La décision du Conseil Paix et Sécurité de l’Union africaine (UA) de réduire de 1000 les soldats burundais de l’Amisom a fait couler beaucoup d’encre. On a observé au niveau de l’opinion une sorte de spéculation, de récupération politique, voire de chantage.
Pour Bujumbura et ses alliés, c’est une injustice, un affront, un traitement discriminatoire car «les mille militaires allaient provenir de tous les contingents contributeurs des troupes».
Par ailleurs, les autorités burundaises ont demandé la tenue d’un Sommet urgent des pays contributeurs de troupes dans la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), «afin de parvenir à une situation consensuelle et juste».
Pour les détracteurs du pouvoir de Bujumbura, c’est un ballon d’essai car «une fois l’opération réussie, d’autres vont être retirés».
L’AMISOM est une mission régionale de maintien de la paix en Somalie menée par l’Union africaine avec l’aval des Nations unies. A sa création, seuls le Burundi et l’Ouganda ont accepté de fournir des troupes au moment. Le terrain était très dangereux.
Ils ont soutenu, à leurs risques et périls, le gouvernement fédéral de transition, formé les forces de sécurité somaliennes, contribué à créer un environnement plus ou moins sûr pour la distribution de l’aide humanitaire. Ils se sont sacrifiés, ont payé un lourd tribut.
Il faut aussi souligner que les forces burundaises n’ont pas démérité. C’est reconnu par tous. Ils ont promu l’appropriation nationale du processus de paix dans le pays hôte, ont évité de devenir un élément du problème.
Officiellement, il s’agit bien d’un programme convenu de désengagement progressif de l’Amisom. Toutefois, ce plan doit se faire avec le consentement des pays contributeurs et du pays hôte, la Somalie. Ce qui, apparemment, n’a pas été le cas. Sinon Bujumbura n’aurait pas menacé de retirer la totalité de ses troupes de Somalie si la décision « injuste » de l’UA n’était pas revue. Un désengagement mal parti ?
Dans tous les cas, c’est une décision qui ne plaît ni au gouvernement, ni aux militaires. Un sérieux revers aussi pour la diplomatie burundaise qui n’est pas arrivée à faire plier l’UA. Ni à susciter la solidarité des « amis » du Burundi dans ce bras de fer. Une situation qui devrait susciter une plus profonde réflexion politique…