Dans la soirée du 21 mars, le centre culturel de Gitega a accueilli huit groupes de rastas, réunis autour d’un thème rassembleur, « Tous ensemble, cultivons l’unité, la paix et l’amour ».
« Burundi Rasta Revelation », la révélation des rastas burundais, tel est le nom donné au concert. Et pour faire passer leur message, le reggae est le canal le plus prisé. Mais aussi la musique traditionnelle n’est pas en reste. Des groupes de cithare, « ikembe » et « umuduri », se relaient sur scène. Parfois c’est un mélange d’instruments traditionnels et modernes. Le résultat obtenu est un cocktail détonant.
« Restalez », dans des uniformes chatoyants, nous importe un reggae dansant de la capitale. Sa musique rivalise avec celle de « Inkebuzo », typiquement de Gitega, mais qui ne s’en éloigne pas dans le message. « Rockers », sur scène, balance entre le rock et le reggae. «Normal. Le rock, comme le reggae, provient de la même souche : roots rock reggae », avance un des membres du groupe.
Le message n’est pas que sonore, il est aussi visuel
Au milieu du concert, deux rastas vont se succéder sur scène. Leurs instruments sont une toile et des pinceaux. Ils appellent cela de la peinture live. Dans moins de temps qu’il ne faut pour s’en rendre compte, le premier nous peint un tableau époustouflant aux couleurs rasta.
Le deuxième opte pour un dessin : la carte du Burundi dans un symbole représentatif de notre culture, le tambour. Floriane, amoureuse de peinture, en perd tous ses moyens. « Je ne pourrais jamais résister à un gars qui arrive faire cela.» Question promouvoir l’amour, faut dire que les rastas s’y connaissent.
Un concert engagé
L’idée de faire un concert provient du groupe « Abaragwakaranga », un duo de deux frères joueurs de cithare. « On est d’une même génération de rastas, nous avons des talents divers, mais nous sommes éparpillés. On a pensé à nous regrouper et produire quelque chose d’utile à notre pays », révèle Fabrice, un des frères.
Yves, le leader de « Shigayoni », explique la philosophie du concert : « Dans cette période à risque, on avait besoin d’exprimer nos craintes, mais de donner aussi un remède au mal. Il est temps que le rasta se lève et promeuve les valeurs d’antan, sinon, on risque de replonger dans la violence comme par le passé. »
Pendant ce temps, Alimasi, un ancien du groupe BBR, venu épauler les jeunes groupes de Gitega, se félicite du public venu assister au concert : « Voir cette centaine de personnes, avides du message que nous leur délivrons, nous motive et nous pousse à donner leur meilleur de nous même. » Ce qui explique que Rose, une bujumburienne à la cinquantaine révolue, restera jusqu’à la fin du concert et en sortira émue.
« Notre objectif est de pouvoir à terme organiser un festival récurrent, où nous pourrions exposer nos réalisations, mais toujours en véhiculant un message rasta « , précise Fabrice, de Abaragwakaranga.