Appelé à s’exprimer, Dismas Ndayikengurukiye, consultant-chercheur en prévention des conflits et consolidation de la paix estime qu’un langage permet de consolider la paix et la cohésion sociale. Un tremplin pour rompre les cycles de violence.
«Un discours humanisant reconnaît la dignité humaine chez les membres d’un autre groupe. Il prône la tolérance et la compassion envers des personnes de convictions, croyances et opinions différentes des leurs », indique ce chercheur. Selon lui, ceux qui utilisent ce langage sont des gens qui ont compris que toute personne a été créée par Dieu et appartient à la famille humaine.
Pour ce chercheur, c’est l’opposé d’un langage déshumanisant. D’après lui, celui-ci consiste à ne pas considérer quelqu’un comme une personne à part entière du fait qu’il n’appartient pas au même groupe politique ou social.
La face la plus répandue de déshumanisation consiste à coller des qualificatifs d’animaux, d’objets aux personnes. « Le fait de la chosifier ou le considérer comme animal, de l’exclure de la famille humaine. De ce fait, il devient plus facile de lui faire du mal ou ne pas sentir de la compassion pour eux».
Dismas Ndayikengurukiye précise que l’histoire a déjà montré que les discours déshumanisant sont des signes précurseurs de tous les génocides que le monde a connus.
Il part d’exemple du gouvernement nazi d’Adolf Hitler qui, pour exterminer les Juifs, les a comparés aux rats. « Un rat est un animal qui n’est pas aimé par les humains. S’il faut l’écraser, pas de soucis ! Et c’est donc la cause de tous les maux ».
En revanche, explique-t-il, un langage humanisant joue plutôt un rôle prépondérant dans la prévention des violences de masse. « Il est constructeur du lien social et permet la consolidation de la paix dans la communauté. Même les adversaires se considèrent comme semblables, se souhaitent du bien. Ils éprouvent de la compassion et l’amour, c’est le respect de la dignité de l’autre ».
Ce consultant tient à signaler que ce soit un langage humanisant ou déshumanisant, l’impact dépend du statut de l’auteur. « Surtout dans les compétitions politiques, un leader qui tient un langage humanisant devient un modèle pour ses partisans. Ils comprennent cet appel et s’efforcent d’adopter la même attitude ». Il appelle tout un chacun à la responsabilité pour bâtir une société juste.