Lors de la commémoration du troisième anniversaire de la disparition de notre collègue, Jean Bigirimana, un tweet a fait le tour des réseaux sociaux. « Iwacu ne doit pas manipuler une disparition. Et si Jean Bigirimana avait rejoint son oncle ‘Tout Autre’ président du PPD Girijambo ? » Ce tweet m’a choqué. Surtout que l’auteur est une autorité à la tête d’une commission nationale…
Je me suis révolté, déchaîné. Tellement, je ne comprenais pas comment une telle autorité peut écrire des mots pareils sur un disparu. Une collègue m’a interpellé en me rappelant que le tweet a été écrit, il y a exactement trois ans. Avant les nouvelles fonctions de ce dignitaire. Peut-il écrire la même chose aujourd’hui ?
Le fondateur d’Iwacu aime appeler aux journalistes à une plus grande prudence lorsqu’ils rédigent des articles. « Verba volant, scripta manent ». Oui, les paroles s’envolent, les écrits restent. En relisant ce tweet, que des internautes ont exhumé, je me suis mis dans la peau de Godeberthe, l’épouse de Jean. Ce qu’elle vit, ressent, en lisant un tel tweet. Ses sentiments, ses émotions. Cette jeune veuve pense faire le deuil, au moins partiellement, trois ans après. Je me suis mis surtout à la place de Timmy, cinq ans, un jour majeur quand il lira ce message. Est-ce que l’auteur a pensé à cet enfant en écrivant ces mots? Timmy contraint à l’exil à son âge. ..Celui-là qui réclame toujours son père, loin des tantes, des oncles, des cousins qui pouvaient le consoler, lui témoigner de l’affection. Je sais de quoi je parle. J’ai de l’empathie pour Timmy. Moi qui ai grandi sans père, assassiné en 1972. C’est une blessure que l’on traîne à vie. Timmy lira un jour ces mots. Il connaîtra alors une terrible blessure. L’auteur a blessé une famille.
J’ose espérer qu’il écrira un jour un autre tweet pour demander pardon, pour panser un peu leurs blessures. « Celui qui élève un orphelin en est considéré devant Dieu comme le père», dit un proverbe juif. Car Jean Bigirimana n’est pas chez son oncle.