Des arguments ont été avancés pour motiver un tel projet de loi portant sur la nouvelle délimitation. Entre autres la mise en œuvre de la politique nationale de décentralisation, l’harmonisation avec les organisations administratives des pays de la sous-région, une administration de proximité au service du citoyen, une diminution des charges des communes, la complémentarité et le développement équilibré des entités administratives décentralisées.
Des appréhensions, des commentaires, des critiques, même des propositions se dégagent dans l’opinion.
L’argument massue salué par l’opinion est cette volonté manifeste de décentralisation qui peut mener « à des programmes plus créatifs, plus innovateurs et plus sensibles aux besoins locaux ». Les partisans de cette option estiment que les citoyens et leurs élus auront plus d’influence dans la formulation et l’exécution des décisions, les élus vont mieux connaître les besoins et les aspirations de leurs électeurs. Mais, à mon humble avis, cela suppose que ces élus aient un bagage intellectuel élevé, soient des techniciens pour concevoir et exécuter des projets d’intérêt public. Est-ce que l’on a de telles compétences sur nos collines ? Quand bien même il y en aurait, est-ce que la politique ne va pas s’immiscer dans la gestion des zones ou des collines ?
En effet, les leaders des partis politiques mettent en avant le militantisme plutôt que le professionnalisme lors de l’élaboration des listes qui seront soumises à l’électeur. On soumet à ce dernier des candidats qui ne se soucient pas trop de ses intérêts alors que le but ultime est en réalité la prise en compte des intérêts de la collectivité. Par ailleurs, pour que la décentralisation soit effective, les représentants locaux élus doivent avoir suffisamment de pouvoirs pour qu’ils aient une liberté de décisions. Ce qui n’est pas le cas.
L’opinion dénonce la procédure de ce projet de loi. Il devrait y avoir un travail en amont, un débat, une concertation populaire, un dialogue national. Sinon des questions taraudent la population. A titre illustratif, combien de Burundais comprennent la signification et la philosophie autour des dénominations de Buhumuza, Burunga, Butanyerera ? Qui sera redevable des engagements des communes qui n’existent plus envers les tierces personnes ? Avec ces provinces, ces communes très étendues l’encadrement sera difficile …Bref des questions restent sans réponses.
A Gacece, Stany, jereve et autres.
1) Quelqu’un a bien dit que nous sommes un des pays les plus petits (Et j’ajoute ma rengaine habituelle: le plus pauvre et le plus corrompu au monde)
2) Je crois que c’est Stany qui a écrit « ….pourvu que ce ne soit pas anti constitutionnelle ». J’ose croire qu’il faisait de l’humour noir. Il est écrit noir sur blanc dans la constitution du pays de Mwezi Gisabo que tout dignitaire burundais nommé à un poste doit décrire ses biens avant l’entrée en fonction. Aucun de ces dignitaires qui chantent dans les bikorane (que le Burundi est béni des Dieux, lesquels????) n’a jamais fait son devoir civique.
3) Le problème du Burundi n’a rien a voirs avec ce découpage.
Les vrais problèmes sont ceux-ci:
a) La mauvaise gouvernance à tous les niveaux
b) La gangrène qu’est devenue la corruption: comme en Haiti ou au Congo,etc…
c) L’absence d’un Etat de droit ou personne n’est au dessus de la loi. Maintenant on parle de Bihangange ou Généraux pour qualifier ces gens au dessus des lois. Cela n’offusque plus personne.
We should address above issues ibindi nta na kimwe bizohindura.
PS: Conviction profonde de Samadari.
J’ajoute une couche. Qui ne connait pas la corruption à la PAFE? Ko vyabananiye kubihindura?
*Erratum: Dans mon commentaire, au lieu de « Mais ce n’est pas que les élus. Le nombre de responsables capables », Lire: Mais ce ne sont pas que les élus. Le nombre de responsables capables se compte sur le bout des doigts ».
Désolé!
Quand on est passé de 8 provinces à 18 , on nous a expliquer que c’était pour faciliter la tâche à la population en rapprochant l’administration aux administrés. Maintenant, on va à 5 avec des noms que l’on peine à comprendre. Cela ne figure nulle part dans la constitution et dans le programme du part au pouvoir. Est-ce cela vraiment la priorité des Burundais? Confusion…
@Maningo Jean Claude
1. Vous écrivez: « Cela ne figure nulle part dans la constitution et dans le programme du part au pouvoir. Est-ce cela vraiment la priorité des Burundais?… »
2. Mon commentaire
a). Je crois que toute réforme (par le gouvernement) qui prouve ne pas être anti-constitutionnelle peut être faite et ne doit pas être initialement dans le programme du parti au pouvoir.
b). Mais il faudra penser sérieusement à la décentralisation pour amener l’essentiel des services (dont le citoyen lambda a besoin au quotidien) au chef-lieu des zones.
