Appréhendé le 20 novembre 2012 dans la ville de Ngozi par la police, Hassan Mukeshimana, un déserteur de l’armée burundaise, passera quelques semaines en prison avant d’être relaxé. L’affaire reposait sur une accusation d’un militaire rentré de Somalie qui affirmait l’avoir vu à Mogadiscio. Retour sur une histoire qui a fait grand bruit.
<doc7520|left>Il était accusé de ’’mercenariat’’, mais après des enquêtes, il s’est avéré que ce présumé combattant d’Al-Shabaab qui a été dans différents mouvements rebelles avant d’intégrer la Force de la Défense Nationale (FDN), n’était qu’un fervent musulman. Il travaillait à la troisième région militaire.
En 2008, Hassan Mukeshimana quitte la FDN pour se consacrer, selon ses propos, à la prière. Âgé de 27 ans, ce natif de la commune Gashikanwa en province Ngozi, affirme qu’il ne s’est jamais rendu au-delà des frontières du Burundi. Le commissaire provincial de la police à Ngozi, Félix Havyarimana le confirme.
Selon lui, toutes les accusations portées contre ce jeune musulman et toutes les affirmations qu’il aurait été vu à Mogadiscio sur le champ de bataille sont fausses : « Hassan Mukeshimana était manquant à Ngozi parce qu’il était à Rumonge pour la prédication, il n’a jamais quitté le territoire national. Ceci a été vérifié et des recoupements ont été faits. »
Provocations et incompréhensions
« Il suffit de laisser sa barbe pousser, mettre sa soutane, son keffieh ou son turban pour que les gens commencent à te regarder du coin de l’œil. Ils ne tardent pas à faire des allusions aux terroristes », s’indignent Issa Nduwimana, membre d’un groupe de prédicateurs qui est souvent avec des Pakistanais de l’organisation ’’Tablighi Jamaat’’ (association apolitique pour la prédication). Ils passent des semaines entières à sillonner tout le pays pour prêcher dans des mosquées.
Les jeunes Burundais, membres de ce mouvement, parlent couramment arabe et ourdou pour mieux communiquer avec ces prédicateurs barbus. Quelques uns de ces jeunes musulmans, toujours en ’’salwar kamiz’’ (pantalon large et longue chemise typiquement pakistanais) ou en ’’dishdasha’’ (soutane musulmane) et en gilet à l’image des moudjahidines pakistanais, affirment vouloir faire le tour des 500 mosquées que compte le pays pour « rappeler aux musulmans d’être musulmans ». Ils ne passent pas inaperçus. « Il ne manque à ces Pakistanais barbus qu’une kalachnikov, pour être comme ces talibans qu’on voit à la Télé », lance C.H., un protestant.
« L’imam Hamza Congera de Buyenzi a été tué dans des circonstances non encore élucidées, un muezzin de la même commune a été dernièrement arrêté et détenu à la police qui n’a pas précisé les motifs de son arrestation, il y a également ce jeune musulman de Gashikanwa accusé faussement d’être de mèche avec les combattants d’Al-Shabaab. Tout cela, c’est de la provocation. Ce type n’a jamais eu de passeport et des témoins affirment qu’il n’a jamais quitté le pays », déplore un jeune imam de la mosquée de Nyakabiga.