mandat ont été violés et abolis dans les faits par son coup d’Etat constitutionnel.
Par conséquent, il ne faut ni s’alarmer ni déplorer que le pouvoir actuel soit décidé à détruire le contrat social et politique consigné dans les deux textes fondamentaux burundais. C’est déjà fait.
En fait, Pierre Nkurunziza régularise le forfait grâce au jeu typiquement « nindesque » du CNDI. C’est du théâtre de mauvais goût et une perte de temps et d’argent !
Puisque le troisième mandat est illégal ! Puisque le président qui a brigué ce mandat est illégal ! Tous les actes constitutionnels que Pierre Nkurunziza engage actuellement sont illégaux. Il veut juste se donner un vernis de légalité en abolissant formellement l’Accord d’Arusha et en modifiant la constitution. En fait, il parachève son œuvre de destruction massive des droits et libertés fondamentales du peuple burundais.
L’Accord d’Arusha et la constitution sont donc morts et enterrés depuis l’aval de la Cour Constitutionnelle pour que Pierre Nkurunziza brigue un troisième mandat. Alors que le Parlement venait de rejeter un amendement de la constitution qui l’aurait autorisé à se présenter pour un troisième mandat. Ainsi, la Cour Constitutionnelle a désavoué le Parlement, (bonjour la séparation des pouvoirs), et n’a pas eu le courage historique de refuser d’analyser une demande ubuesque de Pierre Nkurunziza pour légaliser le troisième mandat.
Est-ce surprenant que Pierre Nkurunziza cherche à se libérer de la contrainte des deux mandats préconisés par l’Accord d’Arusha ? Non ! Est-ce alarmant ? Non. Est-ce irréversible ? C’est encore Non.
Le futur gouvernement légal et légitime qui remplacera le régime actuel rétablira la légalité des institutions de la République. En attendant, il faut calmer les esprits et informer correctement l’opinion publique burundaise. Pierre Nkurunziza a déjà tué la légalité constitutionnelle au Burundi. A présent, il l’enterre définitivement. Quoi de plus normal ?
Profitez donc du week end pour » guca ku mazi », autrement dit pour « marcher sur l’eau », pour organiser, selon la bonne tradition burundaise, le deuil de l’Accord d’Arusha et de la constitution.
Et, surtout, pour sécher les larmes en attendant des jours plus heureux. Et, enfin, pour rire, à gorge déployée, de tout ce cinéma insignifiant et méprisable !
Athanase Karayenga
@Karayenga
Mention bien à Mr Athanase Karayenga!
C’est le peuple Burundais dans sa composante qui a le dernier mot! Les jours plus heureux c’est maintenant! Adieux les années sombres de soumission de tout un peuple! Que vive le BURUNDI LIBRE!!
Dernier pays au monde; croissance négatif; population fuyant la famine; malades chroniques qui n’ont + de médicaments….C cela les Jrs heureux? Soit ni propagande soit sinistre « tour d’ivoire » urimwo ikubuza kubona la réalité. Mamie urasoma ama chiffres y’aba économistes?
Bien dit Athanase.
Je suis inquiet, très inquiet de la suite.
Je ne suis pas Burundais, mais ces pespectives me désolent.
La présidence a été acquise au terme de manipulations et d’intimidations trop connues. Les élections se sont tenues dans un climat de tensions et de répression qui grèvent la légitimité des résultats. Les amendements à la constitution ne peuvent que souffrir de cette légitimité bancale.
300’000 réfugiés à l’extérieur du pays, des violations des drois humains, des disparitions, des arrestations arbitraires, une sécurité qui existe plutôt dans les communiqués gouvernementaux que sur le terrain … tout cela montre pour moi à quel point la décision de P. Nkurunziza a été prise hors de toute considération de développer une société burundaise harmonieuse. Ce n’était pas sa mission, est-on amené à penser.
Voilà, il ne nous reste qu’à faire face à la perspective de mandats de sept ans (que la France a abandonnés, hélas), et d’interminables et répétitifs mandats de Son Excellence Le Sauveur et Président. Permettez- moi de me réjouir avec vous.
@Roger Créttol
Tu commences par je ne suis pas Burundais, mais à la fin tu le deviens en disant voilà il ne (nous) reste qu’à faire face à la perspective de mandats de sept ans. Pauvre Burundi tout le monde se mêle de ce qui ne regarde pas.
@ Uwayo Béata
Si vous voulez.
Mais si j’avais écrit « … il ne *vous* reste qu’à faire face … », cela n’aurait vraiment pas changé grand-chose.
Et puis, le Burundi me regarde (un tout petit peu) parce que j’y ai des amis, que j’ai des amis burundais dans mon propre pays, et que j’ai eu l’occasion d’y faire plusieurs séjours d’un mois au cours de ces dix dernières années.
Noirs et blancs, de culture et de religions différentes peut-être – ne sommes-nous pas tous membres de la même famille ?
Amen! Prions le seigneur!
@roger crettol
« …et d’interminables et répétitifs mandats de Son Excellence Le Sauveur et Président »
Ne trouvez-vous pas que de tels mandats sont plutôt la règle dans l’Afrique du centre et de l’Est?
@ Uwayo Béata, @roger crettol
Je crois que roger créttol n’a pas tort de dire « […] il ne (nous) reste qu’à attendre. » contrairement à ce que dit Uwayo Béata qui conclut en disant « Pauvre Burundi tout le monde se mêle de ce qui ne regarde pas. »
Peut-être que cela peut sembler étrange pour vous (Béata) mais roger créttol est un contribuable qui, d’une manière ou d’une autre a contribué au budget national du Burundi à travers l’aide tant humanitaire que de développement.
Il a également raison de s’inquiéter pour bien d’autres raisons qu’il a exposées dans une réaction à l’article ci-haut.