Par exemple, il y a seulement une année ou deux, en regardant (sur Google Maps) la carte des frontières entre les communes de Gitaramuka (Karusi) et Tangara (Ngozi), j’ai découvert que l’unique cabane que comptait l’école de Bomba (où j’ai fait ma première année en 1958 ou 1959? avant d’aller étudier à la paroisse de Musenyi (Tangara)) ne se trouve pas du tout dans ma commune de Gitaramuka. Apparemment la frontière suit la route qui passe à l’est devant cette école et non le ruisseau qui est à l’ouest derrière l’école.
Avec cette réforme administrative, pour quelqu’un de ma famille qui serait encore sur ma colline natale, il faudrait marcher environ 4 km pour arriver au chef-lieu de la commune voisine de Tangara (où il ya le vénérable ancien dispensaire aujourd’hui transformé en centre de santé, un hôpital (don de l’Egypte je crois), une école secondaire de référence et peut-être déjà un marché moderne).
Par contre, il faudrait marcher plus d’une vingtaine de kilométres pour aller au chef-lieu de notre nouvelle commune de Karusi.
Donc même après plus de 60 ans, le citoyen de ma colline natale risque de devoir toujours aller chercher certains services dans la commune et province avoisinantes.
Ce nouveau découpage est une catastrophe (de plus).
Le citoyen ne peut, hélas, pas avoir un mot à dire comme lorsque les zones de la mairie de Bujumbura sont devenues des communes du jour au lendemain et plus tard dans une logique de charcutage électoral (gerrymandering pour reprendre le terme originel), la mairie a été subdivisée en trois circonscriptions, la province de Bururi se voyant amputée de Rumonge. Quel gain aurons-nous à n’avoir que cinq provinces? Pourquoi ne pas revenir à la structure des années 60-70 par exemple avec huit provinces subdivisées en arrondissements? Rien ne le justifierait non plus parce que l’on vient à peine de changer notamment avec l’arrivée de la province Rumonge et le morcèlement de la mairie de Bujumbura.
Maintenant, s’il faut raisonner en termes de coût: les livres de géographie, les cartes, le travail des cartographes, les noms des rues qui devraient changer, les documents (CNI, passeports, …), …et les tribunaux qui devraient être réorganisés, le désordre et la perte des dossiers, pour ne citer que cela.
Ailleurs, on fait tout pour rapprocher l’administration des administrer. Chez nous, on prétend le faire tout procédant au contraire. On nous a déjà promis
L’argument massue salué par l’opinion qui voudrait faire croire qu’il y a derrière cette décision une volonté manifeste de décentralisation qui peut mener « à des programmes plus créatifs, plus innovateurs et plus sensibles aux besoins locaux » est totalement faux. Au fait, ce n’est pas la taille des provinces qui pose problème, encore moins le nombre de communes. C’est l’incompétence et la corruption, un manque de vision et l’inexpérience, l’improvisation, l’éternel recommencement, etc. Le militantisme qui est souvent la clé des nominations à de postes techniques est tout aussi dévastateur. On en voit les résultats.
Dire que la réforme aboutira à des programmes innovateurs n’a aucun sens. Ce n’est pas la taille des provinces ou la réduction du nombre de communes qui mènera à des changements.
La Suisse, pays le plus innovant du monde pour la onzième année consécutive (rapport de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle de 2021), compte plus d’entités administratives. Elle a une superficie de 41 285 km² (1.5 fois celle du Burundi) et compte 2172 communes (répartie dans 26 républiques/cantons. Elle n’a pourtant aucun problème avec ça.
https://www.wipo.int/global_innovation_index/fr/2021/
Je pense que la première chose dont il faudrait diminuer la taille est le gouvernement. En Suisse – pays que j’ai cité comme exemple – le gouvernement (Conseil fédéral) compte 7 ministres et ceci est inscrit dans la Constitution. En outre, lesdits ministres n’ont pas de gardes du corps et se déplacent souvent en transport public, comme sur cette photo (voir URL ci-après) où le président de la Suisse attendait un train dans une gare.
https://www.letemps.ch/suisse/didier-burkhalter-star-web-insu
Je partage le constant de l’éditorialiste. Les élus n’ont pas le niveau. Mais ce n’est pas que les élus. Le nombre de responsables capables
Mais, à mon humble avis, cela suppose que ces élus aient un bagage intellectuel élevé, soient des techniciens pour concevoir et exécuter des projets d’intérêt public. Est-ce que l’on a de telles compétences sur nos collines ?
Pour terminer, je constate, sauf erreur, que ce découpage précipité ne faisait pas partie du programme du président. Je n’en ai pas entendu parler durant la campagne électorale.
@arsène
« En outre, lesdits ministres n’ont pas de gardes du corps et se déplacent souvent en transport public, comme sur cette photo (voir URL ci-après) où le président de la Suisse attendait un train dans une gare. »
Au fait la sécurité dans un pays est directement proportionnelle au pourcentage de pauvres dans ce pays (malgré l’affirmation de quelques uns (racistes) qui disent que la délinquance est une question de race ou des nationalité). Donc pour voir des ministres qui prennent des bus ou des tramways pour rentrer chez eux, les burundais doivent encore attendre. Car dans notre pays on peut encore se faire descendre pour une somme de 200 €, 1000€ ou 1500 € (comme notre amie (Dieu ait son âme) Ntakarutimana Eugénie).
