En onze d’existence, le CNJB n’a presque pas d’activités à son actif. Entre autres causes, l’absence d’une loi l’instituant comme organe représentatif de la jeunesse burundaise et l’ignorance de certains jeunes quant à son existence.
« J’ignorais l’existence du CNJB, c’est vous qui venez de me l’apprendre », s’étonne Landry Kadigiri, vice-président de l‘association Isanamuyouth for developpement. Pour Innocent Mpawenimana, un jeune du quartier INSS, il en a déjà entendu parler à la télévision nationale. « J’ai entendu dire qu’il est très politisé, alors que je croyais que c’était par et pour les jeunes. » Et d’ajouter qu’il évite de faire de la politique. La plupart des jeunes qu’Iwacu a approchés donnent les mêmes réponses.
« A part le renforcement de capacités, l’adhésion comme membre de l’assemblée générale de la jeunesse, de l’Union panafricaine de la jeunesse et l’octroi d’un kit de démarrage à 130 jeunes entrepreneurs (pâtisserie, menuiserie, art, maçonnerie…), nous n’avons pas grand-chose à notre actif », reconnaît Jean Petit Ndikumasabo, président a.i du CNJB. « Il n’y a pas de motivation de quelque nature que ce soit », déplore-t-il.
Mise en place sous ordonnance ministérielle, le CNJB n’a pas de personnel permanent : les membres du bureau dirigeant (président, vice-président et secrétaire général) et les bénévoles sont des fonctionnaires à temps plein. M. Ndikumasabo indique que le conseil continu à faire le plaidoyer à l’endroit du gouvernement afin que le CNJB ait un fondement juridique. « Depuis juin 2014, nous avons transmis au ministère de la Jeunesse une proposition de projet de loi, mais nous n’avons pas encore eu de feedback. »
Les dernières élections, pour élire l’organe dirigeant et les représentants des jeunes à tous les niveaux, datent de 2008 pour un mandat de 4 ans. « Il y a déjà trois ans de retard pour de nouvelles élections », déplore-t-il.
Le directeur de la Jeunesse et des Sports, Isaac Ndayisenga, abonde dans le même sens que le président du CNJB : « Un référendum sur la Constitution est indispensable pour prendre en compte les préoccupations des jeunes et avoir un fondement juridique. Sinon, c’est difficile. Même les 18 millions que reçoit le conseil chaque année ne sont pas suffisants. » Il conseille à tous les jeunes de s’approprier le CNJB. « C’est une chance qui leur a été donnée. » Il rappelle les missions du CNJB : être un interlocuteur des jeunes, coordonner les activités des jeunes, exercer un plaidoyer à l’endroit des différents intervenants.
_____________
Le président du CNJB a profité de la journée internationale de la jeunesse, célébrée le 12 août, pour lancer un message au gouvernement.
– Adopter la politique nationale de la jeunesse, validée en décembre 2013 par les différents intervenants
– Faire voter une loi instituant le conseil national de la jeunesse comme organe représentatif de toute la jeunesse du Burundi, comme tel est le cas pour les femmes et les enfants qui ont des fora régis par décret présidentiel
– Mettre en place un fonds de garantie de la jeunesse pour appuyer les jeunes entrepreneurs tel que promis par le président de la République, lors de son discours à la nation le 1 mai 2013
– Associer les jeunes dans tous les programmes et projets initiés en leur faveur
– Considérer les volets « jeunesse » et « handicapés » lors de l’élection des représentants du pays dans l’Assemblée legislative de la CEA comme dans les autres pays membres.
« L’engagement civique de la jeunesse » est le thème retenu, cette année, par les Nations-Unies.