Plus de 200 travailleurs de la Brarudi viennent d’adresser une correspondance au Conseil d’administration de cette entreprise. Ils dénoncent des licenciements abusifs, surtout celui du président du Syndicat libre des travailleurs de la Brarudi (SYLITRAB).
«Dénonciation et recours contre le licenciement illégal du président de notre syndicat». C’est l’objet de la lettre des syndicalistes de la Brarudi adressée, jeudi 9 avril dernier, au président du Conseil d’administration. Cette correspondance comporte 204 signatures des travailleurs de cette société du groupe Heineken. Pour ces travailleurs, le licenciement de Dieudonné Nizigiyimana, président du SYLITRAB, est injuste, arbitraire et viole les dispositions légales et conventionnelles, nationales et internationales garantissant la liberté syndicale et «vise principalement la suppression du syndicat des travailleurs au sein de la Brarudi».
Le 27 mars dernier, une lettre signée par l’ex-Administrateur directeur général (ADG) annonce le licenciement sans préavis et sans indemnités de Dieudonné Nizigiyimana pour faute lourde. Selon lui, ce dernier a fait un usage abusif de l’exercice du droit syndical. Cette entreprise accuse ce syndicaliste d’avoir, dans les différentes lettres adressées à l’Inspecteur général du Travail notifiant un préavis de grève et aux différentes interviews accordées au Groupe de presse Iwacu et à la Radio Isanganiro, fait état d’accusations, dénonciations calomnieuses et imputations dommageables à l’endroit de son employeur. Pour la Brarudi, le président du SYLITRAB est personnellement responsable des lettres du syndicat.
Depuis son licenciement, Dieudonné Nizigiyimana a toujours clamé qu’il avait le mandat de l’Assemblée générale du SYLITRAB. «Comme les références de ces 2 lettres l’indiquent clairement, elles ont pour auteur notre syndicat. C’est celui-ci qui en assume la paternité et qui en est donc redevable. Nous confirmons que c’est nous, syndicalistes de la Brarudi, qui en sommes l’auteur et nous en assumons la responsabilité».
Violation de la loi ?
Dans sa lettre de licenciement, poursuivent les travailleurs, l’ex-ADG évoque l’article 283 alinéa 2 du Code du Travail en disant que «les syndicats ont l’obligation de respecter les lois et les règlements en vigueur, notamment dans le domaine des relations professionnelles». Les syndicalistes se réjouissent que l’ex-ADG reconnaisse le contenu de cet article. Toutefois, ils s’étonnent qu’il l’interprète en mettant en avant ce qui le favorise tout en omettant ce qui n’est pas en sa faveur. «Cet article dispose aussi que les représentants des syndicats, à tous les niveaux, ne peuvent pas faire l’objet de poursuites judiciaires, administratives ou autres, suite à l’exercice correct des droits syndicaux leur reconnus par la loi».
Selon eux, cet article est complété par l’article 268, point 2 qui stipule : «Il est interdit à tout employeur de congédier un travailleur ou de lui porter préjudice par tous les autres moyens, en raison de son affiliation syndicale ou de sa participation à des activités syndicales.»
Sur ce, les syndicalistes demandent au conseil d’administration d’annuler ce licenciement abusif. «Si la Brarudi veut avoir des explications ou des éclaircissements détaillés sur les différentes revendications exprimées à travers les deux lettres, elle devrait, soit suivre la procédure de conciliation ouverte déjà devant l’Inspection générale du Travail, soit accepter de négocier directement avec le syndicat». Interrogé, Rémy Ndayishimiye, porte-parole de la Brarudi, n’y va pas par quatre chemins : «Pas de commentaire sur ce dossier.»