Le Burundi est un petit pays classé parmi les plus pauvres du monde. Vous aurez beau le morceler en 10 ou 100 ou 1000 subdivisions que cela ne changera rien. Car au fonds, ce ne sont pas les délimitation des régions qui conduisent à la pauvreté, mais bel et bien la mentalité et le comportement de ceux à qui on confie le pouvoir de gérer ces structures, grandes ou petites. Et parmi les manifestations de cette mentalité, c’est de se croire légitimé de faire main basse sur le patrimoine qui vous est confié.
C’est comme les partis politiques: nous en avons je crois une trentaine (pas mal pour 12 millions d’habitants), mais cela ne signifie pas que nous sommes le pays le plus démocratique du monde. Au contraire. Certains voudraient même les réduire à un seul parti, c’est pire.
J’en conclus qu’on ne devrait pas perdre du temps sur les nombres, mais pousser beaucoup plus la réflexion sur la qualité des services.
Si je ne me trompe pas, ce projet de loi a été adopté par le Conseil des Ministres en premier. En second lieu, il se rendra à l’Assemblée Nationale, qui aura son mot à dire. Ensuite le projet de loi montera au Sénat, qui aura à son tour l’occasion d’y apporter ou à proposer des amendements. Avant qu’il se rende jusqu’au bureau du Président pour homologation, il y a encore du temps et des possibilités.
Chaque individu ou organisation qui a des propositions devrait les faire connaître au député ou au sénateur de sa circonscription pour s’assurer que ses idées seront entendues et/ou débattues au cours des différentes étapes du cheminement du projet de loi. C’est à cela que servent les élus.
Personnellement, je pense que réduire le nombre de provinces et de communes est une bonne décision. J’avais même exprimé, dans un commentaire sur un autre article, l’idée de carrément abolir les provinces et de ne garder qu’une structure administrative plus légère et plus gérable. Mais puisqu’on veut continuer avec des provinces, passons! L’important est qu’il y ait moins de bureaucratie et plus de services directs envers les citoyens. Et j’espère que c’est dans cette perspective que le projet de loi a été pensé et élaboré.
@Gacece
« L’important est qu’il y ait moins de bureaucratie et plus de services directs envers les citoyens. »
Jusqu’à ce jour, la décentralisation des services a été dure à faire; croisons les doigts pour qu’enfin cela se réalise. Mais essayez de comprendre ceux qui restent sceptiques.
@Yan
Je n’impose mon opinion à personne… et je n’ai pas cet indicible pouvoir de forcer quelqu’un à être ou à ne pas être sceptique.
Alors… voyez ou ne voyez pas, entendez ou n’entendez pas, écoutez ou n’écoutez pas, exprimez ou n’exprimez pas, croyez ou ne croyez pas… tout ce que vous voulez ou ne voulez pas!
C’était sans aucune mauvaise intention… et vous pouvez l’interpréter comme vous voulez.
@Gacece
Je suis impatient de voir le jour où on pourra aller chercher son permis de conduire ou son passeport (ou laisser-passer) à sa commune (sans pourboire), comme dans les autres pays à bonne gouvernance. Toi aussi, je présume?
Je connais un pays ou l’on peut parcourir approximativement 1500Km entre 2 villes se trouvant dans une meme region / province. Au Burundi, de Gatumba (Ouest) a Mishiha (Est), je ne pense pas qu’on fait plus de 400Km. Pourtant on a deja traverse tout le pays!
Dans ce pays, les demandes de passeports se font a la Poste et arrivent a leurs destinataires, chez eux, par voie postale. Dans chaque province l’on delivre les permis de conduire. Ils different d’une region a l’autre mais cela ne pose aucun probleme.
Au Burundi, une dizaine de ministres peuvent passer des heures et des heures a chercher des solutions pour des problemes, qui en realite, n’existent pas. Pourquoi?
@Mafero
Pourriez-vous nous dire quel est ce pays et quelle est la densité de la population dans cette région.
Je m’imagine que lors des campagnes électorales au niveau régional ne se limitent pas à la télévision et aux réseaux sociaux, les candidats doivent quand même se déplacer pour rencontrer les citoyens.
En juin 2018, j’ai accompagné un ami qui déménageait et l’on a mis trois ou quatre jours sur la route Interstate 40 (I-40) pour aller de Flagstaff (nord de l’Etat d’Arizona à l’ouest des Etats-Unis) à Raleigh (la capitale de l’Etat de North Carolina à l’est du pays) SOIT UNE DISTANCE D’ENVIRON 3.352 KILOMETRES.
« The distance from Raleigh, North Carolina to Flagstaff, Arizona is:
2,083 miles / 3 352 km driving… »
https://www.travelmath.com/distance/from/Raleigh,+NC/to/Flagstaff,+AZ
Euh ! Les pièces d’identités : cartes nationales d’identité, passeports seront-ils changés pour actualisation en harmonie avec ces nouveaux lieus de naissance ? Cela sera fait au moment du renouvellement ?