Au quatrième jour de la semaine d’hommage, entamée ce lundi 22 août, un mois après la disparition de notre collègue, Iwacu organise des cérémonies de clôture.
Récupération des T-shirts identiques, mise en place du portrait géant de Jean, des appels d’autres journalistes demandant quand débutent les cérémonies… Le Groupe de presse Iwacu a une matinée agitée, ce jeudi 25 août. Il organise des cérémonies d’hommage à Jean Bigirimana. C’est vers 10h que les journalistes de différents médias venant couvrir les cérémonies arrivent.
Le portrait géant de Jean a été dévoilé dans les enceintes du Groupe de presse Iwacu. Sa signification, selon le rédacteur en chef : « Jean reste parmi ses collègues, personne n’a le droit de l’oublier.»
10h30. En T-shirts noirs à l’effigie de Jean sur les lesquels on peut lire : « En souvenir de Jean Bigirimana disparu le 22 juillet 2016, nous ne t’oublions pas », tout le personnel d’Iwacu consacre une heure pour rendre hommage à notre cher collègue.
Devant le portrait de notre collègue, le rédacteur en chef, Léandre Sikuyavuga, entouré de tout le personnel, debout, mains dans les mains, prononce le discours « émouvant » du directeur des publications, Antoine Kaburahe.
«Jean, ils ne gagneront pas !»
Depuis la Belgique, Antoine Kaburahe envoie un message poignant. Les grandes lignes.
Comme convaincu de son existence, deux phrases : «Cher Jean, « Salut Jean», ouvrent et ferment cette missive directement destinée à Jean.
Malgré des enquêtes qui stagnent, des questions toujours sans réponses, Antoine Kaburahe semble toujours croire en l’existence de Jean. «Nous avons été voir ta famille, les enfants vont bien, Don Douglas n’était pas là,… il était parti jouer au football. Timmy se porte bien et Gode essaie de tenir. » Tels sont les mots du directeur du Groupe de presse Iwacu.
Dans ce message, Antoine Kaburahe fait part à Jean des périples que ses collègues ont affronté durant la recherche de leur collègue disparu. «Nous avons monté des collines, descendu des vallées de Muramvya. Nous avons arpenté les contreforts de la Kibira…..C’est d’ailleurs là que nous sommes tombés sur ces deux corps suppliciés…». Ces lignes finiront par arracher des larmes à quelques collègues.
Des questions, toujours des questions…
Antoine Kaburahe ne saisit toujours pas cette disparition et interroge son collègue disparu : « Qu’as-tu dit pour que l’on ne donne même pas la possibilité de t’expliquer… En fait et c’est grave, on t’a reproché d’exister…»
Après quelques lignes de remerciements aux personnes qui soutiennent le Groupe de presse Iwacu, le directeur des publications hésite toujours entre disparition et mort : « Cher Jean, nous sommes tellement impuissants contre ceux qui ont fait de la mort leur spécialité…. Mais un jour une justice s’appliquera.»
Aux collègues sur le terrain, Antoine Kaburahe les exhorte à continuer : «Nous n’avons pas le temps de haïr, et nous allons continuer le travail. Si nous arrêtons, ils auront gagné ! »
La justice est saisie
Le rédacteur en chef indique que l’administration du Groupe de presse Iwacu va saisir la justice en déposant une plainte contre X. « Nous ne savons pas celui qui l’a enlevé », précise-t-il, pour expliquer la plainte contre X. Il affirme que les collègues de Jean gardent espoir qu’il est encore vivant, mais qu’au fil du temps, l’espoir va finir par s’ébranler. « Nous souhaitons que les organes habilités soient au courant de la disparition de notre cher collègue et entendent notre appel afin que la vérité éclate. »
Léandre Sikuyavuga s’adresse à son tour à ses collègues : « Restez courageux. Soyez tout simplement professionnels en suivant l’éthique et la déontologie journalistique. » Et de poursuivre : « Peut-être que ceux qui l’ont enlevé voulaient que le métier de journaliste soit enterré. Profitez de cette occasion pour que la presse au Burundi soit plus forte que jamais. »
Pour rappel, depuis ce lundi 22 juillet, Iwacu rendait hommage à Jean d’où le black-out total sur le site. Signalons que le numéro de ce vendredi 26 août est une édition spéciale consacrée exclusivement à Jean Bigirimana. Il est distribué gratuitement aux lecteurs.