Samedi 19 avril 2025

Editorial

Un rapport qui dérange

18/04/2025 0

Contre toute attente, deux parlementaires de Cankuzo prennent le contre-pied du Premier ministre. Lors des dernières questions orales, leurs propos tranchent avec ceux du Chef du gouvernement. Ce dernier a en effet affirmé devant les élus du peuple que le projet de pavage routier au centre urbain de Cankuzo avait été réalisé à 100%. Étonné, un sénateur natif de la province s’est d’abord demandé si les rapports exposés correspondent réellement à la réalité du terrain : « J’étais à Cankuzo, il y a à peine une semaine, même la mise en place des caniveaux n’était pas encore terminée ». Un député qui a abondé dans le même sens a plutôt demandé au Premier ministre de faire un commentaire sur ses propos afin d’éclairer les citoyens.

Les Burundais ont, à maintes reprises, dénoncé le laxisme et la passivité des parlementaires, surtout quand il s’agit du contrôle de l’action gouvernementale. Le Sénat et l’Assemblée nationale étaient qualifiés de caisse de résonance, relégués au rôle de chambres d’enregistrement. L’image des élus était entachée, les citoyens commençaient à perdre confiance.

Le Parlement peinait à exercer un contre-pouvoir face à l’Exécutif. Un ministre n’était pas inquiété de se présenter car il était assuré que sa famille politique à l’hémicycle n’allait pas poser des questions qui fâchent.

Défendre les intérêts de la population qui les a élus et contrôler l’action gouvernementale sont les principales missions des parlementaires. Dénoncer ou critiquer ce que le gouvernement fait mal, ou ne fait pas, s’attaquer à son bilan – en particulier dans des domaines sur lesquels les attentes de la population sont immenses –, proposer des solutions, conduisent les décideurs à prendre des mesures qui améliorent le sort de la population. Par ailleurs, c’est un droit constitutionnel. Selon l’article 207, « l’Assemblée nationale et le Sénat peuvent s’informer sur l’activité du Gouvernement par la voie des questions orales ou écrites. […] Le Gouvernement est tenu de fournir à l’Assemblée nationale et au Sénat toutes explications qui lui sont demandées sur sa gestion et sur ses actes. »

Depuis quelques temps, les choses ont changé, les lignes bougent. Les deux chambres du Parlement burundais affichent une fermeté surprenante lors des questions aux membres du gouvernement. Ce dernier n’a plus le dernier mot et sait qu’il ne peut esquiver ou se défausser. Les parlementaires n’hésitent plus à poser des questions au ministre s’ils jugent son intervention insuffisante ou erronée. Les Burundais sont aujourd’hui intéressés par les débats parlementaires.

Certes, le Parlement et l’Exécutif ne doivent pas constituer un couple en éternelle crise (la Constitution prévoit les mécanismes de collaboration), mais le Parlement doit être un espace public où les politiques et les actions du gouvernement sont débattues, passées au crible et livrées aux citoyens. Une question taraude désormais l’opinion publique : pourquoi a-t-on donné un faux rapport au Premier ministre, Chef du gouvernement, qui en coordonne les activités ?

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