L’équipe mise en place par l’Ombudsman a décidé que les expulsés de Kagaragara, commune Gihanga, province Bubanza regagnent leurs ménages. Une mesure salutaire, selon les concernés.
« Jeudi et vendredi, l’équipe a travaillé sans relâche pour trouver une solution urgente face aux risques de maladies comme le choléra, de manque d’eau et des conditions déplorables dans lesquelles vivaient ces habitants», confie Juma Rukumbi, porte-parole de l’Ombudsman, avant d’enchaîner : « Seuls les natifs ont eu ce privilège. Et il leur a été recommandé de mettre en place des comités de sécurité.» Il signale que cette localité sert de transit aux malfaiteurs pour venir tendre des embuscades sur la route Bujumbura-Rugombo et commettre d’autres forfaits. Le dernier cas remonte à l’attaque du 4 décembre, à Rukaramu, où une vingtaine de personnes ont été kidnappées, y compris un militaire. Ces habitants n’ont plus droit de cultiver du manioc dans les limites de la Rukoko, de se procurer du bois de chauffage ou de mener toute activité de fabrication du charbon dans la Rukoko. « Seulement, ils peuvent aller sarcler leurs champs de riz », tempère-t-il, ajoutant qu’ils doivent aussi collaborer avec les militaires sur place.
Samuel Ndayiragije, directeur de l’Office Burundais pour la protection de l’environnement (OBPE), fait savoir que l’équipe fera une évaluation de la situation, le 5 janvier 2017. « Entre-temps, l’Ombudsman va donner un rapport au président de la République qui décidera de la mise en place ou pas d’une commission.». Cette dernière pourrait décider d’appliquer le décret présidentiel en vigueur sur les aires protégées, ou de modifier les limites de la Rukoko. Pour sa part, M. Ndayiragije affirme qu’il adressera un rapport au ministre de l’Environnement.
La dite équipe comprend des représentants du ministère de l’Environnement, ceux de la Défense, de l’Intérieur ainsi que six représentants des habitants de Kagaragara.
Satisfaction de la population
« Nous sommes très contents pour avoir eu l’autorisation de retourner dans nos ménages. A Buringa, nous étions vraiment dans l’enfer », réagit un administratif de Kagaragara. Selon lui, l’implication de l’Ombudsman dans cette affaire a été très salutaire pour eux. « Nous venons de passer plusieurs jours sans aide en nourriture et en matériel. N’eût été son intervention, sûrement qu’on serait encore là. »
Ce dernier indique qu’à Kagaragara, il y a environ 500 ménages avec en moyenne cinq enfants. Anicet, un autre habitant de la localité, ajoute que les ouvriers provenant d’autres localités n’ont pas été autorisés de s’y réinstaller. « On leur a dit qu’ils peuvent venir travailler dans nos champs et rentrer le soir à Buringa ou Rukaramu. » Et de lancer un appel aux âmes charitables pour leur venir en aide. Et pour cause, leurs maisons ont été saccagées par des bandits durant leur absence. « Des bananes mûres, des poules, des chèvres… ont été volées.» Les deux hommes remercient d’ailleurs le président du Sénat pour leur avoir donné deux vaches pour la fête de Noël.
Pour rappel, ces habitants de Kagaragara avaient été chassés, dans la matinée du 18 décembre, pour des raisons sécuritaires et environnementales.