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Après [le « bilan chiffré » proposé par un lecteur d’Iwacu et économiste sur les 50 ans d’indépendance du Burundi le débat continue. Pour cet autre lecteur, c’est le sens même du mot « développement » qu’il faut interroger…
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Je remercie M. Burundi pour cette analyse ! J’aimerais aussi susciter quelques réflexions chez nos concitoyens dits « instruits », lumières de notre nation.
Il me semble de plus en plus que le revenu par tête d’habitant ne soit plus considéré comme un indice fiable du développement d’un pays, de même que la croissance n’est plus forcément « Le modèle » en matière de développement ( On a eu l’indice du développement humain, puis l’indice du bonheur mondial, …). Voir à ce sujet différentes réflexions :
– http://www.oecd.org/dataoecd/17/17/37883038.pdf
– http://www.oecd.org/dataoecd/26/30/38324167.pdf
– { » Le prix du bonheur « } de Richard Layard (Armand Colin, 2007)
De plus, aujourd’hui, plusieurs facteurs poussent même les pays dits développés à repenser leurs objectifs de croissance et à prendre l’option de la décroissance.
Dans quelle perspective doit se placer le Burundi au moment où les paradigmes de développement qu’ils soient africains ou globaux sont entrain d’être battus en brèche par de nouvelles façons de voir le monde ?
Quid des nouveaux enjeux mondiaux comme l’alimentation (crise de 2008 et les braderies des terres arables), l’eau potable, l’environnement et les conséquences de l’industrialisation, les crises financières impactant directement l’économie du développement ?
Il va sans dire que le Burundi a encore beaucoup de chemin à faire en matière d’auto suffisance alimentaire, de lutte contre la corruption, de droits de l’homme, de santé et d’éducation,… Et après plus d’une décennie de conflit armé et de gouvernements transitoires sans planification aucune, il est presque normal que tous les indices soient dans le rouge. Et la « faiblesse » institutionnelle de l’Etat a aussi une conséquence directe sur les performances du Burundi même au sortir de ces années de conflit.
Cependant, si l’accomplissement de l’humain se faisait au travers du bien être, peut-on limiter celui-ci au strict bien être matériel ? On dit que l’argent ne fait pas le bonheur, mais qu’il y contribue grandement, mais les plus riches vivent-ils mieux leurs vies ? Est-ce que le niveau d’études est forcément un gage de développement ?
Ceux qui ont roulé leur bosse, surtout en Occident, auront sans doute eu l’occasion de remarquer que, quoi que « sous-développés », nos pays sont à bien des égards plus « riches » que les pays dits développés.
Mais alors, que signifie pour nous Barundi, le bien être ? A quoi aspirons nous comme meilleur être ? Il y a cinquante ans, l’objectif à atteindre était { » ukwishira n’ukwizana « }. Le Prince Rwagasore ( en revisitant ses discours) avaient des projets pour ses compatriotes. Et aujourd’hui ? Qu’est ce qui peut être considéré comme le rêve burundais du 21ème siècle ? Quelle est l’inspiration de la planification gouvernementale d’aujourd’hui ? La lutte contre la pauvreté ? CSLP I et II ? la Vision 2025 ?
A ce moment, quel cap prendre pour le Burundi face à tous ces enjeux, africains et mondiaux pour que le quotidien des Barundi puisse être meilleur ?
Parce qu’en définitive, telle est (selon moi et à l’heure des bilans) la question de base : {un Murundi lambda, vit il mieux aujourd’hui que son semblable d’il y a 50 ans ? }
Comment peut-on faire cette comparaison ? (critères, indicateurs, mesures, indices, …) Si non, quel est son rôle, celui de sa communauté, de sa collectivité et de son État ?
Merci pour ce débat.
Isaac J. Nzotungicimpaye