L’affaire des tambourinaires burundais qui se sont « volatilisés » en Suisse est en train de devenir un incident diplomatico-politique. Dans un communiqué, l’ambassade de Belgique est ouvertement accusée de complicité dans l’octroi des visas, voire de « trafic d’êtres humains ». Des mots issus du grand banditisme sont utilisés : « manipulation », « combines », « réseaux de passeurs » « trafic » etc., le communiqué ne fait pas dans la dentelle et soutient que même « les Services de l’Aéroport international de Bujumbura n’ont pas enregistré de sortie d’un groupe de tambourinaires, encore moins de tambours burundais embarqués à destination de la Suisse. » Pire, il y aurait un « complot » international pour « ternir l’image » du Burundi, car tout ceci est « organisé à la veille d’une réunion importante du Conseil des Droits de l’homme à Genève ce mois de septembre…»
Dans une déclaration très forte, les ambassades de Belgique, de France, des Pays-Bas, de la Délégation de l’UE et du Bureau de Coopération Suisse au Burundi , s’insurgent contre le communiqué. Ils rappellent les principes qui régissent l’octroi de visas pour ce qui concerne la zone Schengen. Ils sont solidaires de la Belgique dans le collimateur du communiqué gouvernemental : « C’est en effet au nom et en délégation des membres de la zone Schengen que la Belgique délivre des visas pour les courts séjours. »
Le communiqué précise que « dans le cas présent, tous les documents jugés nécessaires pour délivrer les visas dans les règles strictes déjà évoquées étaient réunis, et ce compris la prise en charge du groupe par de hautes autorités burundaises. »
Je crois qu’au lieu d’imaginer des « complots » improbables des ambassades occidentales au Burundi, il faudrait prendre ce fait pour ce qu’il est. Presque tous les jours des jeunes africains à la recherche d’une vie qu’ils espèrent meilleure, de la sécurité, tentent de traverser des mers démontées sur des rafiots de fortune, se noient, se déchirent sur des barbelés aux frontières de l’Europe. Le Burundi est un pays enclavé. Il reste la voie aérienne. Alors, quand l’opportunité se présente…
Loin de moi l’idée de banaliser ce qui est arrivé. C’est triste que des jeunes en Afrique (pas seulement au Burundi !) ne voient l’avenir que hors de leur continent. Ceci devrait interpeller nos dirigeants.
Créez l’espoir, la sécurité, offrez aux jeunes des perspectives d’avenir. Autrement , à la première opportunité, ils continueront à se « volatiliser » dans cette Europe …