Il fait le buzz, prend toute l’attention, occupe tout l’espace médiatique… Il s’agit, vous l’avez compris, de ce « corona » qui hante la planète entière.
Au Burundi, trois personnes ont officiellement été testées positives. La maladie est depuis lors dans toutes les conversations, une obsession pour tout le monde, du citoyen lambda aux autorités politiques, sanitaires, religieuses… Saluons les mesures déjà prises pour sa prévention, son traitement, son éradication. Peu à peu, même si des efforts sont toujours nécessaires, dans les faits et gestes quotidiens des Burundais, nous remarquons une prise de conscience de plus en plus grandissante.
Ce civisme collectif, louable, ne devrait pas se limiter dans ce seul secteur de santé. En moins de deux mois, les élections générales vont avoir lieu. Le 27 de ce mois, la Commission électorale nationale indépendante va déclarer le début de la campagne électorale. On sait qu’il n’est pas question de reporter les élections. La mise en garde est sans équivoque : «Ceux qui veulent que les élections soient ajournées suite au coronavirus sont des ennemis de la démocratie », a déclaré dans les colonnes d’Iwacu le Premier vice-président de la République. Le Burundi va donc vers les élections. Soit.
Mais entre-temps, on observe une recrudescence des violences politiques dans plusieurs parties du pays. Les journalistes d’investigation et les correspondants d’Iwacu rapportent une intolérance grandissante surtout entre les jeunes du parti au pouvoir, Imbonerakure, et ceux de la principale formation de l’opposition, Inyankamugayo.
Ainsi, sur la colline Cunyu, commune Buganda en province Cibitoke, des affrontements ont opposé les jeunes des deux camps. Lors des échauffourées dans la nuit du 6 au 7 avril, il y a eu des blessés graves. Un député dénonce des disparitions et des assassinats de 21 personnes pour des mobiles politiques dans les communes Mpanda et Gihanga de la province Bubanza. Les jeunes des deux partis se regardent en chiens de faïence dans la zone Maramvya, commune Mutimbuzi , province Bujumbura où des affrontements ont occasionné aussi des blessés. Des actes de destruction des permanences et des monuments, des menaces et des intimidations sont signalés sur la colline Gatete, zone et commune Rumonge. Sur la colline Mufunya, commune Butangazwa de la province Kayanza, une permanence du parti CNL vient d’être détruite et les jeunes de ces deux partis sont à couteaux tirés. La liste n’est pas exhaustive.
Pourtant des discours de cohabitation pacifique, de tolérance politique, des messages de paix sont scandés à longueur de journée par les maîtres à penser de ces jeunes. Il y a lieu de s’interroger sur la persistance de ce climat: double-discours ? Insubordination des militants ? La situation est inquiétante dans certains coins du pays et risque de dégénérer, si on n’y prend pas garde. La vigilance doit être de mise donc. Pour parer contre la propagation du covid-19 bien sûr, mais aussi pour lutter contre un autre virus, tout aussi terrible : l’intolérance politique. Elle tue aussi.