Samedi 23 novembre 2024

Editorial

Un enlèvement qui n’arrange pas Bujumbura

L’enlèvement, ce mardi 12 septembre, de Léopold Habarugira, vient contredire la réaction de Bujumbura qui, dans la foulée de la publication du rapport de l’ONU du 4 septembre dernier, l’avait qualifié de biaisé, concocté par des mercenaires à la solde des occidentaux pour nuire au Burundi.

Dans ce rapport, des enquêteurs de l’ONU ont appelé la CPI, à enquêter sur des crimes contre l’humanité commis par des agents de l’État au Burundi depuis 2015. Bujumbura avait réagi en expliquant que le rapport ne tient pas compte de l’amélioration de la situation sécuritaire.

Pire encore, le gouvernement burundais accusait le rapport de faire fi des exactions et crimes commis par l’opposition. Certes, l’on va me rétorquer qu’il n’existe aucun lien entre le kidnapping d’un cadre de l’opposition et un rapport de l’ONU qui parle d’exécutions extrajudiciaires, de disparitions forcées, etc.

Les plus cyniques vont même expliquer que des crimes de droit commun sont commis tous les jours dans les capitales occidentales.

Que ce sont peut-être des éléments de l’opposition qui l’ont enlevé – ce n’est pas invraisemblable – pour faire porter le chapeau au gouvernement et ainsi enfoncer le clou.

Mais le kidnapping en plein jour d’un opposant politique, qui plus est proche d’Hussein Radjabu, ancien homme fort du parti présidentiel tombé en disgrâce, interroge et donne raison à ceux qui en appellent à la CPI, n’en déplaisent à ceux qui brandissent l’amélioration de la situation sécuritaire, chaque fois qu’on évoque les disparitions forcées et autres crimes contre l’humanité commis au Burundi.

Parce que tout simplement la sécurité des burundais est un devoir qui incombe en premier lieu à l’Etat.

La semaine prochaine, le Conseil des droits de l’Homme va scruter à la loupe le rapport Ouguergouz, l’enlèvement de Léopold Habarugira ne vient pas arranger les choses…

Forum des lecteurs d'Iwacu

21 réactions
  1. NDENDE!

    Même s’il y aurait un peu d’exagération dans les rapports UN, la vérité est là: pas de paix au Burundi, les disparitions continuent, les morts sont enregistrées chaque mois, voire chaque jour, les tortures continuent… Que les commanditaires se ressaisissent; sinon tôt ou tard ils devront répondre de leurs actes

  2. Provoc

    A qui profite le crime?
    A ceux qui veulent démontrer que rien ne va en termes de sécurité, à première vue.

    • Karabona

      A vous suivre, ce serait donc encore un coup de ces fameuses puissances occidentales, mais qui va vous suivre, sérieusement?

      • Provoc

        @Karabona
        Dommage que vous ne m’expliquez toujours pas à qui profite ce crime.
        Je ne vois que de la diversion dans ce que vous écrivez.

    • Miburo

      Les raisons de cet enlèvement sont claires, n’oubliez pas que cet homme était un homme d’affaire qui collaborait avec la haute sphère, il était la source des devises pour l’état, c’est lui qui a donné la parcelle où se situe la permanence du partiDD, tout moyen d’étouffer ce gouvernement en particulier et les burundais en général, est bienvenu pour ces gens sans compassion, qui ne pense qu’à eux-même: ils veulent tout et rien pour les autres, ils l’ont dans leur sang, ils se considèrent supérieurs à la grande majorité, on ne peut rien pour eux, ils ont choisi leur camp et leur retour aux commandes de la chose publique reste leur RÊVE. Attendons… De l’autre côté, il faudra une grande vigilance pour ne pas laisser filer entre les doigts ce qu’ils ont acquis dans la douleur, ce duel durera quelque temps sans doute !

  3. Fofo

    On appelle ça spéculation

    • Karabona

      Conclure à la spéculation, de votre part, cela confine à la poésie – vous qui spéculez partout et toujours sur des puissances occidentales qui agissent dans l’ombre pour le plus grand malheur des Barundi. Dans ce cas, vraiment, très cher Fofo, vous n’apercevez pas trace de l’ombre d’un doute qui vous amènerait à vous poser quelque question, peut-être que pour une fois ce sont les Coréens qui sont dans le coup, ou encore l’équipe du hockey sur glace de Montréal, il ne faut négliger aucune piste et surtout n’émettre aucune spéculation avant que l’ensemble de ces joueurs de Hockey n’ait répondu de leurs emploi du temps au moment de l’enlèvement, on finira par tirer tout ça au clair.

      • Yves

        @Karabona : certains membres du parti de l’aigle ont récemment évoqué une responsabilité de l’équipe de curling de la province du Katanga. Allez savoir… 😉

      • Gacece

        @Karabona
        On appelle ça « dixversions »!…
        Et il y a plusieurs équipes de hockey à Montréal… Fallait aussi préciser la ligue!

        Bon on va interroger les Coréens se trouvant au Burundi! Un coup que c’est vrai!… Vous nous donnez peut-être un indice… sinon, vous spéculez vous aussi!

