Comment les médicaments se vendent et s’achètent-ils au Burundi ? Aux gens qui vivent dans des pays où ce commerce est soumis à une règlementation stricte, la question ne mérite pas d’être posée. « Le pharmacien est le seul garant de la qualité des produits ». C’est une réponse d’un des rares docteurs en pharmacie présents au pays.
Pourtant, les pharmacies poussent comme des champignons, on en trouve à chaque coin de la rue. Or, compte tenu des produits qui y sont commercialisés, ouvrir une pharmacie suppose des prérequis. « Seuls des professionnels ayant reçu une formation spéciale peuvent procéder à la création de l’entreprise après obtention d’une licence d’exploitation par une institution habilitée », dixit un professionnel dans le domaine.
Cette stricte réglementation qui encadre l’activité est-elle appliquée avec rigueur ? Combien de pharmacies exigent-elles une ordonnance médicale pour livrer les médicaments aux patients ? C’est ainsi que l’automédication paraît normale, généralisée et ce, malgré ses graves conséquences. L’enquête menée par Iwacu montre l’existence d’un marché pharmaceutique parallèle, illicite qui répond à la loi de l’offre et de la demande, comme une quelconque marchandise. Il s’étale au grand jour dans les villes comme dans les zones rurales. Lors des questions orales adressées au ministre sortant de la Santé publique, un député a voulu comprendre comment on peut ouvrir une pharmacie dans un village qui n’a pas d’électricité. La vente de médicaments a même lieu près des lieux de culte (églises, mosquée). D’où provient l’approvisionnement des vendeurs illicites ? Par ricochet, les journalistes se sont rendu compte de la prolifération de médicaments contrefaits, falsifiés ou périmés. Certains trafiquants de médicaments falsifient systématiquement les dates de péremption. Les antibiotiques, les antipaludéens et les vermifuges sont les plus concernés par ce commerce illicite. On se souvient que dans un passé récent, l’autorité municipale de Bujumbura a découvert une fabrique clandestine, saisissant à cette occasion un stock de médicaments périmés dans le quartier Muramvya de la zone Kinama en commune urbaine de Ntahangwa. Plusieurs cartons contenant ces médicaments auraient été achetés chez des grossistes.
Le commerce illicite des médicaments devient un problème de santé publique au Burundi. C’est un marché mortifère. Les faux médicaments peuvent nuire ou tuer.
Pourtant le gouvernement a mis en place l’Autorité burundaise de régulation des médicaments à usage humain et des aliments (ABREMA), avec entre autres missions la réglementation et ’inspection des établissements pharmaceutiques et alimentaires, la régulation et le contrôle des importations, des exportations des médicaments et la surveillance du marché.
Pour endiguer ces pratiques aux conséquences variées sur la santé de la population, il faut un contrôle permanent et une législation efficace. Et comme le suggère un docteur en pharmacie, il faut combiner les actions de répression des activités illicites avec une amélioration de l’accessibilité au médicament de qualité dans les secteurs public et privé. Et surtout : « L’élimination du marché illicite exige un véritable engagement politique, exprimé au-delà du discours. »
Et que font entre yemps les ministères responsable: Santé et Commerce
Comment des médicaments arrivent par des réseaux de contrebande ? Il est fondamental que l’on essaie de comprendre comment on fait pour que les médicaments puissent arriver par des réseaux de contrebande dans notre pays.