Une rencontre pour soutenir l’association de « Maman dimanche ».
Samedi, dans une ancienne fermette de la périphérie de Bruxelles, des Burundais et des amis de notre pays se sont retrouvés autour d’un barbecue.
Avec l’été quoi de plus classique, direz-vous ! Sauf que tous ces amoureux du Burundi se rencontraient pour déguster brochettes, poulets, saucisses et bien sûr descendre force bières (nous sommes en Belgique !), au profit d’une modeste organisation, Bon Geste, animée par la grande « Maman dimanche ».
Si le nom ne vous dit rien, il signifie beaucoup pour de nombreux gamins de la rue, surtout dans les quartiers nord de la capitale.
Christine Ntahe, avec sa douce voix, a animé pendant plus de vingt ans à la radio nationale, « Tuganirize ibibondo » (parlons avec les enfants). Une émission qui a marqué les mémoires au Burundi. Elle a été la première à donner la parole aux enfants, les orphelins de guerre, les enfants de la rue, les petits malades, les enfants oubliés. Elle est devenue une icône pour tous les gamins de la rue de Bujumbura.
Retraitée, elle va continuer à s’occuper des gamins à qui elle a tellement tendu le micro. Tous les dimanches, avec sa maigre retraite, elle gagne moins de 150 euros par mois, elle fait la cuisine et nourrit une dizaine d’enfants orphelins. C’est ainsi que les enfants vont la surnommer « Maman dimanche ».
Ce samedi, Jean Van Onecker et ses amis ont organisé un barbecue pour lever un peu d’argent à envoyer à Maman dimanche. C’est Manu Wauthier, un autre « fou amoureux » du Burundi qui a recommandé Bon Geste à Van Onecker.« Manu », connaît bien le Burundi, c’est grâce à son association que le Centre Culturel de Gitega a pu recevoir plus de 80.000 livres dans ses bibliothèques.
Mais Jean Van Onecker avait déjà le cœur vissé sur le Burundi, le pays de son épouse. Face à tant de détresse, cet ingénieur agronome de formation ne veut pas rester les bras croisés. « Je voulais faire quelque chose, même modeste », dit-il. Il avait déjà envoyé un peu d’argent via Western Union pour soutenir Bon Geste.
Ce samedi avec plus d’une soixantaine de personnes, Jean exulte : « C’est formidable, d’avoir autant de monde ».
Nana, son épouse, élégante dans une robe bleue, svelte (comme les Bazungu aiment nos sœurs), tourne entre les tables, elle veut s’assurer si tout le monde est bien. Et le barbecue fume au vrai sens du mot. Aux commandes des braseros, un jeune compatriote, cheveux rasta, qui assure pleinement. Les brochettes de langue ont un grand succès.Les brochettes de chèvre sont plus prisées par les Burundais.
« Nous ne sommes pas une grande organisation, tout ce qui va être récolté sera intégralement reversé à Bon Geste. Il n’y aura aucun défraiement, nous sommes tous bénévoles. Nous payons tous ce que nous consommons », explique Jean Van Onecker. Rien n’entame la détermination de cette assemblée bon enfant à consommer pour renflouer un peu la caisse de Maman dimanche. Même pas un crachin bruxellois, heureusement suivi d’un bon soleil.
Et l’on rit beaucoup. Surtout quand un Muzungu tente d’imiter difficilement une Burundaise perchée sur des chaussures hautes mais qui danse gracieusement avec une bouteille de vin sur la tête. La Burundaise arrive à « Kwirungera » comme nos mères sur les collines. Le Belge manque chaque fois de faire tomber la bouteille. Drôle. Et l’on danse. L’on fraternise. Moment fort, vers la fin de l’après-midi : l’hymne national. Tout le monde debout. Un homme fait un salut militaire, fort peu réglementaire. On étouffe un rire. On chante faux. Mais personne n’en a cure. Il y a tellement d’émotion dans ce « Burundi bwacu ». Tant de générosité. Personne n’a entendu parler politique ou partis.
Mais l’ingénieur agronome sait que ce barbecue reste un peu dérisoire. Jean Van Onacker veut aller plus loin, s’impliquer dans le développement durable. C’est bien de soulager la faim des enfants, mais il souhaite qu’une partie des fonds récoltés samedi serve à acheter des fournitures scolaires. « ll faut éduquer, scolariser et qualifier les enfants. C’est la clé du développement», dit-il avec conviction.
La crise a quelque peu freiné les activités de l’association qui avait déjà ouvert un bureau au Burundi. Burundi aisbl souhaite lancer des projets de développement durable.
Mais ce samedi, tout le monde est là juste pour poser un geste pour Bon Geste. Ici, tout le monde sait que grâce à cette rencontre, quelques enfants vont pouvoir manger chez Maman dimanche. Et, mieux, pouvoir aller à l’école.L’école…Une fixation pour Jean Van Onacker.
Maman dimanche abana baragukumbuye!
C’est agréable de relire la plume d’Antoine surtout quand il s’agit d’une aussi bonne nouvelle. Merci à Manu; à Jean Van Onacker et à toute son équipe pour cette initiative. Si seulement d’autres personnes pouvaient leur emboîter le pas. Merci Antoine pour cet article.
« Personne n’a entendu parler politique ou partis » : voilà la clé de la réussite de la rencontre.
Une inititiative très louble. Bravo et courage.
Merci pour cet article. Bravo à l’équipe de BURUNDI aisbl pour la réussite de cette journée. Courage à maman dimanche. Oui oui l’éducation est la base de tout développement. A partir de petites choses on peut arriver à de grandes choses.
Cher Antoine,
Voilà une autre forme d’information …c’est agréable et très audible n’est-ce pas! Par rapport au quotidien que la presse burundaise nous alimente ( imborenakure, cnared, mugamba, rebellion et autres…).
Voila un beau et bon geste pour les enfants burundais. C’est gratifiant et salutaire pour la maman dimanche. Vous etes formidable madame Ntahe Christine. Dieu t’a deja benie. Vous etes formidable.