La vérité guérit les plaies béantes dues aux événements malheureux du passé. Mais la mauvaise communication et la non compréhension dans la recherche de la vérité ne peut que mettre en cause la cohabitation communautaire. Eclairage d’Aloys Batungwanayo, chercheur et membre de la CVR.
En quoi la recherche de la vérité peut envenimer la cohabitation communautaire?
La recherche de la vérité peut non seulement compromettre la bonne cohabitation, mais et surtout alimenter de nouvelles violences. Pour le cas du Burundi, nous travaillons sur un contentieux de sang, un sujet qui nous travaille. La vérité recherchée va indexer d’abord les auteurs. Il y a des auteurs primaires, des auteurs concepteurs, des auteurs exécuteurs. Il y a des auteurs ayant exécuté ou pointé du doigt des membres de la communauté à abattre. Des victimes, des bourreaux, des familles de victimes et celles des bourreaux cohabitent sur les collines. Des puits, des fontaines sont partagés par les gens de la communauté.
Si on pointe du doigt les auteurs des crimes, ces derniers, à un certain moment, se prennent pour des innocents ou des victimes. Ils cherchent à se mettre sur la défensive et à répliquer. Ainsi de nouvelles violences surgissent. Mais c’est quand ils ne sont pas rassurés. Il faut mûrir une réflexion pour trouver une vérité qui guérit la communauté. Pas pour accuser et disqualifier l’auteur ou les familles des bourreaux. Ce faisant, on évite qu’il y ait de nouvelles violences.
Quel est le langage adapté dans le travail de recherche de la vérité ?
Le langage adapté n’est pas précis. C’est le langage que moi la victime je voudrais qu’on utilise envers moi-même. C’est ce langage que je voudrais qu’on utilise pour mes proches. On n’a pas le droit de déshumaniser ou diaboliser les autres. Avec un langage humanisant, empathique, la recherche de la vérité conduira à une stabilité et à une cohabitation pacifique durable.
Après audition, les témoins retournent dans leur communauté. Quelle attitude digne l’entourage doit adopter vis-à-vis d’eux ?
Il faut d’abord préparer la population à dire et à recevoir la vérité. Pour ce, il faut les convaincre que la vérité, dans un premier temps, blesse. Mais c’est un remède rapide et durable. Elle panse et guérit la plaie toujours béante due aux violences commises.
Les membres sont des acteurs communautaires. Au Burundi, le crime est devenu communautaire, collectif et la victimisation est devenue collective. On peut trouver un Tutsi ou un Hutu qui n’a jamais souffert d’aucune période sombre de l’histoire, mais qui se considère comme victime. Tout simplement parce qu’il est membre d’une catégorie, dont certains membres ont été massacrés ou maltraités. Ces gens-là ne sont pas des observateurs, mais plutôt des acteurs qui ont aussi besoin de guérir comme tant d’autres victimes. Sans oublier les auteurs.
En cas de langage blessant, comment les auditeurs doivent se comporter?
S’il advient qu’un langage blessant est utilisé, il faut que les auditeurs prennent la position de témoins actifs. Il leur appartient de faire un clin d’œil aux personnes qui y ont recours. Ce qui importe, c’est de s’attaquer au crime et non aux individus.
A l’occidental ignare et non-concerné que je suis, les propos de ce Monsieur Batungwanayo me semblent ambigus et manquer de courage.
Si un rapport de police imaginaire parlait d’un massacre en ces termes « … M. a pris sa machete et frappé mortellement C. puis débité son corps … » ; si donc, quel langage serait mieux approprié pour parler de ces faits aux survivants et aux tortionnaires ?
Ces faits horribles devraient imposer un but, une mission : plus jamais ça ; nos enfants n’auront pas à payer pour nos crimes, nos souffrances et nos deuils.
Oui, le désir de justice et de vengeance, même, peut refaire surface ; mais quelle réparation guérirait ces blessures intimes ? La logique de la balance n’est pas à sa place ici – les dommages sont beaucoup trop importants. C’est là le tragique de la situation : c’est aux représentants des victimes que l’on demande le plus grand sacrifice, en prélude au pardon qui sera éventuellement accordé. Pour enfin vivre en paix.
Quant aux bourreaux, avouer leur crime, avouer qu’ils se sont laissés entraîner, faire face à l’horreur de leurs actes – voilà qui leur demandera bien du courage et, à ceux qui recueilleront ces témoignages, de l’empathie.
En demandant humblement pardon à vous tous, Abarundi, pour ce que mes propos auront eu de déplacé, de blessant – puissiez-vous trouver le courage d’affronter le parcours du plus jamais ça.
Quid de la politique de la CVR, quand on refuse aux parents de se receuillir aupres de leurs enfants
brules vifs a Kibimba et que par contre on s,encline sur la memoire des etudiants tues a L,universite. Igihihugu ciza » cacu » c,Uburundi, allez comprendre ce vocable.
U Burundi Bushaha ….
En tout cas ce n’est pas le discours de Ndayicariye qui rassure les Burundais. Surtout avec ses hypothèses et ses conclusions hâtives. La méthode de travail de la CVR subordonnée au Cndd ne rassure pas de conduire à la vérité.