        • Karabona

          Un indice… réfléchissons… partons de ce que l’on peut supposer comme évident vu la nature de l’acte: ceux qui ont fait le coup n’ont peur de rien, ni des sanctions internationales, ni de mettre le peuple en danger, ils sont certains de leur pouvoir qui réside dans la force et ils procèdent par intimidations – ben voilà, c’est comme ça que j’ai pensé une seconde aux Nord Coréens, mais c’est juste une idée, parce que sinon, je vois pas, vraiment! Quoique, l’idée de Yves n’est pas mauvaise non plus, les gens qui font du curling, c’est pas des gens comme nous, à l’évidence ils ont de drôles d’idées et de drôles de pratiques, à tel point que personnellement je n’y comprends rien – ajoutez ça au caractère irascible des Katangais et nous avons là un cocktail fumant – méfiance donc, particulièrement à l’encontre des Katangais qui se promènent avec un balai en permanence et qui frottent énergiquement la route devant eux.

          • Gacece

            @Karabona & @Yves
            Tout ce que vous venez d’écrire n’est que spéculation sur spéculation. On va s’en tenir à ce qui est écrit dans l’article :

            « Que ce sont peut-être des éléments de l’opposition qui l’ont enlevé – ce n’est pas invraisemblable – pour faire porter le chapeau au gouvernement et ainsi enfoncer le clou. »

            Ou que c’est peut-etre ceux que vous accusez de l’avoir kidnappé. 50%-50%, ça vous va? Parce que c’est de cela qu’il s’agit, quand on ne peut démontrer avec certitude ce qu’on avance.

          • Karabona

            Personnellement, ça ne me va pas du tout, non, si je retiens une phrase de cet article, ce sera celle-ci: « le kidnapping en plein jour d’un opposant politique, qui plus est proche d’Hussein Radjabu, ancien homme fort du parti présidentiel tombé en disgrâce, interroge et donne raison à ceux qui en appellent à la CPI, n’en déplaisent à ceux qui brandissent l’amélioration de la situation sécuritaire, chaque fois qu’on évoque les disparitions forcées et autres crimes contre l’humanité commis au Burundi. »

          • Yves

            @Gacece : ils sont forts ces gens de l’opposition tout de même. Capables de circuler en pleine journée dans Bujumbura dans une voiture non immatriculée, capables d’enlever au su et au vu de tous quelqu’un en pleine rue, mais surtout, le plus exceptionnel, capables de passer incognito les nombreux barrages routiers établis un peu partout dans la ville. Jouons dès lors dans le registre dans lequel vous excellez – avec celui de la mauvaise foi et des caractères gras – et spéculons en posant l’hypothèse suivante : ces agents inflitrés de l’opposition ne seraient-il pas plus forts que les X-Men, King Kong et Superman réunis ? ^_^

          • Gacece

            @Yves
            Vous jouez avec la fiction! C’est votre ligue et votre domaine de jeu, pas le mien! On est dans la réalité là! Et à moins de vouloir dire que même l’auteur de cet édito a menti, « ce n’est pas invraissemblable » que ce soit le camp de l’oppsition qui a simulé cet enlèvement. Quant aux moyens qu’ils ont utilisés et leur niveau de compétences, allez leur demander… si vous pouvez les trouver…

            Mais la moindre des choses, c’est d’éviter de présumer connaître celui ou ceux qui ont commis un crime, même quand toutes les indices pointent vers quelqu’un! C’est là toute la base du principe de présomption d’innocence.

            Parce que justement, les apparences sont parfois trompeuses.

          • Fofo

            @Gacece & Karabona & Yves,
            Bonjour,
            Si nous ne voulons pas spéculer, attendons la vérité finira par se faire savoir!
            Au Burundi nous avons quatre modèles d’enlèvement ou disparition:
            – Enlèvement pour mobile politique
            – Enlèvement pour rançonner la famille de la victime
            – Disparition pour l’immigration clandestine
            – Enrôlement dans des groupes armés qui sont plus nombreux dans la région

  4. Jambo

    Tous les crimes laissent toujours des traces. Quoi de plus normal que l’arrivée probable des enquêteurs scientifiques en criminologie fait peur dans le camp des commanditaires.

  5. pablo

    Yayayaya !!!None dukore iki atari kwidoga gusa ko mbona inguvu zaduheranye ????

  6. Jereve

    Contrecarrer un enlèvement est une affaire qui se joue dans les toutes premières minutes qui suivent. Toutes les polices du monde le savent. Mais la police burundaise a préféré ne pas s’en mêler pour la simple raison, dit-elle, qu’elle n’a pas été sollicitée par la famille de la victime. Les ravisseurs ont eu tout leur temps de s’échapper avec leur victime. Ceux qui écrivent des rapports négatifs sur le Burundi ne manqueront pas de se poser des questions sur le peu d’enthousiasme de la police dans cette affaire, alors qu’on sait pertinemment qu’elle est hyper-rapide quand il s’agit d’arrêter un opposant.

  7. NDABAZA

    Le gouvernement est garant de la sécurité des nationaux, des étrangers vivant sur son territoire. Dès qu’il y a perturbations, les enquêtes ne commencent pas uniquement lorsqu’il y a plaintes. La justice doit se saisir immédiatement des cas anormaux et le gouvernement doit se lancer avec tous ses moyens à la recherche d’un(e) disparu(e) et son porte-parole fait le bilan régulièrement. C’est ce qui est fait au Burundi ?

  8. Mafero

    A cet enlèvement de ce membre de l’UPD, vous oubliez de mentioner la Députée d’Amizero tabassée à Kirundo, les exactions de Gérard Ndayisenga du SNR dans SHATANYA III à Gitega ainsi que les cadavres de la semaine dans ce royaume où « Certains animaux sont plus égaux que les autres. » Ici ce ne sont pas mes paroles mais celles de Geoges Orwell dans « ANIMAL FARM »

    • Meurlsaut

      @dd
      Bravo de prêcher par l’exemple!

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