« Nous avons, au sein du Cndd-Fdd, arrêté définitivement la guerre, mais celui qui nous provoquera le paiera cher », dixit le primus inter pares, profitant du momentum de la clôture de la semaine dédiée aux « héros de la lutte pour la défense de la démocratie », samedi 16 novembre, dans la commune Mubimbi en province Bujumbura. Dans la bouche du président du conseil des sages, cette rhétorique martiale, 14 ans après l’agrément de son ancien mouvement politique armé, interroge.
Après 6 ans de commémoration de la semaine dédiée au combattant du Cndd-Fdd, place à la semaine dédiée aux « héros de la lutte pour la défense de la démocratie ». Le Cndd-Fdd a créé, ce faisant, un continuum idéologique. Le Frodebu de 1993 a son héros de la démocratie tandis que le parti au pouvoir a dorénavant ses héros tombés sur le champ de bataille pour préserver ce que Winston Churchill considérait comme « le pire des systèmes de gouvernement, à l’exception de tous les autres. » Un story telling politique, s’il en est.
Une volonté manifeste de magnifier la cause des combattants du Cndd-Fdd tout en reconnaissant que «des divisions ont éclaté parmi les combattants créant ainsi des factions opposées ». Et ce d’autant plus que la démocratie naissante sera décapitée avant même d’entamer son processus de maturation. Ainsi le curseur se déplace sur la ligne du temps. « La défense de la démocratie » devient une séquence fondatrice dans le roman national.
« A luta continua ». C’est le cri de ralliement du conseiller principal à la présidence de la République, chargé de l’Information, de la Communication et des Relations avec les médias, sur Twitter, jeudi 14 novembre : « Devoir de mémoire, penser à ces moments de dures épreuves pour libérer un Peuple sous le joug de la dictature, même si la lutte se poursuit, contre l’impérialisme et les anti-démocraties. […].»
Dans le discours de circonstance du secrétaire général du parti de l’Aigle, la conscience de l’essentiel affleure : « Cette journée arrive à la veille des élections de 2020. Retenons qu’un bon régime est pour tous les Burundais. C’est pourquoi tous les Burundais ont une grande tâche, un devoir d’élire de bons leaders afin d’éviter des leaders qui sèment de la haine dans le pays.» Et cet appel à exercer leur devoir civique vire au clin d’œil politique lorsqu’il invite « les électeurs à opérer un bon choix en élisant des dirigeants visionnaires ».
« On cite parfois les choses pour mieux les tenir à distance », dixit Damien Glez, dessinateur-éditorialiste franco-burkinabè.