Suite à la hausse soudaine des prix de tous les produits, rencontre avec les vendeurs et les consommateurs, vendredi 22 novembre, à Bujumbura.
11h30 au marché dit «Chez Sion» en commune Buyenzi. A première vue, une journée normale dans ce marché ultra-fréquenté. N.M. est vendeur de denrées variées. La quarantaine entamée, c’est un homme qui cache mal son exaspération: «Le bidon d’huile de coton de 25 litres est passé de 58 mille à 64 mille BIF en l’espace de quelques jours!». Il dit ensuite ne pas connaître l’origine de cette explosion des prix observée ces derniers temps, avant de concéder à propos des clients: «Ils se plaignent, mais nous n’y pouvons rien!»
Sur la même allée, J.K. tient aussi une échoppe alimentaire. Assis sur sa chaise devant son commerce, c’est un monsieur au physique rondelet qui interpelle tous les clients qui déambulent dans l’allée. «C’est terrible parce que cette montée des prix se fait à une vitesse effrayante. On s’adapterait mieux si cette flambée des prix survenait progressivement».
U.L. et O.P. sont mère et fille. Elles viennent de faire leurs emplettes dans les rayons légumes du marché. O.P, la fille, plutôt avenante, raconte le désarroi des consommateurs: «Quand nous commençons à discuter prix avec les commerçants, cela vire vite au dialogue de sourds. Certains nous disent même de nous attendre à une autre hausse des prix dans les prochains jours.» Lunettée et en longue robe de lin noire, la maman, une femme d’âge mur, ajoute que pour faire face à cette situation, elle s’est mise au stockage de la nourriture : «Notre pouvoir d’achat ne nous permettant pas de nous procurer des produits alimentaires au quotidien, le stockage s’est révélé la meilleure option.»
Une odeur agréable flotte dans l’air. C’est l’espace réservé aux fruits. Des étals de mangues, bananes, oranges… s’étendent à perte de vue. R.T. est mère de six enfants. Elle vient souvent ici pour s’approvisionner en fruits. En chemise blanche et jean pantalon moulant noir, elle témoigne:«J’ai dû renoncer à acheter des bananes mûres à mes enfants car leur prix a doublé. Une tranche que j’achetais habituellement à 1200 BIF se vend maintenant à 2500BIF!». Et d’ajouter, résignée: «Manger trois fois par jour devient une gageure pour la grande majorité d’entre nous!»